Connexion
Le(s) bras cassé(s) au Mont Blanc 
Sortie du dimanche 12 mai 2024
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : beau, iso à 3500, orage à 18h
Conditions d'accès/altitude du parking : noire
Altitude de chaussage/déchaussage : 2300m
Conditions pour le ski : Très trafolée, et champs de bosses pas super agréables
Conditions nivo et activité avalancheuse : une coulée récente à la descente
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Itinéraire suivi : Arrivé au sommet du Mont Blanc l'année dernière avec Pressor38 après une sieste à l'abri Vallot et l'explosion du délai, je me suis dit que je pouvais y aller avec d'autres moins expérimentés.
Et j'ai composé une équipe de choc :
L'encadrant avec l'endurance d'un koala qui pense qu'il peut faire le K2, moi-même.
Mon pote bourguignon Hugo qui a failli faire tourner court un raid au Grand Paradis, Jean-Louis l'organisateur en fait encore des cauchemars.
Notre cher pas (ethnie des montagnes lyonnaise) Jean, le trailer qui n'a jamais cramponné de sa vie
Thibault avec qui je n'ai jamais skié mais qui est plus expérimenté que les autres a priori
Hugo et moi nous nous sommes acclimatés lors de la fermeture Val Thorens à grand renfort de cubi
Jean et Thibault sur un ancien plateau glaciaire à Méaudre (oui à 950m d'altitude).
Les Grands Mulets sont réservés depuis Noël, ça va bien se passer. La fenêtre météo se profile avec Pressor38 qui part repérer l'itinéraire avec 60cm de poudreuse et le premier jour sous la pluie sans visibilité avec un BERA à 3 en Mai. Oui entre champions on se connait bien. C'est ce que je me disais au bar Vendredi avec l'organisateur de la sortie volontaire au Taillefer avec 100km/h de vent, analysée par Maud Vanpoulle alors je lui ai appris qu'il avait aussi gagné un article dans Montagne Magasine pour son coup de génie.
On descend de la cabine au Plan de l'Aiguille 50m de d- puis il faut peauter sous le glacier des Pélerins. Et là c'est le drame Thibault qui vient de faire entretenir ses skis (ou enclumes de 180 de long 90 au patin et fixes à plaque) ne peut pas coller ses peaux, il essaie le scotch mais après 10m de dénivelé c'est l'échec. Nous perdons donc notre premier camarade de cordée et c'est pas fini.
On s'encorde, passe la Jonction en bonne condition tranquillement puis on arrive au refuge des Grands Mulets en même temps que les 40 encadrants du caf d'Annecy qui ont réservé une semaine avant alors que le refuge était déjà complet. Nous avons pu boire notre bière à la seule place que nous avons trouvée dehors dans des escaliers vue sur les toilettes sèches. Notre sherpa ne pourra pas profiter des herbes de sa plantation. Puis on discute itinéraire, l'arrête Nord est en glace. Une lueur de lucidité me dit que notre plan A est compromis, on discute avec d'autres gens dont les cafistes, des guides et les gardiens tous forts sympathiques et après une hésitation pour Taconaz on opte pour le Petit Plateau, la roulette russe du sérac. On se couche après le premier des 3 services du dîner.
-1h levé, je suis légèrement nauséeux, c'en est trop pour Hugo qui n'est pas très fan de la roulette russe. Il quitte l'aventure.
-2h on cherche la trace en traçant dans la trafolle, pas d'aurores boréales pour nous
-3h on trouve la trace, puis on la quitte pour l'éloigner des séracs du bas qui me semblent évitables
-5h30 on arrive au petit plateau, je decorde Jean pour réduire son temps d'exposition aux séracs. Il disparaît aussitôt.
-6h30 je retrouve Jean au Grand Plateau et on part sur les Corridors, de façon prévisible mes forces m'abandonnent entre 3900 et 4250m, Jean transit de froid n'arrive pas à m'attendre.
-8h Jean s'arrête au col de la Brenva sous les premiers rayons de soleil, je le rattrape et m'effondre. "Passe moi les Doliprane, ils sont dans ton sac à côté de mes crampons" m'écriais-je. J'ai du mal à articuler. Puis je lui recommande de demander à la dernière cordée sur l'itinéraire de les accompagner. Il s'étonne me demande de confirmer puis file les rattraper, RDV pour le retour à 10h
-8h05 je réalise que je viens d'envoyer Jean faire le Mur de la Côte seul avec des gens qu'il ne connait pas alors qu'il ne sait pas faire un noeud et n'a jamais cramponné, je creuse un trou pour m'abriter et le surveille
-8h30 Jean est à 5m de la sortie du mur, le reste c'est facile me dis-je, maintenant je dois lutter pour ne pas m'endormir dans ce lieu hostile
-11h je me réveille de 2h25 de sieste, pas de Jean à l'horizon, il ne répond pas au téléphone, je panique. J'appelle Hugo en sanglotant et lui demande de prévenir le gardien qui lui répond qu'avec le monde qu'il y a on serait au courant s'il y avait un problème. Je chausse mes skis sous adrénaline et j'attaque le mur
-11h30 Jean m'appelle il est en haut, il a froid et fait un début de crise d'angoisse à cause des cumulus qui se forment (effectivement un orage pètera à 18h). Je vois enfin le sommet qui ressemble à une piste de ski en Février, et Jean me voit dans le mur
-12h on se rejoint à 4500m et on descend le mur de bosses de la face N
-14h les jambes cassées par la trafolle et les bosses on récupère Hugo
-15h on passe la Jonction
-16h on est au plan de l'aiguille personne n'est mort ! C'est le soulagement ! Avec 1 sommiter sur 4 partants !
Nouvelle résolution je ne laisse plus seuls des gens inexpérimentés au Mont Blanc !
Horaires : 2h-16h
Commentaires
Pour soutenir Skitour, faites le bon choix