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Sortie du dimanche 20 avril 2025
Antoine D
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : tempête au début, j'ai dû attendre 1h au chaud dans la voiture que ça se calme un peu...
Conditions d'accès/altitude du parking : ras, un peu de neige à la fin, sans les pneus neiges...
Altitude de chaussage/déchaussage : depuis le col
Conditions pour le ski : de très bonnes conditions de ski, une neige pas trop lourde, restée relativement froide tout du long. En milieu d'aprem le bas des pentes qui ramènent au parking avaient un peu plus chauffées et ça devenait de la neige qui attrape les skis et te tord le genoux..
Conditions nivo et activité avalancheuse : j'ai marché sur des oeufs tout du long. C'était clairement pas les meilleurs conditions pur se genre de pente, du col jusqu'en bas de la face ça va c'est stable. Ensuite sur tout le début brassage complet, de la neige jusqu'au nombril et impossible d'avancer efficacement, zéro cohésion. puis jusqu'en haut on marche sur une plaque de 20cm a 30cm mais qui reste en place, ça a pas bougé !Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Itinéraire suivi : parti du col du lautaret vers 9h20 je me lance dans un traçage de qualité, je suis le premier alors je penses aux autres ! Avec la très mauvaise visibilité, je ne voyais absolument pas le relief donc j'ai fait comme j'ai pu, désolé si s'est partis dans tous les sens et beaucoup trop à droite ou beaucoup trop à gauche... fallait se lever plus tôt !
Le temps ne s'améliore pas plus que ça, y a du zef, de la neige, des nuages...
j'arrive en bas de la face à 11h et quelques, j'ai mis ma vie... arrivé en bas, le temps se dégage alléluia !! par contre la stabilité du manteaux neigeux reste à désirer, en bref ça pue. Je me dis que c'est le bas, que c'est là où y a le plus d'accumulations différentes de neige donc que c'est normal. Alors j'entreprends de chausser mes crabes et passer les skis sur le dos et en avant pour la natation. Mais vraiment, je brasse comme Florent manaudo, c'est infernal, j'ai de la neige jusqu'au nombril, j'avance à deux à l'heure, je faisais littéralement 1m par minute, c'était infernal.. puis au bout de 50m en 1 heure, j'arrive enfin à sortir la tête de l'eau. Je repose désormais sur une plaque de neige de 20cm sur laquelle j'arrive à prendre appui et à ne pas trop traverser.
Le soleil commence à sortir, ça ne me rassure pas trop, j'ai peur qu'il réchauffe trop vite la neige. Heureusement il ne pointe le bout de son nez que par intermittence, les nuages de neige et les nuages tout courts sur les crêtes l'empêche de trop briller. Alors je monte je monte, je me pose des questions. Est ce raisonnable ? Est ce que je continue ? J'envoie un sms toutes les 15 minutes à mon ami Gwen, j'ai même mit un minuteur... C'est pas ça qui me sauvera mais au moins y a ça.
Je continue à monter droit dans le pentu, très pentu. Je rejoins le petit verrou qui me faisait douter depuis le bas, je pensais qu'il y aurait beaucoup moins de neige que ça, au final y en a un paquet, ça passe hyper bien ! Passé ce verrou 2 possibilités s'offrent à moi, passer rive droite vers des pentes plus larges, mais plus longues, ou passer rive gauche sur une rampe assez exposée, mais qui permet de rejoindre les crêtes beaucoup plus directement. Après une observation d'une photo prise depuis le bas et un regard sur la montre, il est 13h23, va falloir commencer à s'activer. Je pars rive gauche sur la belle rampe.
Arrivé en haut, on se retrouve sur une épaule, au dessus d'une importante barre rocheuse qui fait peur, et une pente toujours très raide d'environ 15m nous sépare du sommet, malheureusement, il y avait énormément de vent. Et je vois face à moi, une plaque évidente et énorme, je tape dessus avec mon bâton, ça bouge pas, je donne un coup de pied, y a 5m de large qui partent en bas. Ok c'est le moment de s'arrêter, tant pis pour les 15 derniers mètres.
Alors je reste sur mon épaule, et je gèle, le temps de poser les skis, enlever les crampons, enlever les peaux, sortir la caméra, envoyer les sms au papa et à Gwen je me chope un onglet de l'espace, j'arrive même pas à enfiler mes gants de descente tellement j'ai les main congelées.
Bref, j'arrive à faire revenir le sang, ça pique, je chausse, j'allume la caméra, et drop in, il est 14h05. Je me fais caca dessus, c'est super raide, c'est super expo, purée qu'est ce que c'est bon, beaucoup trop bon, le manteau neigeux bouge pas d'un poil, y a rien qui pars, rien qui bouge. Je reste très vigilant à tous les signaux d'alerte possible, mais aucun n’apparaît. Quelle sensation incroyable de réaliser chaque virage avec une si grande concentration, réflexion. Le plaisir est là, celui que je suis venu chercher, celui qui te pousse à monter en haut.
De la légèreté, de la liberté, je suis vivant.
Après tous ces virages, j'arrive enfin en bas de la face à 14h27.
Quelques grandes courbes plus tard, je suis de retour au col, sirotant un bon café allongé du café de la ferme. Il est 14h45.
Lien YouTube de l’ascension et de la descente :