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Accueil > Tous les forums > Divers montagne > Compte-rendu sortie Albaron

Compte-rendu sortie Albaron


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Scorpnix
- Le 17/06/2017 09:24

Bonjour,

J'ai écris un compte-rendu de ma dernière sortie de ski de rando, et j'avais envie de la partager sur un forum de montagne, car je pense que ça peut être intéressant d'en discuter.
C'est un peu long donc désolée si ce n'est pas conventionnel, ou si je devrais poster ce genre de message ailleurs sur le forum...

Le 8 mai 2017, nous décidons de profiter des récentes chutes de neige pour faire une sortie en skis de rando, en Haute-Maurienne : l’Albaron. On nous l’avait conseillé car il n’est pas si difficile, il y a une belle arrête et une vue magnifique au sommet. Avec 3600m d’altitude, j’espère bien qu’il y a de la vue.
La météo, morose depuis plusieurs jours, était censée s’améliorer le lundi, date que nous avions donc choisie.
La veille, nous partons de la route de l’Ecot, à Bonneval-sur-Arc, afin de monter jusqu’au refuge. Il neige un peu, mais plus on monte et plus le ciel s’éclaircit. Il y a beaucoup de traces, nous ne serons pas seuls dans les dortoirs…
Mes nouveaux skis, loués à Grenoble, répondent bien, les chaussures également, très rigides, mais c’est ce que je cherchais.
Je suis rattrapée par une fille typiquement de la région : visage sec, cheveux courts, pile électrique stressée par le risque (non avéré) d’avalanche.
On discute jusqu’à la fin de la montée, qui arrive plus vite que ce que je pensais.
Le refuge, très récent, est vraiment confortable. Tout le monde discute des options pour le lendemain : Albaron ? Pas Albaron ? Le Monsieur fait sa star : plusieurs tentatives et plusieurs échecs pour les cordées autour de nous. Apparemment, il ne se laisse pas amadouer facilement.
On discute avec les gardiens du refuge des conditions. L’ascension est possible, nous disent-ils. Il faudra se lever tôt et vérifier le bulletin météo en fin de journée.
Pendant que je reste au chaud avec mon Kindle, Nils décide de faire un tour pour tester la neige et vérifier les fameux risques d’avalanche. Je le maudis pour m’avoir donné une heure approximative de retour et de voir les minutes passées. Impossible de me détendre en le sachant seul dehors sur le glacier…
Il finit par revenir, et on se met d’accord que des talkiewalkies sont la meilleure solution pour le bien-être de chacun.
Bilan : le manteau neigeux a l’air stable de ce côté-ci de l’Albaron. Il ne reste plus que la météo… Le gardien du refuge nous donne le dernier bulletin : une fenêtre météo parfaite demain matin, et le temps qui se couvre dans l’après-midi. C’est donc décidé : levé à 6h, départ à 7h, et on devrait être en haut à midi.
Après un bon repas et une nuit agréable dans ce refuge tout confort, c’est le départ : l’effervescence dans le refuge, les différents groupes qui se préparent pour leurs expéditions respectives. A priori nous ne sommes que 2 groupes à tenter le sommet aujourd’hui.
On part, et rapidement on voit le deuxième groupe devant nous sur le glacier. Ils s’arrêtent souvent, et sont très éloignés les uns des autres : on ne comprend pas tout. Après la longue traversée du glacier en faux-plat, qui nous donne une bonne mise en jambes, on les rattrape en bas de la première montée raide.
Ils sont quatre, dont une femme, et on les entend parler anglais. L’un d’entre eux a énormément de mal à faire ces conversions, mais personne ne vient l’aider et il reste à l’arrière. Les deux premiers du groupe s’arrêtent régulièrement pour tester la neige, ce qui fait perdre plus de temps qu’autre chose.
Nous devons respecter les distances de sécurité dans cette pente légèrement à risque, et devons donc patienter assez souvent. Arrivés sur le replat, nous les voyons partir complément à gauche afin de longer une crevasse, ce qui semble assez périlleux et peu efficace. Je suis Nils qui fait une nouvelle trace. Nous les retrouvons un peu plus loin sous les séracs. Ils ont le mérite d’avancer vite malgré leurs pauses et leurs problèmes d’itinéraire (si l’on oublie leur dernier larron qui n’est toujours pas sorti du premier raidillon, et qu’ils semblent avoir eux-mêmes oublié).
Puisque nous passons sous les séracs, l’arrêt n’est plus autorisé jusqu’à la sortie de cette zone sensible. Je prends mon rythme et avance régulièrement. Jetant de temps en temps des regards en arrière, je vois le dernier du groupe d’anglais qui est enfin arrivé au replat, et donc sous les séracs. Il avance à un rythme douloureux. Il s’arrête pendant de longues en minutes entre chaque poussée de 50 mètres. En pleine ligne de mire des blocs de glace, c’est l’attitude la plus dangereuse et personne n’est là pour l’encourager. Je me dis que ces amis sont vraiment vaches pour le laisser dans cette situation.
Je me rapproche de la femme du groupe, et finis par la doubler juste avant de retrouver Nils qui prend le soleil en m’attendant. La selle de l’Albaron, point de passage avant de commencer l’arête finale, est visible au-dessus de nous. Les deux hommes du groupe y sont déjà presque arrivés, après être passés devant Nils qui m’attendait en lui lançant un « petit joueur ! » déconcertant.
La femme leur crie alors une phrase incroyable :
- Je ne pense pas que John va y arriver !
Ah ! ils n’ont donc pas oublié leur ami, mais à part se faire la réflexion qu’il est en galère totale, ils n’ont pas plus de réaction.
Après une pause express, c’est parti pour la dernière montée jusqu’à la selle. Les dernières conversions ne sont pas évidentes, mais je trouve mon assurance et finit par atteindre la petite plateforme. Les deux anglais sont là et regardent l’arête avec méfiance. C’est vrai qu’elle n’a pas l’air commode : avec le fort enneigement, des corniches se sont formées au-dessus du vide.
Ils nous annoncent qu’ils vont redescendre par le même chemin. Vu la disparité de leur groupe, c’est sûr que c’est la meilleure solution. Ils nous souhaitent « bonne chance avec les corniches » avant de se lancer dans la pente. Moi, je souhaite que leur ami ait encore la force de faire des virages jusqu’à leur voiture.
Nous nous retrouvons seuls devant l’arête tant attendue. Ces premiers 900m d’ascension m’ont bien entamée, et nous sommes déjà à 3500m d’altitude. Le ciel n’est pas immaculé, mais il n’y a pas de vent et les trouées dans les nuages nous laissent voir les sommets environnants. Je regarde l’arête et ressens un soudain malaise. La quantité de neige est vraiment impressionnante. Rien n’est tracé, et j’ai peur qu’une corniche lâche. Le vide est bien présent de chaque côté, et je me sens gauche avec mes skis et mes grosses chaussures. Nils me rassure : oui il y a un danger, et c’est pour ça que nous avons une corde et que nous serons assurés tout au long de la traversée. Il faut déchausser les skis et mettre les crampons. Je serai déjà plus rassurée avec mes griffes aux pieds. L’envie de rejoindre le groupe qui profite de sa descente est très forte. Mais nous avions décidé de redescendre par l’autre côté, qui offre une descente plus intéressante et permet de ne pas retraverser le faux-plat du glacier.
Décision est prise, et comme dans chacune de ces expéditions, je me soumets à l’expérience de Nils. Il est 11h15, nous avons perdu un peu de temps avec le groupe d’anglais et ces hésitations, mais nous sommes encore dans les temps. Il suffit d’être efficaces.
Nous montons jusqu’à un premier rocher qui offre une zone d’assurage parfaite. Je peux même m’assoir, ce qui me rassure. Je n’ai pourtant pas peur du vide, mais cette situation, nouvelle pour moi, de traversée hivernale engagée me donne des frissons inattendus.
Nils démarre sa première longueur de corde, au bout d’un moment je ne le vois plus et c’est donc par cris que nous communiquons.
- Bout de corde !
- Viens ! Rejoins-moi ! répond-il.
Je n’ai pas le droit d’hésiter. Je ne sais pas où il s’est arrêté. Je ne sais pas s’il a trouvé un bon point d’assurage. Tout ce que je sais, c’est que la corde me rattrapera si je tombe. C’est tout de qui compte, et c’est tout ce à quoi je pense lorsque je m’engage. Il n’y a pas de risque : la corde tendue devant moi est l’assurance de ma sécurité.
Toute peur de chuter s’évade alors. Je ne pense qu’à mon prochain pas, lever le pied, le poser dans la trace que Nils a faite devant moi, pousser, se rétablir avec le prochain pas. Mes bâtons dans une main, je prends appui sur la neige ou le rocher de l’autre pour garder l’équilibre. Je progresse tant bien que mal, et finis par rejoindre Nils qui a trouvé une nouvelle plate-forme de rocher. Il me demande si tout va bien, et on place la corde pour un nouvel assurage. C’est ainsi que les longueurs de cordes s’enchainent. Il n’y a aucun accroc, les corniches de neige tiennent le coup, mais nous perdons énormément de temps. J’ai donné mes skis à Nils qui portent nos deux paires sur son dos, afin de me soulager. Malgré cela, je suis de plus en plus épuisée, progresser dans de la neige profonde à 3500m n’est pas une mince affaire pour mon corps qui ne comprend pas trop ce que je lui fais subir.
Après un premier faux sommet, le sommet final apparait enfin entre deux nuages. Il ne reste que 50 mètres d’ascension, et pourtant il me semble totalement inaccessible. Mais je ne me pose pas de question : il faut avancer, on ne peut pas faire demi-tour maintenant. Nils décide de rechausser les skis pour monter la pente de neige jusqu’à la face de rochers. Il est lui aussi fatigué : faire la trace dans la neige lourde et épaisse, en portant nos deux paires de skis, est un challenge à part entière.
Je dois donc retirer les crampons et rechausser les skis, dans la pente. J’ai peur de perdre du matériel et prends mes précautions. Nous perdons encore du temps. Les deux dernières conversions sont extrêmement engagées et me demande autant de force mentale que physique pour ne rien lâcher et perdre l’équilibre.
Il est temps de rechausser les crampons. Nouvelle manip, nouvelle perte de temps… je profite de chaque pause pour manger un peu et boire, mais l’altitude m’empêche de m’alimenter correctement. La bouche pâteuse, je n’arrive pas à mâcher. La dernière partie de l’ascension commence. Je ne regarde alors que mes pieds, la corde tendue entre Nils et moi dans une main, mes bâtons dans l’autre, je suis les traces de Nils sur les rochers gelés. Je me sens plus à l’aise sur ce terrain que dans la neige qui menace de s’effondrer. Les rochers, eux, sont là pour rester. Il y a même des prises de main qui m’aident à me hisser sur certains pas. Nils m’encourage beaucoup, impressionné (peut-être exagérément) par mon énergie sur ces derniers mètres de dénivelés.
Je me surprends moi-même et entre dans un état second, où la fatigue et la douleur des muscles s’efface. Je ne veux qu’une chose : arriver au sommet et clore ce chapitre.
Enfin, un replat, je lève alors la tête : plus de rocher au-dessus, simplement une large plateforme, de la neige fine balayée par le vent, et une enveloppe de nuages autour de nous. Je dois dire que ce sommet nous accueille assez froidement : la vue n’est que partielle et changeante avec le passage des nuages.
Je peux alors m’assoir et profiter, ou plutôt reprendre mon souffle et essayer de manger. Nils décide de chercher tout de suite le relais afin de descendre le plus rapidement possible. Le temps étant censé se gâter dans l’après-midi, il vaut mieux de pas rester trop longtemps au sommet. Nous pourrons faire une pause plus longue et manger notre pique-nique en bas. Il a raison : il est 13h30, la traversée de l’arête nous a pris beaucoup trop de temps. La neige épaisse, les longueurs de cordes, les rechaussages-déchaussages, nous ont ralenti énormément.
Après quelques recherches il trouve le relais qui était légèrement sous la neige. Tout est en parfait état, ce sommet étant très fréquenté l’été. Il faut donc y aller. Je n’ai pas l’impression d’avoir pris une seule seconde de repos. Mon premier rappel avec skis et crampons, j’ai donc un peu d’appréhension mais je me souviens des manips sans problème. Nils m’aide à descendre sur les premiers centimètres, puis je suis seule avec ma corde et mon prussik. Le poids des skis est déstabilisant, et je ne regarde pas du tout au bon endroit : ni en haut pour vérifier ma position par rapport au relais, ni en bas pour vérifier la position du bout de ma corde. Bon gré mal gré je parviens sur la pente enneigée et me détache du relais. Nils commence sa descente pendant que je détache mes skis de mon sac.
Il chausse rapidement et descend jusqu’à un replat qui est plus confortable pour s’arrêter. Pour moi, c’est le blocage : la pente est raide, les nuages qui restaient assez haut depuis ce matin nous entoure à nouveau, et c’est le brouillard total. Pas rassurée, je finis par descendre à pieds avec mes skis à la main. Nous nous asseyons et commençons notre pique-nique. Mais pour moi, ça ne passe pas. Je mâche les aliments sans parvenir à les avaler. Je me sens complètement épuisée, et j’ai l’impression que manger m’épuise encore plus.
Nous décidons de commencer la descente, car au plus tôt nous serons sous les nuages, mieux ce sera.
C’est donc parti pour une descente à l’aveugle, Nils vérifiant régulièrement notre position sur le GPS. Au bout de quelques minutes, c’est la catastrophe : nous avons trop dévié et sommes du mauvais côté d’un petit dôme de neige. Il est juste sous nos yeux, mais avec le brouillard, tout est d’un blanc uniforme. Impossible de voir les variations du relief. Il faut alors rebrousser chemin, et donc re-peauter les skis. C’est un vrai coup au moral, moi qui pensais en avoir fini avec la montée… Je suis les traces de Nils, qui disparait rapidement dans le brouillard épais. Je le retrouve plus loin, arrêté, GPS à la main.
Après plusieurs morceaux de descente à tâtons, GPS toujours à l’affut, nous finissons par arriver devant la combe qui s’ouvre sur le couloir que nous cherchions. Maintenant, c’est tout droit jusqu’à la voiture.
Facile… Sauf pour mes jambes qui ne répondent plus. Impossible de faire un virage correct, toute prise de vitesse se solde par une chute lamentable. Le moral dans les chaussettes, épuisée, je descends en mode « survie », frustrée de ne pouvoir prendre aucun plaisir dans cette descente supposée être le clou de la journée.
Nils m’encourage et essaye de me donner des conseils, mais même dans les pentes douces je n’arrive à rien. La visibilité n’a toujours pas évolué, ce qui n’arrange rien. Le temps passe et les conditions de neige s’aggravent au fur et à mesure que nous descendons : neige lourde, humide, la fin d’après-midi n’est jamais propice au ski de randonnée, surtout au printemps. Les quelques murs que nous devons passer sont de vrais supplices où mon courage est mis à rude épreuve.
Enfin, la couche de nuage s’éclaire et la vue se dégage : nous sommes enfin sous les nuages ! La vallée est face à nous et nous voyons presque la route. Cela me réchauffe légèrement le cœur. Un dernier couloir et la pente s’adoucira jusqu’aux sommet des remontées mécaniques de la station. Mais j’avance à une vitesse d’escargot. Mes jambes sont deux morceaux de bois complètement amorphes et ma tête n’a qu’une envie : abandonner ce combat futile entre ma volonté et mes capacités. Je ne suis pas capable de descendre, c’est tout.
Nils perd patience. La situation devient dangereuse si je n’avance pas plus vite. Les boules de neige autour de nous sont le signe de coulées printanières récentes, probablement du jour même. Nous sommes dans une zone à risque, ce n’est vraiment pas le moment d’avoir des pensées philosophiques. Il me pousse comme il le peut, mais cela ne fait pas revenir mes jambes qui ont déjà tout donné et même plus. Je descends en dérapage, incapable de faire un virage. La pente douce qui doit nous emmener gentiment jusqu’aux pistes de la station nous tend les bras, mais il y a une dernière section raide (de quelques mètres seulement !) qui nous séparent. Je décide de faire une traversée, en passant au-dessus d’une petite barre rocheuse, afin de rejoindre l’autre côté qui me semble plus propice à un virage. Je dérape afin de descendre sous les rochers et passer sur la petite bute de neige. Je monte la bute et m’élance de l’autre côté, pensant faire une légère descente « tout schuss » et me rétablir dans la pente de l’autre côté. Malheureusement, l’Albaron n’était pas du même avis.
En un quart de seconde, je sens mon ski gauche se planter dans la neige et s’arrêter net. Le reste de mon corps continue vers l’avant, et j’entends un crac résonner dans mon crâne. La douleur qui se referme comme des crocs sur ma jambe gauche est plus forte que tout ce que j’ai pu ressentir dans ma vie. Je me mets à hurler comme je n’ai jamais hurlé. Les yeux fermés, je me rends à peine compte de la position de mon corps : la tête dans la neige, les jambes toujours emprisonnées dans les chaussures attachées aux skis, les bras tordus.
Je comprends tout de suite ce qui vient de se passer : aucune de mes chaussures n’a déchaussé, et c’est ma jambe qui a encaissé tout le choc. Elle est cassée.
Nils arrive en quelques secondes sur moi, et s’emploie à me déplacer pour me remettre droite. J’hurle encore plus lorsqu’il manipule ma jambe. Il n’a pas le choix : il faut déchausser le ski et mettre ma jambe droite. Je n’arrive pas à m’empêcher de crier, mon corps cherchant à tout prix un moyen d’évacuer cette douleur, cette brûlure, qui ronge ma jambe comme un poison. Je le sens fébrile à côté de moi, mes cris ne l’aident pas à se concentrer, je le sais, et j’essaye de retrouver la raison. Il parle de faire une attelle et de me descendre jusqu’à la voiture. J’écarte tout de suite cette option. C’est complètement au-dessus de mes forces. Je lui demande d’appeler les secours. Il est 17h30.
Nous sommes rapidement en contact avec le PGHM, mais l’hélicoptère n’est pas disponible immédiatement. Merde ! Ils nous demandent notre position, et nous rappellent régulièrement pour nous tenir informés. Commence alors une longue attente. Même allongée, ma jambe continue de me lancer ses signaux rougeoyant de douleur aigue. Je pense que la chaussure n’arrange pas les choses, mais je ne peux me résoudre d’y toucher. Nils avait déjà ouvert les boucles pour regarder si ma jambe ne saignait pas, ce qui m’avait relancé dans une série de hurlements.
Je commence à greloter et mes dents s’entrechoquent de manière incontrôlée. Nils me recouvre d’une première couverture de survie et de sa doudoune. Lorsque la deuxième couverture de survie vient compléter le paquet, nous prions pour que cela suffise. Je continue de claquer des dents, mais je ne ressens pas le froid. Je ne ressens rien, à part la douleur.
Putain, fait chier, pourquoi c’est arrivé, pourquoi… les penses qui traversent ma tête ne sont pas positives. Nils me dit d’arrêter, que ça ne sert à rien. Il faut redescendre et c’est tout ce qui compte. Je n’en peux plus de lutter, j’ai l’impression que cette journée a été une lutte permanente, et je ne comprends pas pourquoi tant d’épreuves se présentent à moi. Je commence à fermer les yeux, mais Nils me reprend immédiatement :
- Garde les yeux ouverts ! Et puis parle-moi ! Par exemple, je veux tout savoir sur les différentes couleurs des dadas.
Les dadas, ma passion… Parler d’autre chose, me changer les idées… Bien essayé ! Mais ça n’arrêtera pas la morsure du feu sur ma jambe. Je m’exécute.
- Il y a blanc, noir… et gris, mais gris ce n’est pas pareil que souris…
Au moins, ça fait passer le temps. Quand est-ce qu’il arrive cet hélicoptère ? En plus, ils nous ont dit que le médecin ne pouvait pas venir à bord. Il n’y aura donc pas de médicaments… Pourquoi…
Nous entendons un bruit de moteur. L’espoir renait. Mais rien ne se présente dans le ciel. Ce n’était qu’un avion qui passe… Un deuxième vient nous narguer, avant que le bruit de son moteur disparaisse, laissant à nouveau le silence des montagnes prendre le dessus.
Je continue mon discours sur les robes des chevaux, testant les compétences de mon cerveau qui aurait pu être touché lui aussi… C’est alors que le bruit de la délivrance résonne dans le couloir de neige : le flap flap caractéristique de l’hélicoptère. Nils se place comme demandé : debout, bras en Y pour marquer notre position. Le pilote nous repère tout de suite et vient vers nous. Il s’approche et je vois le secouriste qui fait des signes à Nils. Il s’allonge alors sur moi pour me protéger lorsque l’hélicoptère se pose. Je comprends alors pourquoi : le vent soulevé est tourbillonnant, la neige nous fouette, mon sac à dos posé à coté s’envole et dévale la pente, la couverture de survie se soulève et se plaque sur mon visage, m’empêchant pendant un instant de respirer.
Quelques secondes plus tard, tout s’arrête, Nils se lève et je me rends compte que l’hélicoptère est reparti et que deux sauveteurs du PGHM sont près de nous. Ils ont dû sauter directement dans la pente car l’hélicoptère ne pouvait pas se poser. Ils évaluent rapidement la situation, et m’indiquent que je vais être hélitreuillée. Pas de soucis, j’ai déjà mon baudrier donc c’est le plus simple, et je ne peux de toute façon pas bouger.
Ils ont amené une grosse attelle avec eux, afin de bloquer toute ma jambe. Ça ressemble à un gros tapis gonflant qu’ils ferment autour de ma jambe avec des sangles. La manipulation réveille la douleur qui me fait de nouveau hurler. Ils me demandent encore un peu de courage pour tenir le coup jusqu’à l’hôpital. Je n’ai pas le choix.
Leur efficacité est redoutable : l’attelle est fermée, l’hélicoptère revient vers nous. Le pilote est même allé récupérer mon sac à dos en bas de la pente. Nils ne peut pas venir avec moi puisqu’il va récupérer la voiture. Je suis déçue pour lui, et j’aurai aimé qu’il reste avec moi. Pas le temps de réfléchir plus que ça : le mousqueton du treuil descend vers nous, le secouriste m’attache ainsi que son propre baudrier, et avant que je me rende compte de quoi que ce soit je suis dans les airs. Ma jambe, libérée de son poids, disparait alors totalement de mon système nerveux : je ne la sens plus. Comme c’est agréable ! La douleur disparait totalement et je profite même de la vue pendant une seconde ou deux : la pente maléfique qui s’éloigne, Nils qui devient de plus en plus petit. Mais déjà le treuil nous a déjà remonté jusqu’à l’hélicoptère. Oh non ! Il va falloir que je m’assoie là-dedans… Ils m’aident à m’assoir puis à me trainer jusqu’au fond de la cabine ou je m’adosse. La douleur revient malheureusement aussi vite qu’elle était partie.
L’hélicoptère refait alors une descente et je comprends qu’il faut récupérer le deuxième sauveteur resté avec Nils. Il saute à bord et nous nous éloignons pour de bon. Il est 18h30.
Je pense à Nils resté tout seul, puis tente de profiter du paysage pour nous deux. Malheureusement, assise sur le sol au fond de la cabine, je vois à peine les sommets par la fenêtre. Le bruit est assourdissant. Les sauveteurs me demandent de lever le pouce régulièrement. Oui, ça va, je suis juste complètement au bout de ma vie.
Pour couronner le tout, des turbulences viennent secouer l’appareil et me jeter de nouvelles morsures dans ma jambe malmenée. Vivement qu’on arrive… Me voyant toujours grelotter et claquer des dents, les secouristes allument le chauffage de la cabine.
Au bout de vingt minutes, je sens que l’hélicoptère descend. Pourtant, par la fenêtre, je vois toujours les sommets, nous ne sommes donc pas dans une vallée ? Je demande ce qu’il se passe, ils me disent qu’on est arrivés sur le toit de l’hôpital. En effet, les portent s’ouvrent et je vois une ville en dessous de nous. L’hôpital est situé en hauteur.
Ouf, la fin est proche. Une dernière épreuve m’attend : m’installer sur le lit-brancard de l’hôpital. Nouveau pic de douleur, nouveaux cris. Au moins les soignants se rendent compte tout de suite de mon besoin d’antalgiques.
Après un passage dans l’ascenseur, j’arrive enfin devant un médecin. On me met une perfusion et on me fait respirer dans un masque à oxygène. L’infirmière oublie d’ouvrir le flux d’air et je passe quelques secondes à suffoquer dans mon masque avant qu’elle ne s’en rende compte. Rien ne me sera donc épargné. Sans même qu’on me prévienne de quoi que ce soit, une injection de kératine est faite dans ma perfusion, et je sombre enfin dans un trou noir salutaire.


Bilan : double fracture tibia-péroné, une nuit difficile sous morphine en attendant l’opération du lendemain matin où on me posera une plaque et douze vis, le tout avec une plaie de 32 agrafes et 45 jours sans appuyer sur ma jambe. Et je ne parle pas de la rééducation qui va bientôt commencer...

M
matt
[202 posts] - Le 17/06/2017 13:58

🙁

Roufff
- Le 17/06/2017 14:39

La première chose qui me vient en tête quand je lis ton récit, c'est que l'objectif était sûrement un peu gros... Soit par rapport à ta forme, car tu en as bavé (avant la blessure), soit techniquement (car l'arête menant au sommet ne prend guère plus de 30min pour une cordée lambda, mais pas 2h même par mauvaises conditions).
J'y ai emmené ma copine ce printemps et j'ai sûrement été trop gourmand moi aussi : petite saison de rando pour elle, pas d'acclimatation, ça a été difficile. Mais dès qu'elle a commencé à fatiguer j'ai porté quasi toutes ses affaires (ce que ton leader aurait pu/du faire), et le soulagement était réel pour elle. Ensuite je savais que la descente présentait quelques passages "raides", et je ne l'aurais pas emmenée si je n'étais pas sûr qu'elle avait une marge conséquente...
Bref, tout ça pour dire qu'un cocktail petite forme/conditions moyennes et objectif un peu trop hard peuvent vraiment mener à la catastrophe. La base pour moi est de toujours avoir de la marge, que ce soit sur la difficulté ou la longueur de l'itinéraire.

Bon courage pour la suite !

S
Scorpnix
[11 posts] - Le 17/06/2017 18:42

Oui, mon copain a porté mes skis et tout ce qui pèse lourd. Je n'avais que le strict nécessaire avec moi !

Je suis d'accord avec toi : le mélange petite forme et conditions moyennes... Je pense que l'objectif était trop ambitieux pour moi. Mais quand j'en ai parlé avec Nils après, il n'était pas du même avis : pour lui, j'étais tout à fait capable de le faire, et je m'étais bien débrouillée dans l'arête malgré les conditions. Par contre, il est d'accord qu'il aurait vraiment dû prendre plus de marge.
Se pose alors la question de quand mettre son "véto" : le truc c'est que je lui fais confiance, étant donné qu'il est plus expérimenté que moi et que dans ce genre d'expédition c'est lui qui est en charge de l'itinéraire, etc. Du coup, j'ai aussi tendance à lui faire confiance pour ce qui est de "est-ce que ça ne va pas être trop dur pour moi ?". Mais finalement, nous seuls sommes capable de connaitre nos propres limites, et je pense que la morale de cette mésaventure est que je dois plus travailler là-dessus et savoir refuser lorsque je ne le sens pas. Mais se connaitre vient aussi par l'expérience, au début c'est dur de savoir...

Et d'un autre côté, je suis très fière d'avoir fait l'arête et le sommet, et je me dis qu'il y aussi une part de malchance dans cette chute...

Merci de me répondre en tous cas 🙂 j'espère réussir à remonter sereinement sur des skis...

Nicom
- Le 17/06/2017 19:30

Scorpnix a dit :Je pense que l'objectif était trop ambitieux pour moi. Mais quand j'en ai parlé avec Nils après, il n'était pas du même avis : pour lui, j'étais tout à fait capable de le faire, et je m'étais bien débrouillée dans l'arête malgré les conditions. Par contre, il est d'accord qu'il aurait vraiment dû prendre plus de marge.
Le problème c'est quand tu sors avec des gens plus expérimentés parfois ils pensent que ce qu'ils proposent n'est pas dur... je parle de ma propre expérience...
J'ai emmené une fois ma copine au Mt Aiguille, je lui ai dit c'est facile c'est de la marche où il faut poser les mains et pour moi c'est ça, il n'y a rien de dur, un peu la présence du vide mais dans la voie normale il y a même des gamins. Elle n'avait jamais fait d'escalade mais en bonne condition physique.. résultat pour elle ça a été un calvaire, j'ai sur-estimé sa capacité en ne me mettant pas à son niveau. Donc il faut se méfier et quand on le sent pas, qu'on a un doute il vaut mieux renoncer et ne pas se laisser emporter par un leader qui pense qu'il peut combler un déficit physique ou technique.
Bon courage pour la rééduc.

Vivagel
[842 posts] - Le 17/06/2017 20:02

[Mod] Message supprimé car non conforme aux règles du forum

S
Scorpnix
[11 posts] - Le 18/06/2017 10:30

Merci Nicom 🙂

Vivagel a dit :C'est sympa le ski de rando, ça fait envie... 😯

Ahah j'avoue que ça m'a légèrement dégoûté du ski de rando... Donc morale aussi pour les leaders : si vous voulez faire partager votre sport, allez-y doucement pour pas dégoûter les gens ;)

Ca me rassure que ce soit revenu normal pour elle ! Et pour enlever le matériel, ce n'est pas une opération trop lourde ? Vu l'oedème que j'ai eu après l'opération je redoute un peu quand on va enlever tout ça...

Vivagel
[842 posts] - Le 18/06/2017 15:28

[Mod] Message supprimé car non conforme aux règles du forum

S
Scorpnix
[11 posts] - Le 18/06/2017 18:19

OK c'est rassurant ! Merci 🙂

jls05
- Le 18/06/2017 23:08

Moi, de mon temps, quand on voulait faire du ski au mois de mai, on se levait à 3h du mat...

Bonne guérison à toi.

T
Tomach
[229 posts] - Le 19/06/2017 01:45

je lui ai dit c'est facile
Moi, je lui ai dit c'est trop dur pour toi, résultat, elle a exigé faire la course 😎 Et on a fait demi tour, malgré mes suppliques pour qu' elle redescende seule au refuge.
J aurai du la faire à l'ancienne, partir en douce à 3 heures du mat!

Bon rétablissement, et je vous souhaite de faire encore beaucoup de chemin ensemble en montagne!

cyrille.marais
- Le 19/06/2017 09:35

si je comprends bien, c'est un pb de matos à l'origine du désastre !

même si la fatigue peut fragiliser le corps lors d'une chute, ta description est typique d'une fixation ma réglée . Ca m'est arrivé une fois sans avoir de fracture.

La seconde, j'avais mes fix serrée à fond pour du raide, et ds du mou moins raide, je me suis pris une gauffre ! quelle bêtise, se faire le genou a cause d'une fix réglée par ses propres soins !

Certes, ds ton récit, on retrouve les galères typiques de ces journées en montagne qui n'en finissent plus. J'espère que celle ci ne te fera pas divorcer avec dame montagne, et que tu retrouveras du plaisir sur les skis l'année prochaine.

Si j'ai un atout à te transmettre : soit vigilante ds la rééducation. J'entends par là, ne fait aucun exercice qui te fait mal ou qui "tire" avant 120 à 150 jours au minimum pour une telle fracture. J'ai expérimenté deux fois une méthode que m'a enseignée un osthéopate kiné : attendre 90 voire 180 jours avant une quelconque rééducation pour une blessure aussi importante (je sais, c'est dur). Pour mon genou, j'ai envoyé baladé le kiné à 60 jours qui voulait me faire les "exercices" classiques (rupture du ligament postérieur interne)... J'ai recommencé à 90 jours le vélo doucement, et la kiné vraiment doucement (mouvements lents, doux, et sans "forcer"). Prends le temps. Résultat : je n'ai jamais eu mal au genou, alors que bon nombre de croisés qui se rééduquent sans attendre, ont des douleurs toute leur vie. Pour ma cheville broyée après une chute d'escalade (j'avais vingt ans), j'ai attendu 180 jours avant de la faire travailler véritablement. jamais eu mal par la suite. Pense au futur, et ne soit pas pressée. Utilise l'argile pour éliminer les toxines, et masse toi beaucoup dès que tu le pourras tout en faisant fonctionner la jambe avec les bras. Souvent, les kinés "appliquent" les méthodes alors que le corps est une machine unique, et réagit différemment selon les morphologies. Ce que personne dit, c'est que les footballeurs ou les skieurs, qui se rééduquent en 90 jours, gardent des douleurs toute leur vie, et à 45 ballet, ça lâche. N'ai pas peur de le dire aux kinés : j'écoute mon corps, et je pratique les exercices qui ne me font pas mal, suis pas pressée !

Tu ne dois jamais ressentir de douleur à partir du moment où les douleurs post opératoire ont disparu. Je m'y suis attelé pour mes traumastismes (y compris des vertèbres !)

Bon courage, bonne chance, et belles rando en 2018.

S
Scorpnix
[11 posts] - Le 19/06/2017 11:24

Merci à tous 🙂

@ Cyrille :
Oui c'est vrai que je n'ai pas parlé de ça : les skis étaient loués (car c'est ma première saison de rando en France donc je voulais tester plusieurs modèles).
Et d'habitude je vérifie toujours le réglage mais là (évidemment...), je n'ai pas vérifié et ce n'était pas mon loueur de d'habitude. La fix gauche était beaucoup trop serrée, et ce n'était même pas le même réglage de chaque côté ! Je trouve que c'est un scandale, et je ne retournerai jamais chez ce loueur.

Donc oui, ça a également pu jouer, mais on ne saura jamais... et le choc était frontal alors que les fix de randos déchaussent plus facilement en latéral...

Merci beaucoup pour tes conseils pour la rééducation. Je vais effectivement faire attention, je sais que ce genre de chose peut laisser des séquelles si on ne fait pas attention (mais c'est encore pire pour les articulations donc dans ton cas bien joué !!). Il faut être patient...

RDV avec le chirurgien demain pour refaire une radio et donner le feu vert pour mettre du poids sur ma jambe (progressivement !). Donc je croise les doigts !

Ma kiné a l'air très bien, elle m'a dit qu'au début ce sera vélo tout doux et piscine, marcher là où j'ai pieds pour re-muscler en douceur sans avoir 100% du poids sur les jambes.

J'espère également réussir à repartir en montagne sans appréhension. J'attendrai certainement les conditions parfaites... Mais on en n'est pas encore là ;)

T
Trolly
[404 posts] - Le 19/06/2017 11:39

Bonne rééducation !

Clairement pour moi (au vu du récit) l'objectif était trop gros : en une sortie, tu as la totale panoplie du skieur alpiniste : du glacier (cela implique de porter sur soi du matos, ca fatigue....), des risques (séracs) qui pompent de l'énergie, du cramponnage, du mixte, un rappel et ... le mauvais temps qui stresse et oblige à repauter donc fatigue en plus.

On peut incriminer le matos mais ca n'a pas de sens : lucide, moins fatiguée tu n'aurais pas enfourché ce ski.

J'ai attend pas mal d'années et de sorties avant de faire un truc comme ça !

De plus tu as l'air assez inexpérimentée (skis de loc, perte de temps pour le chaussage des crampons, premier rappel avec skis...)

Donc clairement, à froid, objectif mal choisi par ton chéri, je suis peut être un peu dur mais il est le premier responsable. J'emmène souvent ma chérie en montagne, ski ou grimpe et c'est assez délicat, après quelques années et quelques crises de nerfs je sais désormais où l'emmener.... et ne pas l'emmener. Car même si elle a le niveau pour faire plein de trucs, je sais que d'autres trucs peuvent la bloquer, et surtout qu'on a pas les mêmes envies.

Beaucoup de processus se mèlent et compliquent les relations :
- l'affectif de l'un qui essaie de se surpasser pour faire plaisir à l'autre
- En général l'un des 2 est plus fort que l'autre et donc il a du mal à évaluer les difficultés
- les réactions sont exacerbées bien sur par l'affectif (et puis inconsciemment ca réveille parfois aussi de vieux dossiers )


Dernier message : les anglo saxons ont une pratique de la montagne assez étrange parfois pour nous les continentaux. j'ai une liste d'expériences hallucinantes avec des anglais ou américains, au taquet complet dès le départ, ultra lents, pas sécure, partant peu importe la météo... Mais qui avancent quand même, avec un flegme et un fatalisme déconcertant. Vision plus "alpine" (qui par ailleurs transparait dans les réaisations de haut niveau)

S
Scorpnix
[11 posts] - Le 19/06/2017 13:20

Ce que tu dis est très vrai !

Je pense qu'après plusieurs années à faire de la montagne ensemble, j'ai quand même bien progressé et mon copain a dû se dire : bon maintenant c'est bon elle est prête pour la vitesse supérieure. Mais le fait est que non, et surtout mon ressenti de la journée (sans parler de la fracture) c'était : mais j'ai aucune envie de faire ça !

Je préfère la montagne plus cool, des randos à ski tranquilles (cette saison j'ai fait le Pic Blanc du Galibier et la Belle Etoile que j'ai beaucoup aimé). Ce sont des choses moins alpines, donc difficile que chacun y trouve son compte ;)

Malheureusement il a peut-être fallu un drame (qui aurait pu être pire, avalanche etc...) pour s'en rendre compte. Comme tu dis : l'envie de faire plaisir à l'autre, de se dépasser plus pour l'autre que pour soi-même... Ca modifie le raisonnement que l'on aurait en étant seul...

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