Départ : Saas Fee (Längflue) (2870 m)
Topo associé : Alphubel, 4000 de Saas Fee
Sommet associé : Alphubel (4206 m)
Orientation : T
Dénivelé : 5040 m.
Ski : 3.1
Sortie du mercredi 15 mai 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau avec quelques nuages à la veille de la dégradationEtat de la route : noire
Altitude du parking : 1800
Altitude de chaussage (montée) : 2988
Altitude de déchaussage (descente) : 1810
Activité avalancheuse observée : quelques chutes de séracs entraînant des avalanches de poudre dans les pentes raides
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
N | Poudre tassée | Dans les combes abritées | ||||
N | Croutée | Dans les zones qui ont subies réchauffement | ||||
NE | Transfo lourde | Au soleil du matin |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Lionel et Cath
En rayonnant autour de Britanniahütte. Strahlhorn, Rimpfischorn, Allalinhorn et Alphubel
Itinéraire résumé :
Jour 0 : M
ontée par le téléphérique de Felskinn (2988m) puis chemin tracé à la dameuse jusqu’au refuge Britannia (Britanniahütte 3027m) du SAC (club Alpin Suisse). D+ = environ 60m.
Jour 1 : Montée au Strahlhorn (4190m) le matin. Descente jusqu’à 3300m au pied de l’Allalinpass. Remontée en début d’après-midi d’abord à l’Allalinpass (3556m), légère descente pour éviter l’arête O-NO jusqu’à 3500m puis remontée jusqu’au Rimpfischorn (4199m). Descente idem puis Britanniahütte. D+ = 2300m.
Jour 2 : Du refuge, descente d’abord à Felskinn puis encore plus bas à 2815m. Remontée en face Nord par Feejoch puis face Ouest de l’Allalinhorn (4027m). Attention, les itinéraires indiquées sur les cartes Suisses, passant par l’arête NE, passant par Mittelallalin ressemblent fort à une course d’alpinisme sur rocher et glace. Descente par le Feegletscher jusqu’à l’arrivée du télésiège du même nom (2840m) puis encore plus bas (2800m) pour reprendre la combe conduisant à Egginerjoch (2988m), puis au refuge. D+ = 1455m.
Jour 3 : Du refuge descente jusqu’à l’arrivée du téléphérique Felskinn (2988m), puis « tunnel » du métro Alpin, redescente arrivée télésiège Feegletscher (2840m), puis traversée et montée par la voie normale face Est de l’Alphubel (4163m). Descente sur Saas Fee (1772m), d’abord sur le glacier puis sur les pistes de Saas Fee. D+ = 1225m. D- = 2390m.
Total du D+ des trois jours = 5040m.
Initialement, nous étions partis pour faire un sommet dans les Écrins, dans une ambiance sauvage et isolée. De nombreuses consultations des sites météo, et suite à un coup de téléphone au refuge Britannia, nous voilà parti pour le grand voyage ! Il y a une seule montée par jour par le téléphérique en cette saison, à 16h30. Après 8 heures de trajet en partant du fin fond du Livradois/Forez, on arrive au départ du téléphérique avec seulement 10 minutes d’avance ! Le trajet du parking au départ du téléphérique est long, on l’a fait quasi en courant !
Refuge Britannia : l’usine, ce qui n’est pas gênant en soi, j’en ai fait d’autres cette année (Gniffetti en Italie par exemple), et l’ambiance était bonne. Ici, il est clair que c’est juste une entreprise pour faire de l’argent. Quelques exemples : la bouteille d’eau de 1,5 L = 10 CHF, soit environ 9€. On doit faire remplir son thermos avant 18h la veille de la rando (je n’ai pas de thermos, juste une gourde que j’enveloppe de mes surmoules, ce qui permet de garder chaud puis tiède environ 8h, là, j’ai juste eu de l’eau bien froide !). Le nombre de dortoirs ouverts est calculé au plus juste, de même que les réfectoires, résultat, on est toujours les uns sur les autres quelque soit le nombre de randonneurs ! Par ailleurs, demander des renseignements sur les conditions de neige ou de glace, ou des renseignements sur l’itinéraire relève de la quête perdue, il y a certes le barrage de la langue, les Suisses Alémaniques parlant souvent mieux l’Anglais que le Français, mais surtout, on dirait que le personnel ne doit pas trop souvent aller en montagne. On est loin des refuges du tour de la Meije, où les gardiens téléphonent par radio le nombre de randonneurs attendus pour le refuge suivant, et prodiguent des conseils avisés. Niveau bouffe, c’est pas le top, juste suffisant. Mais tout n’est pas négatif, c’est propre (!), le personnel est souriant. Les WC sont à séparation et sont sans odeur.
Bref ! On y est !
Le jour 1, comme on est pas certain de la météo, et qu’on a la forme cette année, on fait deux sommets, d’abord le Strahlhorn, facile, puis le Rimpfischhorn, facile jusqu’à la partie rocheuse. Là, ça se corse un peu. À ce moment l’équipe est séparée, le grimpeur de tête juge, à 100 mètres du sommet, dans une zone où le rocher est séparé par des petites zones de glace vive, qu’il est temps de redescendre (il est 15h45). Faudrait ps non plus rater la soupe, d’autant que les distances dans ce coin sont longues, ce qui n’est pas lisible instinctivement en lisant les cartes au 1/50000e.
Le jour 2, repos relatif… l’Allalinhorn est censé ne pas représenter de difficulté, ce qui s’avèrera exact. La difficulté a d’abord été la récupération de nos guiboles, fatiguées de la veille, et notre ignorance d’un passage secret qui permet de basculer directement de l’arrivée du téléphérique au pied du petit glacier. Il s’agit du « métro alpin » ! Il y un tunnel qui reste ouvert, pour permettre aux ouvriers d’aller travailler au terrassement du glacier (!) plus haut. Nous, on a bien vu que les randonneurs devant nous ont disparu et réapparus bien plus loin, mais il ne nous est pas venu l’idée d’aller ouvrir la porte close de ce fameux métro alpin ! C’est donc bien plus tard que l’on retrouve la trace, et en même temps les pelleteuses et les ratracks, qui creusent d’énormes routes, terrasses, tranchées, que sais-je ? On apprendra plus tard que c’est pour préparer le ski d’été ! Ça a un coté fin de civilisation cette histoire ! Bon, ensuite, tout se passe bien, sauf qu’au retour non plus on ne passe pas par le passage secret…
Jour 3 : c’est le jour du retour. On passe par l’Alphubel d’abord. Cette fois on prend le fameux tunnel, et on économise quelques précieuses minutes. On laisse nos affaires inutiles à l’arrivée du télésiège du Feegletscher, on les reprendra au retour. La montée est facile à trouver, vu les nombreuses traces. Il y a un passage dangereux, où l’on reste pas mal de temps sous les séracs. Il en est tombé un énorme la veille, on l’a vu entre notre aller et notre retour de l’Allalinhorn la veille. Il reste des bouts qui n’ont pas l’air de très bien tenir. C’est comme un genre de roulette russe, mais combien d’emplacements dans le barillet ? J’essaye de faire un calcul de statistiques, j’ai bien l’impression que j’ai largement plus de probabilité de me prendre un bloc de glace de plusieurs centaines de kilos, que de chance de gagner au loto. Et puis, comme souvent en alpinisme, on oublie, et l’émotion du sommet, la griserie de la descente, engendrent une forme de déni du danger. Après tout, c’est souvent sans personne dessous que ça tombe, ou au pire sur la tête des autres ! Nous, on choisit comme thérapie, pour se remettre de ce mini trauma, une descente de rêve, et une bonne bière en terrasse à Saas Fee.