Départ : Zinal (1675 m)
Topo associé : Bishorn, voie normale
Sommet associé : Bishorn (4151 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 3790 m.
Ski : 2.3
Sortie du jeudi 25 avril 2013
Conditions nivologiques, accès & météo
J1 : temps couvert
J2, J3, J4 : grand beau, températures élevées sauf dans la montée au BishornEtat de la route :
RAS pour monter à St Luc et descendre de Zinal ; par contre, route du Turtmanntal fermée jusqu'à Oberems
Altitude du parking : St Luc (1650m), Zinal (167
5m)
Altitude de chaussage (montée) : 1750m
Altitude de déchaussage (descente) : 1675m
Activité avalancheuse observée : ras pendant la randonnée ; par contre, purges impressionnantes dans les hautes vallées d'Anniviers et de Turtmann
conditions de neige :
J1 : neige mouillée
J2 : bon regel nocturne, descente du Meidpass (9h environ) en conditions optimales jusqu'aux abords de Maissstafel (2235m), ensuite neige pourrie en profondeur dans la partie boisée (nb : par temps chaud, cette descente doit être abordée le plus tôt possible ce qui a aussi l'avantage d'éviter la fournaise des derniers 400m sous le refuge)
J3 : regel médiocre avant le glacier mais montée facile du Barrloch, descente des 200m sur le Turtmanngletscher en neige croûtée dans la moitié inférieure
J4 : neige soufflée sur le haut masquant traîtreusement les crevasses et croûtée dans la moitié inférieure ; neige encore dure (un peu après 9h) dans les 50 premiers mètres sous le col de Tracuit après la partie rocheuse équipée d'une chaîne (dans ce cas, les crampons peuvent être utiles) ; ensuite neige de cinéma sur 1000m au moins ; dans la partie boisée, nécessité de louvoyer pour trouver les meilleurs passages encore enneigés ; après le pont, le sentier en rive G de la Navisence offrait encore une bonne glisse mais aussi une petite remontée un peu pénible et des traversées de culots d'avalanches encombrés de branches, de pierres et de terre nécessitant des déchaussages ; la traversée du grand replat terminal justifie la position ski de fond pour rester sur une bonne impression de glisse. Dans l'ensemble, la skiabilité peut être qualifiée de bonne puisqu'on a rencontré un peu de tout mais qu'on se souviendra surtout du très bon.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Claire F et Elise
St Luc, Cabane de Chippis, Meidpass, Blüomatt, Turtmannhütte, Brunegggletscher, Turtmanngletscher, Cabane de Tracuit, Bishorn,Col de Tracuit, Roc de la Vache, Ruisseau de la Navisena (pont 1907m), Zinal
Quand vous ouvrez les topos du CAS à la page des photos, vous êtes foutus : vous ne pouvez plus résister à faire votre sac pour vous lancer vers ces immenses espaces (toujours sans un seul nuage, notez-le bien) et placer vos spatules là où, apparemment, passe en toute facilité, la ligne rouge de l'itinéraire. Si, de plus, vous êtes entraînée dans l'aventure par 2 excellentes copines aussi enthousiastes que compétentes, la chose est pliée. Notre périple, en l'occurrence, est le résultat d'un assemblage de quelques pages du topo ; avec passion, mais très raisonnablement, il a été concocté en commun en tenant compte de quelques contraintes. Un objectif non négociable : arriver au sommet du Bishorn fraîches et roses, de la façon la plus douce possible, et en toute sécurité. 2 mauvaises cartes : route du Turtmanntal encore fermée et remontées mécaniques de St Luc tout aussi fermées depuis... la veille. Mais 2 atouts aussi : un créneau de beau temps de 3jrs à peu près garanti et une triple volonté inébranlable.
Avec ces cartes en main, et avec la complicité de grand mère Aline qui sait où est la clé de la Cabane de Chippis, les choses s'annonçaient plutôt bien.
J1 : Par temps couvert, la montée à la Cabane Chippis n'a rien d'exceptionnel mais elle a l'avantage non seulement d'être courte mais surtout d'être possible pour être d'attaque pour la splendide mais longue journée du lendemain.. Nuit tout confort, seules dans l'agréable cabane où l'on séjournerait volontiers plus longuement (en période de fermeture du domaine skiable, of course)
Animal du jour : un chevreuil traversant tranquillement une piste de ski du domaine de St Luc qu'on emprunte après un court raidillon dans la forêt
J2 : Ciel clair, regel nocturne, on part à 7h (6h eut été mieux, mais çà, c'est la suite qui nous le dira). Et c'est la traversée montante, avec quelques montagnes russes (eh oui, en Suisse il y en a aussi) vers le Meidpass. Bientôt, on se rend compte que des courageux ont amorcé la montée directe depuis St Luc et sont à l'approche du col. Quand nous y arrivons, ils ont déjà basculé dans la descente. Au col, le Bishorn et son comparse le Weisshorn nous font un clin d'oeil séducteur, touchante manoeuvre pour essayer d' empêcher que nous réalisions à quelle distance (même à vol d'oiseau !), ils se trouvaient encore. Pas de temps à perdre : jusqu'à 2300m environ, la descente dans ces larges espaces rien que pour nous est enivrante. Après, on est vite dégrisé : une traversée descendante vers l'alpage de Massstafel (oui, il y a 3 s, c'est comme çà et sur le fronton du chalet le lieu est libellé Mässstafil), espacement obligatoire, les fesses serrées et quelques coups d'oeil préoccupés vers les pentes supérieures et tout ceci en cherchant, souvent vainement d'ailleurs, (enfin çà dépend beaucoup du poids additionné du skieur et de son sac) à ne pas sombrer au fond du magma blanc. Puis arrive la partie dans le bois de mélèze très pentu et là c'est la Bérézina, on n'a plus qu'une idée : arriver sans plus tarder au pont qui sera le lieu idéal pour un casse-croûte plus que mérité autant pour l'effort fourni que pour celui qui reste à fournir, à peu près équivalents en termes d'horaire. Là on rencontre l'équipe germano-belge partie de St Luc pour la même destination que nous, c'est à dire la Turtmannhütte. On se sustente, on se prépare psychologiquement à un "petit" effort complémentaire. Le sentier suit bucoliquement le torrent mais dénivelle mollement. On traverse des culots d'avalanches monstres et on fini par arriver au barrage dont les eaux sont en début de débâcle. Un grand ronflement, non, ce n'est pas une avalanche mais le torrent à traverser par un petit gué sympathique qui rompt la monotonie du pas des mules skieuses. Mais jusque là, rien de méchant, juste une longue étape. Le coup de grâce c'est les derniers 400m sous le refuge, neige molle masquant à peine le pierrier, dans la fournaise de l'après-midi. Mais la bière nous attend au refuge et l'équipe germano-belge n'a pas tout bu. Excellente soirée dans un refuge impeccablement tenu avec l' occasion d'échanges sympathiques associée à celle de pratiquer les langues étrangères.
Animal du jour : une grenouille surfeuse (ou lugeuse ?) se laissant glisser dans la pente toutes pattes écartées sans aucun souci de dignité.
J3 : Nuit claire mais peu de regel avant le glacier. Le Barrloch ne pose aucun problème : des marches confortables. Pour arriver au pied, on a eu la bonne idée d'accepter une petite descente vers la moraine ce qui rend la progression bien plus facile qu'en trace directe déversante dans une pente raide parsemée de cailloux. L'autre équipe est partie depuis 1h30 environ en direction du Brunegghorn. Après le promontoire rocheux du Gässi, on devine leurs petites silhouettes dans les dernières pentes du Brunegghorn, mais Dieu que c'est loin ! On atteint assez facilement l'altitude 2900m où on peut enlever les peaux pour la petite descente de 200m sur le Turtmanngletscher. Enfin du ski ! Hélas, une partie est lamentablement croûtée. Ensuite, il reste 500m de montée pour atteindre la cabane de Tracuit dont les premiers 400m sont aussi raides que les derniers 100m sont désespéremment plats. Mais à la cabane, il n'y a pas seulement la bière consolatrice mais la sidération devant la couronne impériale. Nous aurons la grande chance de voir encore la vieille cabane datant de 1929, vouée à la destruction avant l'été, les travaux du nouveau refuge étant en voie d'achèvement. Petit pincement au coeur et grand pincement du nez quand on ne peut plus repousser l'heure d'aller aux toilettes...
Animal de la journée : le porc, en l'occurrence de nationalité autrichienne, faisant ses ablutions dans la neige destinée à l'eau de fonte du refuge malgré un panneau bien explicite et exhibant les bijoux de famille devant la clientèle du refuge pour les récurer tout aussi publiquement....à part çà, des gens charmants ; choc des cultures ?
J4 : Couronnement du périple. Toujours grand beau. Lune rousse dans la nuit faiblissante. Personne devant nous, on avance vite dans la fraîcheur de l'aube. Frontale vite inutile. Tiens, l'onglée ! j'avais presque oublié ce désagrément. 2 italiens finissent par nous gratter mais Elise et Claire sont les 3e au sommet. Une 20aine de mn plus tard, elles viennent à ma rencontre sur le promontoire avant le ressaut final et voilà, c'est fait. Le Weisshorn nous regarde sévèrement. Plus loin, la Dent Blanche et le Grd Cornier se rappellent à mon souvenir. La descente n'est pas tout à fait en neige de cinéma. Claire arrive même à mettre le pied dans une crevasse aux bords bien rudes. Petite pause au refuge pour attendre que la neige revienne un peu dans la descente censée être une des plus belles des Alpes Suisses. Ce qu'elle est assurément. Au col de Tracuit, passage rocheux équipé d'une chaîne, il faut mettre les skis sur le sac et j'aurais mis nettement moins de temps à descendre les premiers 50m à pied si j'avais mis les crampons. Ensuite, que du bonheur ! Nous basculons sous le Roc de la Vache après une petite remontée de 50m, remontée que les autrichiens ont voulu s'épargner en descendant par l'itinéraire d'été, pourtant déconseillé dans tous les topos. Au bistrot de Zinal, ils trinquaient à leur vie, conscients du fait qu'ils avaient fait une belle c....A l'intersection avec le vallon de l'Ar Pitetta, les névés se font discontinus mais encore bien skiables et on se trouve vite au pont sur la Navisence. Il ne reste plus qu'à emprunter le sentier enneigé en rive G, surmonter quelques culots d'avalanches tout aussi monstrueux que dans la vallée à côté puis de se convertir en fondeurs pour avaler le long plat du fond de la vallée de Zinal.
Animal du jour : le crapaud/grenouille, les 2 étant intimement liés en cette période de l'année et songeant à autre chose qu'à détaler à l'arrivée d'un randonneur, lequel, quel que soit son niveau de fatigue, fera quelques détours par discrétion mais aussi pour leur éviter un accouplement fatal.
Tout çà pour dire qu'en 4 jours de raid, on en voit de toutes les couleurs. Sans doute est-ce justement pour cela qu'on y retourne tant qu'on peut....













































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de St Luc à Zinal en passant par le Turtmanntal 


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