Clôt la Cime, couloir du pilier N

Massif : Queyras - Alpes Cozie N
Départ : Cervières (Le Laus) (1745 m)

Topo associé : Clot la Cime, Couloir du Pilier N

Sommets associés : Col des Ourdeis (2420 m) Clot la Cime (2732 m)

Orientation : N

Dénivelé : 600 m.
Ski : 4.1

Itinéraire suivi :
Une visite matinale à Clôt la Cime pour finir l'hiver en beauté. La nuit a été claire et le regel nocturne excellent, un peu trop d'ailleurs comme je le constaterai plus tard. Il est 6h du matin, je me gare vers 2150 m, sous le col de l'Izoart dont la route d'accès a été ouverte la veille, m'épargnant ainsi une heure de portage. Je pars dans la forêt les skis sur le sac pour une petite marche d'une vingtaine de minutes, bercé par le roucoulement d'un tétras qui reste caché quelque part. J'adore ce coin resté celui de la nature malgré la route toute proche. Je n'y fais que de belles rencontres, sous forme de traces animales le plus souvent. Le relief est complexe, un peu mystérieux, toujours élégant. Je chausse les skis au sortir de la forêt. Après avoir pris la direction classique vers le col des Ourdéis, j'opte pour la montée plus esthétique par la combe NO. La neige est dure mais les couteaux mordent bien. Lorsque la pente se redresse, j'opte pour les crampons. La sérénité procurée me permet de savourer cette progression entre neige et ciel malgré des bourrasques de vent qui m'obligent à rester concentré. La cime se rapproche et le spectacle se dévoile... Je me régale les yeux et l'esprit. Le vent a disparu comme par enchantement. Il n'y a pas un nuage. La lumière est sublime. Il est juste 8h. Je stoppe au bord du cône parfait duquel plonge le couloir N. La neige est comme lissée, les formes sont parfaites. Je descends un peu en crampons pour tâter la neige dans le cône de départ. La neige est encore très dure mais elle accroche bien. Tout cela est très rassurant. Je ne vois pas l'état du couloir qui plonge dans une étroiture formée par les falaises et encore bien dans l'ombre. Je sais que cette étroiture ne fait que quelques dizaines de mètres de hauteur et que je vais retrouver le soleil ensuite. Comme la neige frémit à peine sous les rayons du soleil, je décide de m'accorder de longues minutes de contemplation. L'absence de vent invite à s'abandonner à la sérénité du lieu, loin des fracas du monde. Je profite de l'instant. Mais je crains la neige pourrie qui pourrait se former plus bas. Il est déjà 8h40. Alors je chausse les skis et je plonge avec volupté dans ce cône immaculé. Les premiers virages sont un délice et me voilà dans l'étroiture. Changement de décor total. La neige est toute parsemée de boulettes et d'aspérités dures comme comme la glace. Le fond est béton. Impossible d'enclencher un virage sans me faire un croche patte. Je vois le soleil plus bas à la sortie de l'étroiture et je décide de descendre prudemment en escalier, en évitant de coincer les skis. Je mets trop de temps à comprendre que l'étroiture se resserre plus bas à cause d'une goulotte formée par l'écoulement naturel de la neige. Mes skis ne tiennent qu'au niveau des spatules et des talons et la neige est devenue presque de la glace. J'avise un petit rocher providentiel qui affleure et va me servir de mini plateforme pour déchausser mes skis et remettre mes crampons. Je poursuis la descente en pointes avant. Il était vraiment temps de changer la voilure ! Le passage délicat ne fait qu'une quinzaine de mètres, le temps de retrouver le soleil. Je rechausse les skis mais la neige est toujours dure comme du béton. Cela ne me gênerai pas si la neige était lisse mais les boulettes et autres aspérités sont toujours là. J'imaginais que le soleil donnerai un peu de souplesse, mais non, je suis descendu trop tôt. Je décide de traverser vers un autre petit couloir plus à gauche, un peu mieux exposé au soleil matinal. Cela devient jouable et je me débrouille entre les zones parsemées de débris d'avalanche jusqu'à parvenir dans la large partie finale avec de beaux passages de billard. Je suis étonné que la neige soit toujours si ferme, mais ça tourne tout seul et c'est un régal. C'est seulement à l'approche de la forêt que la neige commence à se ramollir. Je connais bien les lieux qui sont un de mes jardins secrets et je poursuis la régalade en me faufilant entre les mélèzes et en jouant du relief tourmenté qui dessine de très beaux passages. Je stoppe à ski devant la voiture. Je savoure encore l'instant un moment. Je profite du soleil pour étendre fringues et matériel. Et puis je redescends tranquillement fenêtres grandes ouvertes...