Départ : Saint Christophe en Oisans (le Clot) (1383 m)
Topo associé : Col de la Mariande, Versant Nord
Sommet associé : Col de la Mariande (2940 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 2230 m.
Ski : 2.3
Sortie du dimanche 21 mai 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
grand beau - ciel éclatant - ni trop chaud ni froid - juste un petit vent du N empêchant le réchauffement rapide de la neigeEtat de la route : pas mal de cailloux sur la rte d'accès au Clot
Altitude du parking : 1400
Altitude de chaussage (montée) : 2000m
Altitude de déchaussage (descente) : 2000m
Activité avalancheuse observée :
ras au moment de la course - quelques coulées antérieures dans le vallon mais ne le détériorant pas
pas mal de chutes de pierres provenant de la moraine orientée E à 2400 m en rive G du vallon - si ça chauffe, bien rester sur la croupe de la moraine inférieure, le creux de sa rive g étant alors un couloir de circulation intense de la caillasse
Par rapport à l'année dernière, presque jour pour jour, moins de neige dans le plat du vallon, mais davantage au-dessus de 2300m. Le verrou est encore encombré de neige dure côté N, neige qui peut se contourner facilement par la D. Le dédale du ruisseau de la Mariande a été bien plus facile à passer en restant toujours en rive G.
Il a dû neiger 5-6cm pas davantage, cette neige a ramolli au soleil mais dessous c'est bien ferme. Une 100aine de mètres de neige pas encore complètement transformée dans le haut, ensuite neige de printemps parfaite jusqu'au déchaussage.
Que dire de la skiabilité dans la configuration suivante : en gros 1300m de ski excellent (avec le bonus) pour 700m de portage et 100m de neige incomplètement transformée. Pour moi, c'est tout bon.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
topo jusqu'au pt 3020 + remontée de 350m entre 2000 et 2350
Je le lui avais promis l'an passé : je reviendrai. Comme je ne suis pas sûre que mes progrès vous sauteront aux yeux, je me permets de vous faire remarquer que j'ai eu le courage d'entreprendre ce voyage bien que la durée d'ensoleillement n'était aujourd'hui que de 15h05 alors qu'elle s'élevait à 15h34 le 24/5/2016.
Nuit :
Afin d'être opérationnelle à la première heure (que j'avais fixée à 4h30 pour le départ) je n'ai pas cherché un lieu de bivouac idyllique. Mais j'ai trouvé, en face du pk du Clot, où les touristes ne se bousculent pas, une place honnête, sèche, plate, sans cailloux, juste quelques orchis sureau à ne pas écraser. La vue n'était pas imprenable puisqu'elle était déjà prise par une montagne bien pointue comme on sait les faire dans la vallée du Vénéon et que je n'ai pas identifiée. En contrebas, le Vénéon et la Mariande fêtait bruyamment et sauvagement, comme il se doit, leurs noces éternelles. La nuit étoilée a été magique.
Départ :
(parodiant Homère – trad. Ph. Jacottet – arrangements Taramont)
« Lorsque parut la fille du matin, l'aube aux doigts roses, la randonneuse s'élança hors de son duvet ; quand elle fut habillée, elle mit son sac sur les épaules, glissa ses pieds brillants (?) dans de belles Dynafit et sortit de sa tente : on aurait dit une Immortelle »
Je vous fait grâce de la suite, c'est un tantinet présomptueux, déjà ci-dessus c'est limite. Je ne résiste cependant pas à vous citer les 2 vers qu'on trouve un peu plus loin :
« Athéna la dotait d'une grâce surnaturelle et tout le peuple, à son passage, l'admirait »
Comme les lieux étaient absolument déserts, y avait pas de risque.
Dans la réalité, j'ai glissé mes pieds dans les baskets et l'aube n'est arrivée qu'à Gassaudière.
Montée :
Brut de pomme : c'est long, c'est raide jusqu'au verrou, ensuite plaisir +++
Oui, il faut aimer marcher et porter. Mais, je l'ai déjà dit, marcher n'use que les chaussures et porter, on finit par oublier si on est pris par le charme. Car ce vallon paraît avoir été frappé d'un sortilège. Ici, le temps semble s'être arrêté et pourtant s'écoule toujours trop vite. Comment expliquer cette impression d'être chez moi ? Je n'y viens qu'occasionnellement, je n'y fais jamais le ménage, je ne me suis jamais souciée de la déco, je n'y ai pas organisé d'orgies et n'y retrouve aucun souvenir croustillant. Et pourtant. Chaque fois que j'arrive, le ciel s'illumine et Mariande paraît m'accueillir au palais des glaces. Il semble qu'une fée ait poussé la poussière sous les derniers aulnes (un peu à la va vite, j'ai bien vu), la déco est immuable : de temps en temps, comme chez soi, un bibelot qui en a marre d'être là, se laisse tomber dans le vide et dans l'oubli. Et tout ce qui croustille, c'est la terre gelée sous mes pas. La seule musique de la fête est une délicate musique à vent, celle de mon souffle en duo avec celui des zéphirs.
A l'arrivée : Elle était là, la Mariande.
Elle : j'ai failli t'attendre !
Moi : tu sais bien, je ne suis pas une flèche, j'ai musardé dans ton si beau jardin.
Elle : n'essaie pas de me prendre par les sentiments, je ne suis pas contente.
Moi : ça, je l'ai vu, t'as lâché tes moraines sur moi, on aurait dit Gravelotte, tu m'as ratée de justesse ; qu'est-ce qui ne va pas ?
Elle : on ne peut pas compter sur toi ! L'année dernière, tu m'as promis que tu parlerais de moi sur un site. Tu ne dois pas être douée pour la com car à part 2 qui sont allés au Montagnon juste après ta visite et un autre qui est allé au col de la Hte Pisse en février, je n'ai vu aucun de tes ouriens. Bien sûr, chez moi, c'est moins prestigieux que le Montagnon.
Moi : peut-être, mais c'est impressionnant chez toi : si on jette un œil côté Valjouffrey, on ne sait jamais si on va le récupérer, tellement il descend profond. Tu sais, ils se débinent tous sous des prétextes bidons : « j'ai mal aux genoux, à la tête, au dos (rayer la mention inutile) », « j'ai déjà passé à autre chose », « j'ai une beuverie prévue ce WE », « j'aime pas marcher/porter », « c'est trop sauvage », « plus personne ne va dans des endroits pareils », je t'en passe et des meilleures. En fait, je crois qu'ils ont peur de me rencontrer : ils fantasment sur mon chapeau pointu, mon nez crochu avec sa verrue dessus et ils ont peur que je leur jette un sort. Tiens, pour te montrer que je suis ton amie, je vais te chanter quelque chose.
Elle : c'est de qui ?
Moi : elle a été écrite par Moustaki, mais moi j'aime quand elle est chantée par Reggiani
Elle : je soupçonne que tu l'as encore triturée à ta guise
Moi : tu me connais bien, mais c'est de circonstance ; écoute ! Je commence : « La femme qui est sur mes skis n'a plus 20 ans depuis longtemps.... »
Là, elle essuie furtivement une larme : elle ne sait pas si nous nous reverrons. Moi non plus.
Descente :
Pur bonheur. Là où la messe est dite, je me sustente et je remonte le vallon tant qu'il est orienté N. Rien ne presse, la neige ne bouge quasiment pas. Ce bonus m'a comblée et, cerise sur le gâteau, il m'a fait passer le cap des 2000m. J'avais toujours pensé que pour des randonneuses de mon style, à 2000m de D+, on doit s'évanouir ou même mourir. Rien ne s'est passé. Mais, je crains que, ce soir, il ne se passe plus grand chose non plus.....






















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