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Source relative à une intervention sur un fil verrouillé (ski de nuit)
"Nos analyses démontrent que les chamois synchronisent leurs mouvements en fonction de la dynamique de fréquentation des randonneurs (figure 3). Ainsi, ils sont présents près des sentiers durant la nuit et en début de journée. À partir de 8 heures du matin, lorsque les premiers randonneurs arrivent sur l'alpage, les chamois s'éloignent des sentiers. Ces mouvements en direction opposée aux sentiers perdurent jusqu'à ce que les animaux soient suffisamment loin.
Tant que les randonneurs sont présents, les chamois restent éloignés ; ce n'est qu'à partir de 17 heures qu'ils se rapprochent à nouveau des sentiers. L'ensemble des mouvements forme ainsi un cycle circadien de l'utilisation de l'espace, qui dépend directement du cycle journalier de fréquentation de l’alpage. La présence des randonneurs a ainsi un effet répulsif sur les animaux, comme on pouvait s'y attendre ; mais il semble surtout que les premiers randonneurs sont les plus dérangeants. Ce résultat corrobore ceux trouvés dans les études d'effarouchement sur le comportement de fuite (Gander & Ingold, 1997). Le rythme circadien des mouvements des chamois s'explique donc plus vraisemblablement par la présence de randonneurs que par leur nombre sur les sentiers.
En période estivale, les sentiers sont fréquentés tous les jours (sauf par mauvais temps), ce qui renforce le caractère prédictif de ce dérangement. Les chamois peuvent ainsi percevoir quand (en général autour de 8 heures) et où (sur le sentier) les randonneurs surviennent dans leur environnement. Le rythme circadien de dérangement serait donc d'autant plus marqué en cette période. Cette prédictibilité pourrait permettre aux chamois de compenser les effets négatifs du dérangement pendant les heures fréquentées par une suractivité d'alimentation pendant les heures calmes (crépuscule et nuit), comme cela a été observé chez le mouflon (Marchand et al. 2014 ; Marchand
et al., 2015).
[...]
La vitesse de déplacement des chamois est elle aussi dépendante du dérangement par les randonneurs. Les animaux se déplacent d’autant moins vite qu'ils se rapprochent d’un sentier (figure 4). Ainsi, la vitesse de déplacement en direction du sentier diminue d'environ 5 % quand un chamois s’en approche de 100 mètres. Ce ralentissement pourrait être interprété comme un comportement plus précautionneux manifesté par des animaux s'approchant d'une zone à risque. Il est important de noter que cette différence de vitesse s’observe quelle que soit la période de la journée, c’est-à-dire même la nuit, et le jour en l’absence de randonneur, sur les zones d’études. A contrario, les mouvements
en sens opposé au sentier se font à la même vitesse quelle que soit la distance à celui-ci. À partir d'une certaine distance (900 mètres environ), l'effet du sentier sur la vitesse de déplacement s'estompe complètement. Ces résultats montrent sans ambiguïté que les chamois ont associé les sentiers au risque de rencontrer un « prédateur » et adoptent donc un comportement en conséquence".
www.oncfs.gouv.fr/IMG/file/publications/revue%20faune%20sauvage/FS-316-DuparcA-DerangementBauges2017.pdf
Etonnantes ces courbes de la Fig4, tant par la linéarité, que les écarts jour nuit.
Le chiffre de 5% est bien moins parlant que la linéarité de la vitesse selon l'éloignement, comme s'ils en étaient peu surs ?
Super Bboy merci pour ce retour c'est top !
Pour la figure 4 j'imagine que l'aspect très linéaire et les tendances fortes par rapport au chiffre annoncé de 5% sont faites pour faciliter la lecture des résultats sachant que ce document a une visée quand même assez tout publique. Pas le genre de figure qui passerait un comité de lecture par exemple. Mais ça à le mérite d'être très parlant.
Pour revenir à ton intervention Bboy, on pourrait effectivement se dire que le "contrat" passé avec la faune c'est de leur laisser certaines périodes du jour et de la nuit (en l’occurrence surtout la nuit) pour être tranquille. Et qu'être présent à 1 ou 50 en plein milieu de la journée ça ne changerait pas grand chose vu que de toute façon ils savent que c'est l'heure où il ne faut pas être là.
Du coup je pense que je te rejoins dans ta remarque, le randonneur nocturne qui veut renouer avec la faune sauvage engendre potentiellement plus de dérangement que le groupe CAF en pleine journée.
très intéressant, merci pour le lien, une belle étude concrète qui fait réfléchir.
ce qui m'interpelle et qui est mentionné dans le document c'est que même dans les zones protégées depuis longtemps le chamois considère encore l'homme comme un prédateur à cause de la chasse qui y est pratiquée. d'ailleurs quand on va dans des coins reculés ou il n'y a pas de chasse, on voit bien que les animaux fuient moins à notre approche.
c'est un raccourci osé, mais:
pas de chasse -> homme considéré non prédateur -> chamois pas dérangé par les randonneurs
la solution semble donc facile 🙂 si on est vraiment soucieux de la prospérité de cette faune, avant de réfléchir à l'impact du pauvre randonneur de nuit, il faudrait commencer par supprimer les menaces humaines mortelles directes et bien connues.
(j'aimerais d'ailleurs bien voir un chiffre comparant l'impact sur la population de chamois entre randonnée et chasse, et même pastoralisme - y'a des réserves traversées par de grandes clotûres électriques par exemple, et c'est rare de voir des chamois à proximité des troupeaux).
après, quand il n'y a pas de prédateur ou assimilé, ça peut poser d'autres problèmes. avant qu'ils ne réintroduisent les loups au Yellowstone, il y avait un impact négatif sur une partie de la végétation, car les ongulés restaient trop longtemps au même endroit pour paître et empêchaient tout un type de végétation de pousser... donc dans cette situation le "dérangement" est plutôt positif pour l'équilibre global (et en mettant des loups les randonneurs n'osent plus randonner la nuit - mais pas sûr que les chamois dorment mieux pour autant!)
Donc les chamois prennent moins les sentiers a l heure de pointe.
Il parait aussi que les hérissons prennent moins l autoroute l été.
🙄 🙄 ..
Un scoop !.. Les animaux ont peur de l'homme, et évitent ou limite la cohabitation...
Quand à ceux qui pensent que l'interdiction de la chasse serait bénéfique sur les population de chamois, et que ces animaux deviendraient serein face à un bipède ( et se laisseraient aussi caresser non ?!)... 🙄 🙄 Quelle méconnaissance du fonctionnement de Dame nature... 🙄
Pourquoi les loups ont été réintroduit à Yellow ??..pour justement mettre un prédateur dans la chaîne et réguler les ongulés!..
Idem pour la chasse..Les différents plans de chasse permettent aujourd hui d'avoir + de gibier..Va comprendre...
La pêche idem.. Les zones no-kil ne contiennent pas + de poissons que sur les zones pêchées, mais présentent en plus des problèmes de tailles d'individus (pas de juvéniles représentés..)...
Une population (poissons, gibier) subissant une prédation présente des animaux qui se reproduisent mieux et plus souvent pour compenser la perte..ce qui, paradoxalement, renforce cette même population en évitant l’abâtardissement et les maladies..
Faite un tour dans une assoc de chasse, pèche , de protection de nature.. 😉
..le dérangement systématique d’animaux , force plus est en hiver, est bien plus pénalisant (pour ne pas dire dangereux!) sur les population q'un acte de prédation régulé et réfléchit !...
Ne nous trompons pas: nos déplacements incessants en hivers, en toutes zones font beaucoup plus de dégâts sur les populations (ongulés, oiseaux..) que les actes raisonnés de chasse!..
Ne pas se voilé la face, notre sport est loin d’être anodin, sur une nature que pourtant nous aimons tous...(sans la respecter, puisque par notre présence incessante,au mieux nous dérangeons, au pire nous affaiblissons et donc détruisons..)
😉
Pour repondre a toto sur l'action regulatrice des loups apres sa reintroduction ,concernant la population des ongules du yellowstone c'est juste.Sauf que depuis quelques annees la population d'ongules s'effondre ,la faute au loup? Non,aux ours,plus precisement a la truite grise introduite dans le lac du yellowstone par l'homme et qui a quasiment fait disparaitre la truite saumonee principale source de proteines de l'ours au moment de la fraye ,
(la truite grise elle fraye au fond du lac )mais aussi au detriment des loutres des balbuzards et des oiseaux migrateurs donc a mediter sur l'action de l'homme sur les equilibres de la nature .Article paru dans science et advance repris par le monde et aussi un remarquable documentaire dont je ne retrouve plus la trace,peu etre ARTE?
une petite recherche et :
h**ps://www.lemonde.fr/sciences/article/2019/04/07/une-seule-truite-vous-manque-et-tout-est-depeuple_5446970_1650684.html
h**ps://www.lemonde.fr/planete/article/2013/05/15/comment-une-truite-entraine-le-declin-des-wapitis-a-yellowstone_3231892_3244.html
h**ps://technologiemedia.net/2019/03/21/yellowstone-une-espece-envahissante-est-catastrophique/
h**ps://www.geo.fr/environnement/comment-une-invasion-de-truites-a-bouleverse-les-ecosystemes-de-yellowstone-195327
salut raph,
Quand à ceux qui pensent que l'interdiction de la chasse (...) que ces animaux deviendraient serein face à un bipède ( et se laisseraient aussi caresser non ?!)... Quelle méconnaissance du fonctionnement de Dame nature...
c'est pourtant bien ce qui est écrit dans le papier:
Cette absence d'habituation pourrait s’expliquer par le fait que la quasi-totalité de la population est chassée durant l'automne.
Des animaux sauvages sereins face à un bipède, je ne pense pas que ce soit une vue de l'esprit (que ce soit souhaitable ou pas reste discutable - mais c'est possible).
Dans des réserves naturelles sans chasse, on peut s'approcher à pied des grands mammifères (vécu au Canada et en Afrique australe). au Japon, je me souviens d'un après midi passé couché dans la forêt au milieu d'un troupeau de daims sauvages (là où ils sont sacrés et laissés en paix) - et plus près de la ville ils se laissent aussi caresser. je pourrais te citer une ile du Pacifique où il faut faire attention à ne pas marcher sur les oiseaux (qui nidifient même sur les chemins), car il n'y a pas de prédateur et ne sont pas chassés. ou alors je dois trop avoir une tête de bisounours pour que ça n'arrive qu'à moi.
j'ai mis de côté plus haut entre parenthèse (...) "interdiction de la chasse serait bénéfique sur les population de chamois": on est bien d'accord qu'il y a des arguments des deux côtés de la balance, je n'ai pas d'avis tranché sur la question. ça me semble juste assez relatif (faute de comparaison chiffrée) de se préoccuper du dérangement des chamois près des sentiers si on peut (ou doit?) chasser 6 mois par an y compris dans les réserves.
et merci francky pour ta remarque, c'est très intéressant cette histoire de truite.
(dans le genre action de l'homme sur la nature, j'aurais d'ailleurs peut être l'occasion un jour de faire quelques remarques pour me mettre à dos, en plus des chasseurs, aussi les "gestionnaires" de certaines de nos forêts de montagne, qui n'ont pas souvent dû voir une forêt primaire jamais entretenue par l'homme)
www.wildlifeandman.be/docs/Mesure-par-telemetrie-de-impact-du-derangement-humain-sur-Cerf.pdf
raph73 a dit :🙄 🙄 ..
Quand à ceux qui pensent que l'interdiction de la chasse serait bénéfique sur les population de chamois, et que ces animaux deviendraient serein face à un bipède ( et se laisseraient aussi caresser non ?!)... 🙄 🙄 Quelle méconnaissance du fonctionnement de Dame nature... 🙄 😉
"une population de cervidés peu ou pas chassée demeure peu sensible aux dérangements humains (Schultz et al. 1978)".
raph73 a dit :Les zones no-kil ne contiennent pas + de poissons que sur les zones pêchées, mais présentent en plus des problèmes de tailles d'individus (pas de juvéniles représentés..)...
"faut le dire vite"
Bboy a dit :raph73 a dit :Les zones no-kil ne contiennent pas + de poissons que sur les zones pêchées, mais présentent en plus des problèmes de tailles d'individus (pas de juvéniles représentés..)...
"faut le dire vite"
NB: une zone no-kill n'est pas à opposer à une zone pêchée.
Une zone no-kill (où l'on pêche, mais en remettant le poisson à l'eau) présente parfois des problèmes lorsqu'on y pratique la même artificialistation piscicole que dans de nombreuses autres zones pêchées, à savoir le rempoissonnement massif de poisson d'élevage proche ou supérieurs à la taille minimale de capture, à des fins "récréatives"/halieutiques (l'équivalent du lâcher de faisans). Là c'est parfois le carnage sur les populations piscicoles de souche, dont les juvéniles (quand ils arrivent à se reproduire) se font manger par les plus gros spécimens.
Si on considère par contre une zone non pêchée (qui est le point à opposer à une zone pêchée), on ne constate pas de déséquilibre résultant de l'absence de pêche. Allez voir des cours d'eau dans les zones arctiques, par exemple (selon les cas pas ou très peu pêchés). La nature s'en sort très bien sans nous (tant qu'on ne dérègle pas un paramètre).