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Accueil > Tous les forums > Neige & avalanches > Avalanche sorbier EST

Avalanche sorbier EST


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P
pjr
[1 post] - Le 06/04/2010 16:45

Bonjour,
je souhaitais partager mon expérience vécue hier dans les pentes Est du Sorbier pour le retour d'expérience et aussi pour en parler car je n'arrete pas d'y penser.
Nous sommes partis vers 7 h de Casserousse pour réaliser la traversée Sorbier Est / vaudaine Ouest et retour sur la croix. Nous étions 3 copains bien contents de voir le beau temps.
Pour situer mon niveau de connaissance, ça fait 15 ans que je pratique la rando et j'ai suivi des formations nivologique nombreuses.(Niv 1 et 2, FFME)
Le vent en alttitude semblait assez fort mais la motivation étant grande (trop sans doute). Nous sommes allés voir ce qu'il en était. Jusqu'à la breche Robert Nord, pas de souci particulier, on voyait encore la trace de la veille et la nouvelle neige semblait avoir suffisamment de cohésion. Le test du baton était convaincant.
Arrivé au lac Robet, ça souffle, il fait froid et on attaque la première pente du sorbier Ouest, toujours un peu plaquée. Ici, c'était plutôt une plaque très dure surmontée de petites plaques, dures également. ça ne m'a pas angoissé, ce genre de plaques est plutôt très dure à déclencher, car à priori nécessitant une très forte surcharge.
Le reste de la combe plate se monte sans problème avec des zones chargées et d'autres dénudées. puis vient le dernier raidillon, je prends à droite et reste le long des rochers ( partie gauche de la combe de droite en montant. Coté rocher, on a une neige dure, peu risquée, coté droit, on enfonce vite et je ne reste pas trop longtemps dans cette direction.
puis, viens la pente plus douce avant d'arriver à la brèche avec de la neige froide, plaquée et on sent bien qu'il y a assez peu de cohésion et un plan de glissement apparait à 30 cm de profondeur. On s'espace un peu et deux personnes arrivent à la brèche avant nous pour voir l'état du couloir.
Ils ne le 'sentent' pas, et me disent que c'est quand même bien chargé en dessous.
Je vais voir de visu, et je trouve que la corniche est très peu présente mais qu'effectivement, les pentes du couloir sont bien chargées. On se retrouve au soleil, et l'atmosphère est paradoxalement moins austère dans le couloir à mon goût. Je sonde un peu les strates de neige pour voir et je retrouve le plan de glissement identifié coté Ouest. Mais deux mêtre plus bas, ça semble déjà plus sain bien qu'il y ait tout de même beaucoup de poudre. Je le sens bien, il fait encore bien froid, il est 10h et on attaque la descente un par un, sans les attaches et à chaque fois celui qui descend trouve un endroit protégé en cas de départ de plaques. Au bout de 100 m de dénivelé, les conditions s'améliorent, il y a des vieilles coulées dans le couloir qui rendent les conditions nivo plus rassurantes.
On prends alors à gauche dans les pentes EST sous le grand Sorbier, toujours un par un et on peut lacher les chevaux.
Arrive le couloir Est qui donne sur la pointe de Vaudaine. On est confiant,
le plus délicat semble fait et les conditions nivo restent bonnes, de plus il y a de vieilles coulées apparentes dans le couloir et on se dit que ça doit encore plus assainir le tout.
Il se met à faire chaud, il est 10h30, et on entame la montée. De temps en temps, le vent se fait encore sentir et rafraichit l'atmosphère, on reste donc habillé convenablement (bien nous en prendra).
30 min plus tard, on arrive à la fin du couloir qui se rétrécie et se raidit un peu (pas plus de 35°). Je retrouve le plan de glissement avec 30 cm voir plus au dessus. Le premier est à 20 m au dessus de nous et il commence à brasser franchement, moi et le troisième sommes relativement proche. Je ne sens pas le danger trop présent, nous sommes à 50 m du col qui est là tout près, Je sens bien qu'il y a une ou des plaques, mais je me dis que nous avons passé le couloir Est du Sorbier sans encombre, à la descente alors que c'était beaucoup plus raide, nous sommes en montée donc on sollicite beaucoup moins le manteau neigeux et nous sommes pas loin de reste de coulées qui doivent stabiliser le tout en la rendant moins 'd'un bloc'.(plutôt des petites plaques qu'un grosse).
Je suis déjà en train de penser à l'autre coté en Ouest, en me disant intérieurement qu'il faudra maintenir notre vigilance ....
Le premier fait encore 10 m et c'est la que le plaque se déclenche sur tout le pourtour du couloir, 2-3 m au dessus de lui. Elle doit bien faire 30 à 40 cm d'épaisseur sur 15 m de large (tout le couloir en fait). Je n'ai pas du tout le temps de faire le moindre geste, seulement de m'arc bouter pour prendre le choc et espèrer que je reste debout. Impossible, la force de la neige est infiniment plus grande que moi et mes compagnons, nous sommes tous les trois emportées ( je ne le savais pas à ce moment là, je pensais que le copain du haut avait pu rester debout).
A ce moment là, arrive le moment le plus pénible de ma vie, je suis comme un fétu de paille, emportée par la force des éléments, le plus souvent dans le noir, la neige voulant rentrer dans ma gorge et mon nez, me débattant, pensant à ma famille et luttant avec l'énergie du désespoir pour la vie que je sens parfois basculer. Je prends de la vitesse, ressort une première fois, suis compressé et sentant que si je reste compressé comme çà, peut être à un mètre de l'air libre, c'est la fin. Heureusement, je repars, pendant un moment, à nouveau comme un fétu de paille, tentant de lutter pour ne pas perdre connaissance et lutter, toujours lutter.
Je débouche alors à l'air libre et je m'arrête, je suis heureux 2 secondes, et une seconde avalanche me submerge à nouveau pour me faire replonger, je tente encore de me débattre, elle est moins forte et va moins vite, et je m'arrête enfin, le corps à moité au dehors. Je m'extirpe dans un dernier effort et je vois mes compagnons ( l'un à 5 m de moi, l'autre à 20 m en amont !). Nous sommes indemnes, j'ai mal partout mais je suis en vie et mes compagnons aussi et c'est le principal. Je regarde mon altimètre et nous avons descendu 700 m de dénivelée !. L'avalanche est très grosse et a emporté une partie du vallon. Nous sommes à 50 m au dessus d'un ravin .....
Les secours débordées par les nombreuses avalanches avec des cas plus graves que nous tardent à venir. Nous attendons 1 h sous le risque de coulées additionnelles. Un grand merci au PGHM de Modane qui nous ont hélitreuillés, ce sont de grands professionnels avec en plus beaucoup d'humanité.
Je ne crois pas qu'il y ait une morale à cette histoire mais si je devais essayer d'analyser les choses, je dirai :
La première chose à voir, c'est le bulletin de risque très sous évalué à 3 alors qu'il aurait du être mis à 4. Je sais c'est plus difficile à prévoir avant qu'après mais je pense qu'ils se sont clairement plantés. A 4, je n'aurais jamais tenté cette course. (il n'y a qu'à voir le nombre d'avalanche de ce jour)
Si on se fie à la règle de munter, étant 3 dans une pente à 35°, non indiqué comme potentiellement dangereuse dans le bulletin (qui indiquais seulement les pentes Nord), ça semblait passer aussi.
Sur le terrain, il y avait bien un plan de glissement fragile, mais comme je l'ai déjà dit, celui ci était limité aux crêtes et ayant descendu l'est du sorbier, l'est de la Vaudaine nous a paru moins risqué car moins pentu et de même exposition.
Mon seul regret au niveau attitude est que nous aurions certainement due nous espacer plus à l'approche de la crête que j'avais analysé comme l'endroit le plus risqué (quitte à être seul sur 100 m) ou à monter à la fin à pied ce qui limite le cisaillement de la neige par rapport aux skis.
En tout cas, ce que je peux dire, c'est qu'il n'y a jamais de certitudes en montagne et que le risque est extrêmement difficile à évaluer. Je suis déjà passé dans des combes qui me semblait beaucoup plus craignos que celle la sans que rien ne bouge.
J'espère que ce récit pourra contribuer à rendre chacun plus prudent et plus conscient des risques pris dans nos belles montagnes.
Je suis conscient que nous sommes des miraculés et que je viens de griller un très gros Jocker, tout le monde n'a pas eu cette chance hier.

Clems
- Le 06/04/2010 17:09

Content que vous vous en soyez sorti tous indemnes...
Je partage le même sentiment que toi pour le BRA.
Hier ils ont sous estimé le risque de plaques sous le vent de nord...
Aller, vous avez grillé un joker, et vous vous en êtes rendu compte. L'essentiel et d'en avoir conscience.
Merci en tt cas pour ton témoignage.

neigerome
- Le 06/04/2010 17:29

Content que vous vous en soyez sorti tous indemnes...

Pour le risque annoncé par MF, il est clairement "marqué".
Les annotations précisent que des plaques sont plus que possibles.
Il me semble que les sorties rentrées la veille signalent les possibles accumulations (conf sortie de jeroen).
Nous faut il une prévision avalanche, versant par versant, combe par combe, sommet par sommet ?.... nous savons pour la plupart que ce n'est pas possible.
Ce bulletin est une moyenne par massif, après chacun doit apprécier sur le terrain.

Mon avis est que chacun doit prendre ses responsabilités, assumer ses choix et ses erreurs.
Combien ont rebroussé chemin lors d'un doute ?
cette phrase prononcée par le responsable du PGHM semble être la clé d'une longue carrière de skieur de randonnée actuel ou d'un skieur de printemps des temps passés (qui rappelons le n'avaient pas BRA, DVA, ANENA...)

muntermann
- Le 06/04/2010 17:38

pente à 35 °, 40cm de fraiche + vent, risque 3, je ne crois pas que munter fonctionne

P
Pierre*
[2757 posts] - Le 06/04/2010 17:40

Merci pour le CR et heureux que tout se soit bien terminé.

Pour le BRA on dit aussi BERA pour bulletin d'estimation des risques d'avalanche. Un coup de vent non prévu ou plus fort que prévu et on passe d'un gros 3 (comme cela était annoncé) à un risque 4. Le BERA est un outil parmi d'autre. A nous de prendre suffisamment de marge par rapport à ce qui est prévu, surtout quand on se lance dans un parcours où il n'est pas possible de faire demi tour.
L'erreur est toujours possible et chacun de nous en a fait, en fait et en fera. Par contre ce n'est pas le BERA qu'il faut incriminer, mais nous seuls.

pjr
- Le 06/04/2010 18:11

Soyons clair, je ne cherche pas à accuser quiconque, c'est bien nous les seuls responsables de ce qui nous est arrivé,
je cherche juste à expliquer les raisons des choix que nous avons fait et à trouver un sens à tout ça tout en informant les pratiquants.

P
Pierre*
[2757 posts] - Le 06/04/2010 18:14

pjr a dit :je cherche juste à expliquer les raisons des choix que nous avons fait et à trouver un sens à tout ça tout en informant les pratiquants.

Oui oui et ton CR est très instructif sur ce plan. On fait des choix de course la veille d'après le BERA et une fois sur place, pas évident de changer d'objectif...

Qui n'a pas été confronté à ça ?

bo
- Le 06/04/2010 18:15

Merci pour ton compte rendu, où on voit bien que tu étais conscient des risques, et assez expérimenté pour les gérer, mais que parfois, ça passe pas.

Il y a deux choses qui me font réagir:
- "tu n'aurais pas tenté cette sortie par risque 4", alors je trouve ça très curieux, parceque justement tu prouves que tu te fies à ta lecture du terrain pendant tout ton CR, et à la dernière phrase tu balances l'énormité genre "ma prise de décision se fait sur internet la veille".
- tu dis que tu sollicites moins le manteau à la montée qu'à la descente, que le fait d'être descendu avant te rassure... Je pense qu'il y a débat. A mon avis on est bien plus vulnérable à la montée qu'à la descente (empétré dans des fixations ouvertes, et plus longtemps exposé), et inversement on peut être bien plus léger et furtif et rapidement à l'abri à la descente.

P
Pierre*
[2757 posts] - Le 06/04/2010 18:19

bo a dit :et à la dernière phrase tu balances l'énormité genre

pjr a fait le choix pas facile de raconter son expérience et ses erreurs ce qui est rarement le cas. Plus facile de raconter ses hold-up et ses gros gavages que ses accidents.
Mieux vaut être modéré et constructif dans ce post 😉

bo
- Le 06/04/2010 18:28

OK, je bat ma culpe sur la forme.

Mic'hel
- Le 06/04/2010 18:54

Merci pour le récit.

pjr a dit :La première chose à voir, c'est le bulletin de risque très sous évalué à 3 alors qu'il aurait du être mis à 4. Je sais c'est plus difficile à prévoir avant qu'après mais je pense qu'ils se sont clairement plantés. A 4, je n'aurais jamais tenté cette course. (il n'y a qu'à voir le nombre d'avalanche de ce jour)

sur quels critères te bases tu?
si tu pensais, sur le terrain, que le risque était plus gros que 3, pourquoi n'as tu pas renoncer?

pjr a dit :Je suis déjà passé dans des combes qui me semblait beaucoup plus craignos que celle la sans que rien ne bouge.

ça c'est typique des gens expérimentés (la plupart des victimes d'avalanches). Ils sont passés n fois dans des endroits craignos et rien à bouger. Consciemment ou inconsciemment, ça valide leur choix et ça les "autorise" à maintenir ce même niveau de risque pour la prochaine sortie. La plupart du temps ça passe, ça permet de bien profiter de la neige et pis un jour, la sortie par risque 3 (=manteux neigeux peu stabilisé) sur des pentes à 35° ben ça passe pas.
Peut-être as tu déjà enormément de chance (sans t'en rendre compte) quand tu étais passé par ces endroits craignos jadis

pjr a dit :Si on se fie à la règle de munter, étant 3 dans une pente à 35°, non indiqué comme potentiellement dangereuse dans le bulletin (qui indiquais seulement les pentes Nord), ça semblait passer aussi.

La méthode Munter n'existe pas pour dire si "ça passe" ou pas. C'est juste une indication à laquelle tu peux poser ton véto pour divers raisons locales comme celles que tu mentionnes dans ton récit: vent bien présent, ça brasse...
Elle a aussi des restrictions. Par ex. à partir d'une certaine quantité de neige critique (surement dépassé par le "ça brasse franchement"), les facteurs de réduction de deuxième priorité (relatif à l'orientation) ne sont plus valides.
Et si tu sentais sur le terrain que le BRA était sous estimé, tu pouvais prendre un "potentiel de danger" supérieur à 8 (10 par ex.).
Du coup impossible d'arriver à 1.
Munter dit que la base même de sa méthode, c'est de savoir renoncer. L'utiliser pour s'auto-convaincre que "allez, ça passera bien, je suis déjà sorti par des conditions plus craignos", c'est en faire un bien mauvais usage.

Je vais peut-être passer pour un moralisateur, mais bon c'est pas grave.

T
Tomma
[7 posts] - Le 06/04/2010 20:26

Salut

super ton récit même si c'est un peu long mais je comprend ton "je n'arrête pas d'y penser" moi je suis tombé dans une crevasse et j'ai encore des appréhensions sur glacier, j'espère que tu surmontera ca

pour le BRA personnellement je ne me fie que très peu au numéro que le BRA donne je croyait que c'était pour les touriste qui ne savait pas lire le BRA dans les détails et estimer le terrain

d'ailleurs est ce que y en a qui savent ou les avalanches qui ont tué des personne ont eu lieu exactement et comment

senhal
- Le 06/04/2010 20:40

Thomas Boutin a dit :
d'ailleurs est ce que y en a qui savent ou les avalanches qui ont tué des personne ont eu lieu exactement et comment


Pour les Aiguilles Rouges (col de l'Encrenaz versant Bérard) il y a une photo dans cette sortie :
www.skitour.fr/sorties/le-buet,27210.html#sortie

phil
- Le 06/04/2010 21:03

merci pour ton récit,
vous vous en remettrez, je suis content pour vous. il va falloir du temps et à chaque sorties l'angoisse ressurgira...le danger tu le verras encore plus, des fois même de trop...
votre chance est d'avoir eu tous les 3 la tête en surface.
par expérience, être en dessous est très dûr à vivre et laisse des traces à jamais, surtout lorsque le tunnel noir s'installe...
bon courage à vous et bonnes randos.

Stéphane BAUZAC
- Le 06/04/2010 21:31

La première chose à voir, c'est le bulletin de risque très sous évalué à 3 alors qu'il aurait du être mis à 4.

Je ne suis pas d'accord avec cette analyse. La situation de lundi me semble correspondre parfaitement à un niveau 3, qui correspond à un risque de déclenchement accidentel élevé, mais à un risque de déclenchement naturel limité. Il suffit de relire la définition de l'échelle européenne du risque d'avalanche, par exemple ici : www.ffme.fr/technique/neige/bulletin/indice.htm

Et merci pour ce retour d'expérience

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