Sortie du samedi 6 janvier 2024
Vinchy, Oliv'Ski
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Brouillard, froid et beaucoup de vent sur les crêtes
Conditions d'accès/altitude du parking : Neige sur la piste, accessible jusqu'à 1365 m samedi matin, mais ce n'est plus le cas actuellement (trop de neige)
Altitude de chaussage/déchaussage : 1365 m/1450 m
Conditions pour le ski : 40/50 cm de neige fraiche, mais souvent sans sous-couche en dessous de 1800 m. Il a neigé bas, jusqu'à 850 m environ, dans la journée
Conditions nivo et activité avalancheuse : Plaques aux abords des crêtes sous le vent, gros cumul de neige fraiche
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu (par Vinchy)
Itinéraire suivi : Parking -> Montée juste sous le ressaut final de la Pointe de la Sitre, descente côté ouest (erreur), puis remontée et descente vers la Gorge (perdu) -> cf. tracé GPS
Horaires : 11.00 - 1.30 du matin (!!!)
Bonne année Skitour!
Pour moi l'année commence avec une petite
mésaventure (qui se finit bien, heureusement)… quand les éléments s'enchainent et que la marge de sécurité se réduit au fur et à mesure de la journée…
Nous partons, Olivier et moi, tranquillement vers 11.00 (après avoir un peu galéré dans la neige en essayant de monter au plus haut en voiture) en direction du Mont St Mury. La météo n'est pas fameuse mais je me dis qu'au pire nous faisons un aller-retour au sommet et qu'ensuite on ira tricoter un peu en forêt. Tout va bien, super neige, ça promets! Je n'étais jamais encore allé au Mont St Mury l'hiver mais je connaissais l'été. La veille, j'avais bien consulté la carte des pentes et la course me paraissait plutôt adaptée.
Une fois sur place, le brouillard est vraiment dense vers le refuge du Pré du Mollard. Nous montons dans les vernes sur la croupe (pas très adaptée pour le ski mais ça passe), toujours dans le brouillard. Je me dis que c'est mieux de suivre la crête, cela nous mènera forcément au sommet et comme ça on évitera d'être trop dans les pentes. Il a posé pas mal, 40 à 50 cm, mais parfois sur rien du tout, du coup je suis plutôt rassuré point de vue nivologique sur cette partie (pas de couche fragile, puisque pas de sous couche du tout à cet endroit).
On arrive à une petite bosse, une petite descente et on continue. Ce que je n'ai pas capté à ce moment, et que j'ai découvert en mettant ma trace sur Géoportail dimanche, c'est que cette petite bosse était déjà le sommet! Nous, sans le savoir, on continue la crête en direction de la Pointe de la Sitre. La crête devient un peu plus aérienne, mais ça passe toujours, avec quelques passages bien verneux, d'autres où il faut se méfier de la corniche (dans le brouillard, pas toujours évident). On bute sur des rochers qu'on arrive à contourner par la droite, jusqu'au ressaut final. Olivier m'annonce qu'on est à 2100 m, tiens bizarre je ne pensais pas que le Mont St Mury était si haut. Et je ne rappelais pas qu'il y avait tellement de rochers. On bute sur le ressaut final qu'on tente de contourner par la gauche, mais je sens que la structure de la neige n'est plus pareille, il y a une sous-couche. Je longe le rocher et fais partir une micro-plaque sous mes skis (2 m). Même si le passage ne fait que 5 m pour atteindre le sommet, on décide de s'arrêter ici.
Pour la descente, on hésite beaucoup à soit prendre par le côté est, soit descendre dans nos traces. Mais on y voit rien, beaucoup de vent, il fait froid et c'est certainement plaqué. On choisit finalement de descendre dans nos traces de montée.
Par mégarde Olivier qui est devant rate le moment où notre trace de montée repasse à droite de la crête. Je la vois et je l'appelle, mais avec le vent, on se s'entend pas. Je remonte donc et le rejoins. Nous ne sommes plus dans nos traces de montée mais la montre d'Olivier semble dire que cela passe aussi à gauche, ce qu'on décide de faire, ce fut notre grosse erreur. On décide de descendre mais il s'avère vite que le fond de carte de la montre n'est pas assez précis, on se retrouve dans des terrains de plus en plus raide, en forêt, et finalement au-dessus de ravins. On décide de repeauter. Malheureusement, je m'aperçois rapidement que mes peaux ne collent plus, avec le froid. Et comme je n'ai pas d'attache à l'arrière, pas top. Je décide de remonter à pied et suit la trace d'Olivier qui est à skis. Avec 50 cm de poudre sur fond herbeux, on s'enfonce énormément, une longue galère à remonter j'y passer un temps fou et beaucoup d'énergie! Arrivés en haut, c'est la tombée de la nuit. Heureusement je sais que j'ai une frontale et un téléphone bien chargé (70% au départ) qui peut aussi faire office de frontale.
Là haut, on décide d'envoyer un message aux filles mais je m'aperçois que mon tél n'a pas plus que 7% de batterie. Il s'est déchargé hyper vite alors qu'il tient habituellement super bien. Petit coup de stress car Olivier n'a plus de batterie du tout. "Tt va bien. On s'est perdu ms on a retrouvé le chemin. On a une lampe. On est au mont st mury"
Je cherche ma frontale dans le sac, elle est bien là. Elle s'allume bien et semble bien chargée, ouf.
On continue à monter, mais nous ne trouvons pas le passage où l'on passe de l'autre côté de la crête, que j'avais pourtant trouvé un peu avant. Bizarre. On est montés trop haut. On redescend et perdons encore un peu de temps. Finalement, Olivier finit par tomber dessus.
Il est un peu tard mais c'est bon, ouf, plus qu'à suivre nos traces de montée (avec une frontale pour deux) et descendre à la voiture. On profitera pas trop de la descente mais bon…
On passe pas mal de temps à faire le trajet Sitre -> Mont St Mury en sens inverse. Il fait très froid, beaucoup de vent. Il faut passer des vernes compliquées, éviter de tomber à certains endroits car c'est un peu raide, il faut déchausser, éclairer Olivier…
Avec le vent, la trace de montée a commencé à bien disparaître. On la cherche et on la retrouve. Puis elle re disparaît. On la retrouve encore… puis finalement on la perd complètement.
Bon, sans GPS, on ne sait plus du tout où on est. Il faut descendre. Olivier, à raison, pense qu'on est trop à droite, moi j'ai l'impression que c'est bon. En fait, aucune idée, on est dans le brouillard et la tempête complet, la frontale éclaire à 3 m. Je me dis, bon l'essentiel est qu'on descende.
Ce qui est rassurant, c'est que la pente est douce, par contre, on ne descend pas beaucoup. Aux abords de la forêt, je me dis c'est bon, on a perdu de l'altitude. On descend dans la forêt à ski, longtemps. De moins en moins de sous-couche, c'est raide, je dois éclairer Olivier pour qu'il descende. Ca glisse beaucoup, car le fond est souvent constitué de branches et d'arbres, et de quelques rochers. Ma frontale éclaire par en bas, à chaque fois je me dis que j'espère qu'il n'y a pas de ravin en dessous, en dessous des derniers arbres éclairés.
Olivier essaie d'allumer sa montre, 1% de batterie, et a le temps de me filer les coordonnées GPS (qui finalement s'avèrent être pas tout à fait exactes) que je note sur mon téléphone, qui n'a plus que 5 % de batterie. Et pas de réseau. Sur sa montre il voit qu'un petit chemin passe 50 m en dessous, mais comme il n'a pas accès au fond de carte complet on ne sait pas lequel sait. Connaissant un peu les lieux l'été, je me dis que si c'est un chemin transversal, ça doit être celui qui fait Freydières -> Refuge du Mollard.
On éteint nos appareils et on se concentre pour trouver cette sente, qui est cachée sous la neige 60 m plus bas. Heureusement, finalement on tombe dessus.. Là je me dis qu'il faut la suivre par la droite. Vite, je ne reconnais plus la sente que je pensais, elle descend trop. On est donc pas au même endroit. Nous entendons un ruisseau, j'essaie de me repérer dans ma tête. Au bout d'un moment, je comprends que nous sommes pas loin du Cirque du Boulon.
Nous luttons pour rester sur la sente car à la moindre clairière, il est très compliqué de la retrouver sous la neige. Heureusement, nous trouvons quelques balises. Jamais des balises de sentier ne nous auront autant servis!
J'allume mon téléphone. 1 % de batterie. J'ai le temps d'envoyer le message "On est dans la forêt. Perdu mais on descend" et les coordonnées GPS que j'avais noté avant (pas tout à fait juste tout compte fait). Je vois en même temps que les filles ont appelé les secours car je reçois un msg du 112 pour la géolocalisation mais malheureusement mon tél s'éteint au même moment, donc je n'ai pas le temps de répondre. D'ailleurs comme le GPS de mon téléphone ne fonctionne pas, je ne sais pas si ça aurait fonctionné.
Il est 22 h. Ma frontale s'éteint d'un coup. Et là petit coup de stress. Je me dis qu'on va passer la nuit dans la forêt. Bon on devrait survivre avec les deux couvertures de survie mais bon, ça ne va pas être très agréable…
On tente de descendre. Et finalement, tant bien que mal, à tâtons, avec les bâtons pour reconnaître le terrain (ça aide bien!), on y arrive. Je suis un peu rassuré car cette fois je reconnais les lieux (sentier d'approche des cascades de glace du Boulon). Beaucoup d'arbres en travers du chemin. Une sacré galère pour traverser les arbres de nuit sans éclairage, avec les skis sur le dos! D'ailleurs nous ne savons pas bien si nous sommes toujours sur le chemin ou non, parfois on s'en écarte. On y voit un tout petit peu, je n'imaginais pas qu'on pourrait descendre tout le sentier sans aucun éclairage!
Peu à peu, on se rapproche et on descend. Encore à la fin sur le bas, on rate encore une intersection, de nuit. Demi tour.
1h30 du matin, nous arrivons au hameau de la Gorge, où une chaumière a une lumière allumée. Nous arrivons et faisons peur à la dame qui n'ose pas nous ouvrir (normal vu l'heure, on a du lui faire peur..!) et communiquons les numéros à appeler : nos compagnes, les secours…
Son mari nous accueille ensuite chaleureusement (merci!) avec du thé chaud. Leti vient nous chercher.
Pour notre part, j'ai surtout stressé pour les filles, et culpabilisé que les secours aient été déclenché pour nous. Mais finalement il s'avère qu'ils avaient finalement bien rassuré les filles. En fait les coordonnées GPS communiquées n'étaient pas tout à fait bonnes, car on a tout juste eu le temps de les noter au démarrage de la montre, du coup les secours nous pensaient presque en bas.
A 1h du matin, les recherches allaient a priori commencer quand même…
Bilan : indemnes mais des petites gelures au bout des 10 doigts pour moi. Je passe encore 1h30 au téléphone à 5h du matin avant d'avoir un médecin du Samu...
Et sinon, pour ma gouverne et à toute fin utile :
- Les frontales qui s'éteignent d'un coup, pas top,
- Toujours avoir une frontale chacun (j'avais la mienne mais pas Olivier)
- Les peaux qui ne s'attachent pas à l'arrière, pas top!
- Toujours avoir un élastique sur soi si les peaux ne collent plus
- Toujours partir avec la carte IGN papier, chose que je faisais avant et que je ne faisais plus! ET une petite boussole, ça nous aurait éviter la descente du mauvais côté
- Toujours dire où on va, Noémie savait à peu près mais ne savait pas le parking
- Avoir un peu plus de bouffe au cas où (3 pompotes pour la journée pour la part)
- Une doudoune sèche au fond du sac, pas mal aussi
- Peut être un chargeur USB avec soi,

Traçage, quand tout allait encore bien 😅
© Skitour/Vinchy06.01.24 12:0696 vu
Conversion dans les vernes
© Skitour/Vinchy06.01.24 12:29278 vu
Dans la montée au Mont St Mury
© Skitour/Vinchy06.01.24 12:30261 vu
La neige est bien là !
© Skitour/Vinchy06.01.24 12:3690 vu
Arrêt ici et repeautage, plus bas, un ravin
© Skitour/Vinchy06.01.24 16:12317 vu
La voiture... récupérée le lendemain!
© Skitour/Vinchy07.01.24 15:58281 vu