Sortie du dimanche 12 mai 2024
thouthou
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures :
Conditions d'accès/altitude du parking : sec
Altitude de chaussage/déchaussage : 2100m
Conditions pour le ski : bonnes
Conditions nivo et activité avalancheuse :
Un peu de névé mou pas bien tassé en bas (2000-2100m), on enfonce à pied. Bon regel au dessus de la végétation vers 2300m. Croute portante mais qui s'effondre/casse légèrement sous les skis à la montée jusque vers 2500m. Neige bien dure au dessus. Couteaux utiles, surtout au dessus de 3000m.
A la descente neige dure mais bonne accroche dans la face à 11h.
Face parfaitement lisse, quelques boulettes de surface sous les rochers, et une seule coulée dans l'axe sous le sommet (déjà là jeudi matin).
Les épaules au soleil du matin sont mieux revenues. Moquette excellente sur les bosses les mieux exposées et sur les pentes tranquilles vers le lac, mais sinon poil très court /bon grip en NW dans l'ensemble. Sous 2500m faut être un peu plus prudent sur les appuis. Pas senti la neige coller en dessous grâce à la pente du couloir, bon ski jusqu'à 2100m, neige molle en surface mais sans non plus enfoncer de plus de quelques cm. Neige encore bien blanche partout au dessus de 2500m
A midi juste quelques petites purges dans le torrent sous le cirque de la face Est de la Norma, mais il ne reste plus grand chose à descendre de ce coté (mis à part encore quelques corniches au sommet).
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Itinéraire suivi :
improvisation à vue, avec la carte IGN...
garé à la Repose, montée à pied par le joli sentier en balcon rive gauche des ruisseaux du Nant et du Vallon (vires gazeuses dans les pins - il faut que ce soit tout sec sur le sentier et au dessus), traversée à la prise d'eau EDF (2000m), puis sur une sente presque à plat un peu au dessus du ruisseau (ruine, en dessous de la limite des arbres) pour rester à peu près au sec (quelques névés) jusqu'au couloir encore enneigé qui descend du lac de Pelouse (sous le point 2407 - 300m à 30 degrés). Remontée pieds au sec rive gauche du couloir avant de chausser lorsque le couloir s'élargit. Du replat sous le lac, je suis resté rive gauche du ruisseau en faisant un large virage à droite dans la 1ere pente pour contourner les rochers et rejoindre l'arrête au dessus du point 2702. Puis tout droit par l'épaule Ouest vers le sommet de la pyramide et le début de l'arrête rocheuse qui monte à l'aiguille.
Descente nord-ouest droit sous le sommet, puis en tirant à droite (avant la coulée) sur l'épaule nord pour trouver de la neige plus revenue. Puis par des pentes de plus en plus tranquilles, en passant sous le mamelon (point 2535) pour rejoindre le lac (non vu) et le haut du couloir, qu'on peut skier jusqu'au ruisseau du Vallon. Je me suis arrêté avant pour récupérer la sente, mais ca passe peut être directement le long du ruisseau.
Horaires : 7h05 voiture 8h prise d'eau 8h50 sommet du couloir 9h40 épaule 2800 10h20 sommet 10h50 descente 11h20 bas du couloir 11h50 prise d'eau 12h40 voiture.
Après quelques semaines (ou mois ?) perdu sur les sentiers de la vie, je retrouve avec plaisir les skis et le gout de l'aventure dans cette belle Maurienne si sauvage... qui m'accueille en bivouac avec rien de moins qu'une magnifique aurore boréale.
En farniente du coté d'Aussois (i.e. "ski de piste" jeudi matin - descente face sud de la pointe de Bellecote bonne en passant entre les coulées - ski en continu jusqu'au départ du teleski de plansec, personne dans le vallon de la Fournache, tous les couloirs ont une sale gueule avec de grosses purges), j’aperçois pour la première fois une inspirante pyramide toute blanche juste en face... l'aiguille de Scolette. Elle a l'air très bonne à skier: une seule coulée, sinon un grand champ de neige tout propre. L'accès semble néanmoins compliqué... si le haut de l'itinéraire semble évident, comment accède-t-on à la neige avec toute cette forêt et ces gorges encaissées ? (La littérature me dira au retour qu'il y a la "piste du Nant" pour monter là haut par l'autre rive...)
Ca me travaille... après la nuit de vendredi passée à boire les couleurs du ciel, encore sous l'emprise des vapeurs du rayonnement solaire nocturne, je me décide à aller explorer l'autre coté de la vallée.
Quitte à marcher un peu skis sur le sac... mon entrainement hivernal jurassien ayant porté ses fruits.
Je pose donc le bivouac en haut de la route carrossable sur les pistes de la Norma. La nuit reste assez chargée en nuages, persistance d'humidité vers 3000m... le ciel est encore un peu rose au nord, témoin d'un résidu d'activité aurorale - mais rien à voir avec le grand spectacle de la veille, ou des colonnes de lumière jaillissaient de part et d'autre de la Dent Parachée et éclairaient la neige d'une couleur rouge. Vous ne m'en voudrez pas si je digresse de la partie ski avec quelques photos nocturnes de la veille, cet évènement exceptionnel mérite d'être documenté... ca faisait 20 ans que j'en attendais une autre, depuis une nuit magique au col de la Faucille en Novembre 2004.
Au réveil vers 6h30, j'hésite à partir, c'est un peu gris... quid du regel? Mais je me lance à l'aventure. Et tant mieux, puisque le ciel se dégage vite.
Le sentier d'été qui accède à la prise d'eau est magnifique, des vires dans les pins, une solitude totale.
Une fois dans le vallon et le torrent traversé, j'hésite... les pentes Est au fond du vallon attirent mon regard, ca sent la moquette par là bas... sachant très bien que la face NW de Scolette ne décaillera pas de si tot. Je n'ai pas envie de perdre de l'énergie dans la forêt et ses névés mous, alors je poursuis à flanc en remontant le vallon, pour aller voir le couloir de Pelouse qu'on devine sur la carte. Et bingo, il est tout en neige. Je le remonte (au sec dans la végétation sur la croupe rive gauche) et débouche rapidement dans la grande face NW de Scolette. Magnifique !
Ca ne paye pas de mine quand on découvre la face, le sommet est "juste là". Un vicieux effet de perspective. Les pentes sont soutenues, et il y a quand même encore 1000m à grimper. Pour tout dire, j'en bave sur la fin... ca n'en fini pas ! Je m’arrête à l'antécime, le rocher sommital est peu accueillant et déjà dans les nuages qui bourgeonnent depuis l'Italie. Les belles pentes Est de la pointe de Paumont sont dans le brouillard, et les cumulus cachent tous les hauts sommets alentours. Je ne m'attarde pas, et malgré une neige encore dure dans la face le ski est très bon. Il devient excellent dès qu'on trouve les zones réchauffées par le soleil du petit matin. Un immense plaisir de descendre cette grande pente vierge, de finir par ce couloir ludique et salvateur, avant un retour bucolique par le sentier du bout du monde.
Du ski vraiment digne de ce week-end jubilatoire et des multiples merveilles offertes par la nature !
Vu deux traces de ski, une en crampons, probablement par l'itinéraire "normal" du topo skitour.
De visu pentes Nord Est en bonnes conditions, c'était tentant (mais j'ai pas vu le bas).
Un lièvre variable encore blanc, des marmottes, un chamois, et des crottes de loup.