Haute Route: Chamonix-Arolla

Massif : Valais W - Alpes Pennines W
Départ : Argentière (les Grands Montets) (3295 m)

Topo associé : Haute Route Chamonix-Zermatt, classique par la cabane de Valsorey

Sommets associés : Col du Chardonnet (3323 m) Pigne d'Arolla (3790 m) Col des Ecandies (2796 m) Fenêtre de Saleina (3267 m) col de l'Evêque (3382 m)

Orientation : T

Dénivelé : 5800 m.
Ski : 3.3

C'est parti pour la Haute Route avec Daniel, on tente la traversée malgré la météo qui s'annonce pas terrible, mais sur un malentendu ca peut passer !

Départ à 6h de Grenoble frais comme des gardons, arrivée à Argentière à 8h30.

On rejoins le départ par le télécabine du Plan Joran puis Bochard (forfait alpinisme a 35e) car les Grands Montets sont toujours HS.

Surprise : on pensait se retrouver seuls au col des Rachasses... mais c’est apparemment le spot à la mode du vendredi matin.

On descend au glacier d'Argentière qui est encore bien bouché. Puis on entame la montée au col du Chardonnet, belle bavante, sous un bon cagnard.

Accès au col un peu expo, il faut porter les skis et passer par un pierrier sur la fin. Petit rappel sur une corde fixe pour pimenter la descente.

Traversée tranquille et plutôt plate jusqu’au refuge de Trient , bonus ski sur le dos à la fenêtre de Saleina.

Arrivée vers 16h30 au refuge, le luxe, premier refuge Suisse pour ma part, on peut y charger son tél, chambres conforts, encore mieux qu'à la maison.

Levé 6h pour un départ 6h45. Un peu la course ce matin, objectif: attraper le bus de 8h17 à Champex Télésiège, récupérer une correspondance a 8h46 a Orsiere,

et si possible faire les courses en 5 minutes au milieu et éviter ainsi de payer les 15 francs de picnic proposés aux refuges. 

Le bus suivant nous ferait arriver a 11h47 a Bourg Saint Pierre, ce qui est encore correct mais il ne faudrait pas trainer.

Passage tranquille au col des Ecandies, merci la via ferrata.

Descente sur une neige gelée terrible, heureusement on rejoint finalement une piste de ski mi-goudron mi-soupe qui nous emmène tant bien que mal à Champex 1500m. Timing au poil: à 8h au télésiège, on récupère le bus, on fait les courses en 5 minutes chrono, et on débarque à Bourg Saint Pierre.

Le seul commerce ? Une auberge encore fermée, mais un serveur mal réveillé nous rattrape dans la rue pour nous servir un café douteux mais salvateur.

Fort de cette avance sur nos horaires, on entame la (très) longue et plate montée en direction de Valsorey. Le temps se gâte, première averse de neige, on traverse un ruisseau par quelques pont de neiges suspects, personne de mouillé ouf, et on peut finalement chausser au bout de 2h de portage vers 2400m. Le beau temps revient et on entame l'ascension finale jusqu'au refuge. Arrivée à 15h, ce qui nous laisse le temps de réviser quelques manips de mouflages. Plus petit que Trient, mais tout aussi chaleureux. On retrouve deux groupes de francais croisés sur la route.

Départ 7h, météo annoncée : purée de pois supplément flocons. Coup de bol, l'ascension jusqu'au plateau du Couloir se fait avec une bonne visibilité. On sort les couteaux, puis les crampons vers 3400m. Pente à 45°, bien tracée, bien exposée. On assure chaque pas et on arrive enfin au plateau, sans nuages et sans vent.

On repeaute après 500m pour accéder au glacier Durand. Début de descente sur le glacier sans nuages, puis le temps de couvre, jour blanc complet, on continue GPS à la main, pour éviter les grosses barres rocheuses en contrebas. La neige est béton.

Enfin le jour se lève, on voit du bleu ! Crème solaire, lunettes, et bonne humeur retrouvée. On sort du glacier par la droite vers 2700, on repeaute pour un passage de plat, pour une fois dans une neige convenable. On entame la descente jusque dans la vallée a 2200m, la neige est passée de béton à soupe, zappant l'étape "skiable", grosses coulées sur les côtés. Finalement, on gravit les derniers 200m de déniv de cette courte étape pour arriver au refuge sur les coups de midi, la première bière toujours plus tôt.

On n'a pas la même notion de "cabane" entre la France et la Suisse, ca fait plutôt hôtel, luxueux en montagne, on hésite à y rester la semaine.

Départ 7h15 de Chanrion, temps moyen mais correct.

On suit de près le groupe de 4 qui nous accompagne depuis Valsorey, eux aussi visent la cabane des Vignettes depuis Chanrion.

On monte par le glacier de la Serpentine, car le Brenay fait peur rien qu’à le regarder (bien raide + séracs + grosses crevasses = non merci). Le plafond nuageux est stabilisé autour de 3500m, on le rejoins au mur de la Serpentine. Il faut alors suivre les traces du groupe nous précède dans la purée. On met les couteaux. Le vent efface les traces, on n'y voit pas à 3 mètres, GPS obligatoire jusqu'au sommet du Pigne d'Arolla. Malheureusement, on ne verra pas la vue du point culminant de la traversée. Le temps de prendre une photo du jour blanc au sommet, on entame la descente vers les Vignettes, toujours au GPS. Ca se découvre rapidement et on peut enfin admirer la vue. Arrivée à 13h, en prenant le petit raccourci "minéral", à côté de la stèle du drame de 2018. Le refuge perché sur son arrête est très accueillant, et surtout quel plaisir de retrouver la calme de la montagne au milieu de troupeaux d'américains complètement souls et survoltés à l'heure du repas.

A peine le temps de capter une barre de réseau à l'entrée du refuge que la météo nous annonce la débandade. Une météo pourrie est prévue, ce sera finalement encore pire. Pas de crème solaire aujourd'hui, une accalmie pour notre belle peau toute grasse qui n'en demandait pas tant.

Pas envie de zigzager en jour blanc entre les crevasses du glacier Stockji, on chosit l'option sage de descendre par Arolla. On profite de la réchappe après le col de l'Evêque, sous un gros blizzard et une visibilité vraiment pas terrible. Une piste de ski bien pratique nous emmène presque jusqu'en bas en minimisant le portage. Zermatt et le Cervin, ce sera pour une autre fois.

4 refuges, 0 picnic achetés, 0 litre d'eau payé (vive la gourde filtrante), mais quelques bières bien méritées, du soleil un peu tous les jours, mais pas de coups de soleil, des glaciers, de la neige dure, de la soupe et une pincée de poudre, des manips, des rencontres, des mollets qui chauffent, en bref une semaine bien rentabilisée !