skis larges et sollicitation des genoux

Depuis quelques années on assiste à une augmentation continue de la largeur des skis pour des raisons objectives :
- les buses se mettent d’un coup à savoir skier en hors pistes
- et ceux qui y arrivaient déjà peuvent aller encore plus vite
on aurait tort de s’en priver.

Maintenant au-delà de la tentation de « fourguer » le matériel qui se vend le mieux, la question que doit se poser tout fabricant de ski un peu responsable c’est « jusqu’où peut-on raisonnablement aller ? »

Pas de problème en peuf, mais en neige dure, 96 au patin versus 64, c’est 50% de porte-à-faux en plus dans le genou à chaque pas en dévers et à chaque prise de carres.

Alors est-ce que la limite est uniquement déterminée par l’effort qu’est prêt à mettre le randonneur pour monter ses planches : un surf à chaque pied pourvu qu’il en ait le courage ?

Où est-ce que des limites physiologiques vont être atteintes avant, dictées par la résistance de nos genoux à ces efforts latéraux répétés (inflammation des ménisques, des ligaments, arthrose précoce…) ?

Je crois qu'un retour d'expérience sur le sujet peut intéresser les ouriens s'il est un peu détaillé vis-à-vis des efforts latéraux :
- largeur de patin utilisée ?
- nombre de saisons et dénivelé positif par an (avec patin large bien sur) ?
- taille du skieur, homme / femme ?
- ne ressent absolument aucune gêne et ne change rien à ses habitudes ?
- pas de gêne mais appréhension qui pousse à aménager sa trace à la montée pour éviter les dévers ?
- douleur légère / modérée / forte suspectée d’être due aux efforts latéraux ?

salut,

j'ai 88mm au patin depuis 2 saisons ( j'entame la 3ieme ), je fais 1m75
D+ = 25 000 m par an environ

Aucune gêne, plaisir sur toutes neiges décuplé. La neige dure j'en rencontre très peu, et dans ce cas, ce n'est pas le patin qui me gene mais la souplesse de mes skis.

je suis un skieur très moyen, ca a vraiment changé ma pratique

Hello,

Perso j'ai des K2 Mont Backer. 88 au patin.
Je me suis fais opéré du menisque interne gauche. 🙁

Je ne sais pas si c'est du à mes ski ou plutôt au 12 ans de télémark avant avec des Fat, sans parler que je fais du skate depuis 20 ans environ (pas comme un énervé...).

En tout cas, ce qui est sur pour moi aujourd'hui, c'est que je vais essayer de retarder l'arthrose. Donc je vais repasser sur du matos light des que mon porte monnaie me le permettra. Les docteurs ont été assez explicites, en m'expliquant gentiment que moins on sollicite moins ça arrivera vite.

Sinon, plus largement, j'aurais tendance à dire que le matos lourd sollicite pas mal les articulations, parceque ça fatigue à la montée et que pendant la descente on ski avec de la vitesse sans pour autant avoir la même lucidité que lorsqu'on monte avec du light.

En d'autre terme, le matos lourd, même s'il facilite le ski, est plus sollicitant (à mon avis) car il tire sur les articulations à la montée, et à la descente, on est moins lucide, car plus fatigué, et donc moins attentif pour corriger les placements... On tire donc plus sur l'organisme, et ceci s'accentue avec la vitesse... 🤨

Evidemment avec du matos super light (type compet), la difficulté a skier est tellement accentué que ça tire aussi. 😉

Il faut peut être revenir à du matos de "ski de montagne" avec une certaine modération. 😯

Voila mon avis, il n'engage que moi. Par contre je trouve ce sujet intéressant.

Fred

J'avais entendu dire que ce qui abimait les articulations, c'était plutôt l'usage du virage coupé sur piste, à cause du balancement des genoux vers l'intérieur du virage, alors qu'avant on avait plus tendance à travailler en flexion/extension ... Et là, le patin n'est pas en cause, mais c'est la ligne de cote et le rayon qui sont à incriminer.

Les skis larges modernes ont tendance à redevenir beaucoup plus droit (rayon de 25m) qu'auparavant. On les skis pas forcément en virage coupé !

D'ailleurs, je suis d'accord avec toi sur la facilité que donnent les skis larges en hors piste. Mais si ces skis larges ont un rayon long (ce qui empêche d'induire le virage et d'entrer facilement en courbe) et sont raides (pour une meilleure tenue sur neige dure) je crains que les "buses" se remettent à skier comme des truffes.

Un ski moderne facile, c'est un ski large certes, mais qui est court, qui a une spatule volontairement plus large que le reste pour induire un virage aisé, et qui est relativement souple pour déjauger en neige profonde.

Je prends par exemple mes line prophet 90 qui font 186cm de long (je fais 173cm). Le rayon fait 20m, c'est un ski raide.
Par comparaison, j'ai pas l'impression de skier beaucoup plus facilement qu'avec un ski de l'époque ! Certes je peux passer beaucoup plus vite, mais le ski demande tout autant de technique, et tout autant de physique.
Évidement, je prend plus de plaisir, car le ski est beaucoup plus stable et fais office de "brise glace", permettant des grandes courbes même en neige trafollé. Alors qu'avec un ski droit, il faut tourner beaucoup plus de virage pour garder du rebond et de l'équilibre.

Bref, la différence, c'est le style thierry lhermitte dans les bronzés contre kaj zacrisson dans la nuit de la glisse... Plus fluide, plus rapide, mais pas forcément plus technique, ni plus reposant !

Puis bon le constat est la, chaque w-e ou je suis en rando, ski large ou pas, je vois toujours autant de mauvais skieur. Ils sont même plus dangereux, car ils ont l'illusion de contrôler leur ski dans des neiges de merde et vont plus vite. Mais le niveau technique est tout aussi médiocre.

a++

Bonne remarque sur le carving, à ce sujet le rayon de courbure a tellement d’influence sur ce qu’est capable de faire un ski, que pour éviter que le vainqueur soit choisi par l’adéquation entre la rapidité du tracé et le matos, la FIS a réglementé les rayons :

- Descente : rayon minimum 45m pour des vitesses > 100 km/h
- SuperG : rayon minimum 33m pour des vitesses moyennes de 80 km/h
- Géant : rayon minimum 23/27 pour des vitesses d’environ 60 km/h
- Slalom : ils prennent vers 12 m pour des vitesses de l’ordre de 40 km/h

Le paradoxe du matos de rando, c’est que la trace à la montée nous conduit à prendre des rayons de géantistes alors que ce n’est presque jamais une course de vitesse à la descente pour des raisons de fatigue, de sac à dos et d’engagement en terrain non sécurisé.

Cela explique pourquoi on est obligés de rentrer les genoux pour déclencher le carving.

Mais à ’inverse en alpin où les vitesses sont plus élevées par rapport aux rayons, il n’est pas rare d'avoir à décaler les genoux sur l’extérieur pour élargir la courbe sur une porte un peu large.

L’idéal bien sûr serait d’avoir un rayon adapté à sa vitesse, à cette condition la conduite coupée peut être beaucoup plus coulée et douce que la conduite dérapée.

Pour en revenir à nos moutons :
- les pb de ménisque externe et ligament médial seraient plutôt dus au carving
- les pb de ménisque interne et ligament latéral seraient plutôt dus à la largeur des skis

Plutôt car il y a tellement d'autres facteurs...

Pour ma part, 2 experiences en 88 au patin avec 2 skis différents :
- Qqs randos en Little Big Fat de dynastar + diamir.. matos assez lourd avec chaussure sur-élevées par la fix.. après une bonne rando en montée dure, c'est clair, le genou tire.. le dévers fait mal... en revanche, qqs randos avec trace sans devers en peuf ne procurent quasiment pas de douleur..

- Depuis l'année dernière, je suis équipé en Mustagh Ata dynafit + tlt.. 88 mm au patin avec le poids du light... après une saison, le bilan est globalement positif.. l'élancement au genou après une montée en neige dure est moindre.. cependant, le ressenti est moins agréable et on force qd meme un peu pour maintenir le ski horizontal.. je ne sais pas si 88 mm est une limite, mais j'hésiterais à aller au-delà pour des conditions de montée en neige dure..
En fait, en condition type printemps avec montée sur neige dur, finalement quel est l'intérêt des skis larges pour faire de la moquette ? Une bonne vieille paire d'allumettes ne fait-elle pas aussi bien / mieux l'affaire pour ces courses 😉

Tout ca pour dire que oui, je pense que la question posée par Alain est légitime et mériterait qqs approfondissements pour nous éviter qqs mauvaises surprises dans le futur 😮

3+ ans avec des Thunder 89cm au patin - skis supers, aucune gêne, au niveau poids 85kg au sec, j'imagine autour de 110kg avec habits, chaussures, sac, appareil photo, caméra vidéo, laptop, jacuzzi dépliable 😜

3 sorties avec des Alias 102 cm au patin - super pour l'instant (poudre tassée + soupe) ... bon, je compte pas les sortir si la neige est dure, sur des courses avec une longue partie de chemin étroit ou avec des dévers conséquents

Faudrait aussi voir la taille que tu chausses dans tes calculs. 89cm au patin pour quelqu'un qui chausse du 38 et pour quelqu'un qui chausse du 46 (comme moi), doit pas faire le même effet... (mon point d'appui au niveau de la chaussure est plus proche du car que pour quelqu'un de 38)

Salut, question pertinente!
Pour répondre à la question: je ski sur de ski 120 mm (XXL pro riders), 100 mm (proriders) et 89 mm (Mythiclight)au patin; sur neige dure les 120 sont un peu excessif et fatiguants pour les genoux.
Je fait 1,72m, 65 kg et il me manque un croisé dans le genou droit, une bonne saison correspond à + ou - 900 000 de descente pour moi.
Je bosse en majorité avec mes Proriders en 184: pour moi c'est un ski confort qui ne sollicite pas mes articulations.
Pas mal de potes qui skient à titre Pro depuis assez longtemps sur des skis très larges ont tendance à revenir sur des patins plus raisonnables, voir à skier de temps en temps sur des skis classiques!
D'autres se sont mis à la rando pour soulager leurs articulations, le mouvement de montée est plutôt sympa pour les genoux et la descente moins physique que d'empiler des milliers de mètres à partir de remontées, sans parler du cadre.
Bon ski, la neige arrive.