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Sorties > Alpes Bernoises E > Escapade à l'Aletschhorn

Escapade à l'Aletschhorn ⭐⭐⭐

Massif : Alpes Bernoises E
Départ : Blatten (1525 m)

Topo associé : Aletschhorn arête SW depuis oberaletschhutte

Orientation : SW

Dénivelé : 4300 m.
Ski : 4.2

Sortie du dimanche 27 avril 2025

N∇BL∇

Conditions nivologiques, accès & météo

Météo/températures : ciel couvert sauf samedi avec un beau soleil
Conditions d'accès/altitude du parking : parking de Geimen, puis bus jusqu'à Blatten pour prendre le telephérique jusqu'à Belalp
Altitude de chaussage/déchaussage : autour de 2000m
Conditions pour le ski : Excellente neige sur l'arête de l'Aletschhorn, moquette très sympa sur le glacier selon ensoleillement

Conditions nivo et activité avalancheuse : La partie sous le refuge est sujette à des coulées de boues, avalanches de neige mouillée, etc... Plus haut, quelques départs ponctuels près des rochers en versant chaud et c'est tout.

Skiabilité : 🙂 Bonne

Compte rendu

Itinéraire suivi : montée par Belalp au refuge, puis Geisslucke le vendredi et Aletschhorn SW le samedi avant de rentrer sur Blatten.
Horaires : 6h de montée au refuge, 7h de montée pour l'Aletschhorn

Le récit du Petit Nicolas:

J-0 :
La maîtresse n'a pas terminé son dernier mot, la cloche n'a pas fini son dernier "ding", que, déjà, avec Sylvain, on saute dans l'auto direction l'Oberland pour une petite aventure prévue de longue date. Ce soir, on dormira près de Naters, prêts à prendre la première benne demain matin.
Il fait nuit noire quand on débarque, mais Sylvain a déjà décrété que c’est plus beau que le Val d’Aoste… Je l'ai bien vanné sur ce coup, mais il est vrai qu' au retour, en plein jour cette fois, j'ai bien du admettre qu'il avait raison!

J-1 :
On attaque par le téléphérique jusqu'à Belalp, jusque là tout va bien, je trouve ça très malin comme moyen de locomotion, et puis direction l'Hôtel Belalp.
De là, petite traversée suspendue au-dessus de barres rocheuses pour rejoindre le fameux couloir dont tout le monde parle.
Alors oui, c’est un peu raide, mais franchement, je m'attendais à plus spectaculaire. De bon matin, tout passe tranquillement. Après ça, cap sur le glacier, puis montée pépère vers la cabane Oberaletschhütte.
Pas franchement un glacier de carte postale : bosselé, râpé, parfois la moraine qui pointe. Jusque là, rien de bien fou, mais c'est en arrivant au pied du refuge qu'on perce la couche de nuage et que tout s'ouvre, le glacier se sépare en deux branches vraiment très chouettes, une qui va vers le Nesthorn et une vers l'Aletschhorn. Voilà le terrain de jeux des prochains jours!

Petite spécialité locale : l’accès au refuge se fait par une via ferrata de 150m de dénivelé. Qu’on fera... six fois. Oui, six. C'est beaucoup six, ca tient pas sur les doigts d'une seule main. Manquant de jugeote et de sens pratique, on grimpe ce jour-là skis sur le dos. La gardienne, sourire en coin, nous glisse que normalement "les skis dorment en bas"...
Mais moi, tu me dis "raid à skis", j’entends surtout "à skis" — pas question de les lâcher !
Bon, étrangement, dès le lendemain, ils feront chambre à part sur un caillou en contrebas.

On prend quelques infos : personne n’a refait l’Aletschhorn depuis la dernière chute de neige qui a tout plâtré en blanc. Trop de neige paraît-il...
Non mais sérieusement : tout l’hiver on attend la neige, et là, y'en a "trop" ?

J-2 :
Panne de soleil aujourd'hui, mais pas de problème : on part reconnaître une partie du chemin, en faisant le Geisslucke, sommet plus accessible par mauvais temps. Franchement, "trop grande quantité de neige" ?
Nous, on a surtout dégusté une descente sur de la neige non décaillée, croûtée, qui cédait sous nos skis quand ça lui chantait. On pourrait bien se demander ce qu'on fait si loin de la maison à skier dans le brouillard, oui mais voilà, à la météo ils viennent de dire que demain il fait beau...


J-3 :
Réveil 4h. La bouillie du petit-déjeuner avalée en deux coups de cuillère à pot (excellente bouillie, d’ailleurs, j’ai pas arrêté de m’en extasier chaque matin^^). On dévale les échelles l'esprit aussi léger qu'une plume (merci les skis restés en bas). Du glacier on aperçoit une ribambelle de frontales descendant du refuge qui dessine une guirlande lumineuse dans la nuit. C'est beau de se dire que chaque loupiotte a son objectif du jour qui la pousse à se lever si tôt. Partis tout juste devant nous, trois Italiens tracent la voie à un rythme effréné.
Puis deux gars qui venaient d'Egga (soit du fond de la vallée, quoi) nous déposent aussi sec. A 5h du mat. Avec au moins sans doute 5h de montée dans les pattes.
Dans leur sillage, j'ai récupéré mon ego tout chiffonné, je l'ai roulé en boule dans ma poche en prenant garde à ce qu'il ne s'en échappe pas en pleurant, et on a continué comme si de rien n'était.

Dans la partie raide de la montée, l’expression un brin fleurie de "suceurs de trace" , que je reprends à certains skitouriens, prend tout son sens.
Mais bon : quand l'escalier est bien taillé, autant l'emprunter, non ? Et le design de cet escalier respire l'accent italien, il pourrait être présenté par une célèbre marque de sofa tellement il est confortable. Je suis sur qu'en arrivant en haut ils se sont retournés en disant simplement : 
"Et voila!"

On remonte sous de jolis séracs par la droite, puis on leur traverse dessus à gauche pour atteindre l'endroit du dépôt des skis et attaquer l’arête finale.
Vous avez dit dépôt de quoi? On est à 3600m, mes skis, je les ai montés jusque là, alors je vois pas pourquoi ils ne viendraient pas avec moi jusqu'au bout. D’autant que l’arête semble franchement skiable : enfin le "trop de neige" prend tout son sens! La cotation de difficulté ainsi que l'engagement viennent de monter en grade, ce n'est pas la même limonade. Mais moi j'aime bien la limonade. Sylvain hoche la tête, l'affaire est pliée.

L’arête est splendide, avec vue directe sur le Nesthorn et une myriade de sommets dont l'énumération serait aussi longue que fastidieuse. On croise nos Italiens, déjà en descente : petite révérence pour le boulot qu'ils ont abattu.
Encore un passage mixte, quelques requins sous la neige, et je dois me rendre à l'évidence : les skis resteront plantés un peu avant le sommet. Tant pis!
Quelques instants plus tard, sommet atteint. Premier pique-nique à 4000m pour notre cordée ! Et quel picnic : viande de grison et comté, portés a dos d'homme (enfin à dos de Sylvain) : de quoi passer un beau moment en haut! À perte de vue : des sommets enneigés, aux formes inconnues... sauf un, là-bas, au loin qui fait son timide à l'horizon : cocorico, le Mont Blanc !
Deux gars ont tenté un petit couloir sous le sommet.

"Ça passe" qu'ils disaient…

 Apparemment un guide leur tendra une corde quelques virages plus bas pour éviter le record du monde de vitesse de descente de l'Aletschhorn.
Descente sur l’arête : skis aux pieds, c’est du bonheur, même si je respire comme un asthmatique sous coke. Je suis partisan de l'hypothèse que l'altitude c'est dans la tête, mais du coup je ne m'explique pas pourquoi chaque virage est si fatiguant... La fin de l'arête est large et permet de belles courbes puis  on enchaine par la grande descente du glacier tranquillement, sous les séracs de la montée, en allant chercher des pentes ouest avec une moquette au top. Digne du plus grand vendeur de tapis d'Orient de l'Oberland. Et finalement c'est la remontée au refuge par les échelles sous un soleil de plomb, mais avec un sourire qui semble flotter dans l'air. Au moment ou j'écris ces lignes je peux encore le sentir, diffus, quelque part dans la pièce.

J-4 :
Départ matinal pour rallier la voiture avant que les pentes sud ne vomissent leur neige lourde.
Simple, efficace.
Enfin… presque.
Parce que la voiture, elle est garée à Geimen, et Geimen c'est loiiiin...
Donc longue, longue descente sur les chemins sous la moraine puis dans la foret, skis sur le sac, jurons en sourdine.
La foret est bien abimée par ces récentes chutes de neige, il y a des troncs d'arbres de partout ce qui ne facilite pas la tache avec les skis sur le dos. On en discute avec une dame du coin qui fait sa promenade dominicale et elle conclut de la manière la plus suisse qui soit : 

"Ben maintenant, il va falloir tout ranger..."

Pour nous aussi, va falloir tout ranger, se poser, et ôtez moi de la vue ces skis, j'en peux plus de les trimballer sur des chemins en pleine canicule... Enfin, jusqu'à la prochaine fois, quoi...


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