5 jours à Susanfe, Dents blanches et Dents du Midi

Faune : Afficher les zones sensibles

Conditions nivo et activité avalancheuse : plutôt stable, même en N. Pas mal de plaques parties pendant les précipitations et le redoux la semaine passée. Coulées de neige lourde observées en versant ensoleillés lundi-mardi. Une corniche a cédé en N lundi ou mardi depuis l'Eglise dans la face N sous le col de Susanfe. 

Gros objectif ce jour, le tour de la Tour Sallière. Pas si technique mais beaucoup de km et de dénivelé annoncés. Départ au lever du jour, en sens inverse de la veille pour rejoindre le Lac de Salanfe par le Col de Susanfe. Descente poudreuse agréable. Le Col d'Emaney est tracé ça nous permettra de nous économiser pour la suite. On repeaute afin de passer les quelques vallonnements pour rejoindre le lac de Salanfe. Finalement la trace convoitée semble faire un large détour, on retrace "au plus court". Notre méconnaissance du terrain nous joue cependant des tours, il nous faudra franchir une succession de petites buttes avant de démarrer la véritable montée pour le Col. 100m sous le Col on se range sagement derrière deux skieurs venus de la station des Marécottes, un peu de repos c'est pas de refus! Une bonne nouvelle n'arrivant jamais seule, le traceur en question ayant perdu une peau fit preuve d'une grande galanterie en nous laissant passer devant. On atteint le Col d'Emaney bien après l'horaire estimé mais nous avons encore le temps de boucler. On s'élance dans la descente, un petit goulet à passer, à droite du caillou, ou bien à gauche, on sait pas trop et ça commence à chauffer sévère dans ces pentes E. Pas le temps à tergiverser dans les pentes au soleil, on commence à entendre des purges, je milite pour le but. On remonte au col pour une descente en top poudre au dessus du Lac de Salanfe. Après faut se refaire le plat vallonnant dans l'autre sens. Ça fait beaucoup de bricole pour 500m de peuf... De retour au col de Susanfe on décide d'aller visiter une petite combe sous l'Eglise qui s'atteint par un ressaut court à 45° au dessus du vallon. On y bénéficie d'un coucher de soleil fantastique, et découvrons un vallon suspendu qui ouvre un champ des possibles dément! À 17h on fait demi-tour pour finir avant la nuit. De belles découvertes malgré un programme un peu improvisé ! 

J3 : Haute Cime

Horaires : 7h20-17h20

La Haute Cime domine le vallon, sa face esthétique ne nous laisse pas indifférents, et appelle à son exploration. On se doute que l'aventure ne sera pas si triviale, et en effet la Haute Cime ne se laissera pas aborder si facilement! 

Départ aux premières lueurs du jours, rapidement notre sommet s'illumine sous un beau lever de soleil. On s'échappe du vallon plat pour entrer rapidement dans la matière dans des pentes à 30°. La neige soufflée nous incite à sortir les couteaux. Les pentes restent soutenues, un petit bombé que nous passons à pied, puis l'aventure se poursuit en ski. La neige est froide parfois poudreuse. On s'attendait plus à de la transfo vu le redoux qui a déjà oeuvré la veille. On atteint le haut de l'épaule, la glace n'est pas loin par endroit, mais globalement ça va bien. On traverse ensuite vers la droite pour rejoindre le Col des Paresseux, je laisse Emeric en éclaireur, repasse à pied pour le petit bombé, ressorts les skis pour le replat menant au col. Bref tout ça fait beaucoup de manip, mais le sommet n'est plus très loin. La pente sommitale présente des pentes à 40°, on devine le chemin d'été dans les cailloux. Ça été bien soufflé l'affaire ! On remonte la pente en crampons, parfois quelques cm sur les cailloux ou la glace, parfois des accus dans lesquelles on s'enfonce. Le sommet est magnifique avec une sacrée vue sur le Chablais. 11h30, trop tard pour la face SE, on s'oriente donc pour la directe S depuis le sommet. Neige froide cartonnée par le vent avec une bonne accroche sur la facette sommitale. Emeric a repéré l'issue de sortie évitant glace et cailloux, top ! Ensuite on s'élance dans la face inférieure poudreuse, puis par le couloir un peu trop lourd déjà. Descente jusqu'au fond du vallon pour aviser de la suite du programme après ce beau sommet. 

On se décide pour le Col du Ruan, orientation N comme le S a déjà trop chauffé pour aujourd'hui. Ça nous permettra d'aller voir à quoi ressemble cette fameuse Tour Sallière, si proche et pourtant si bien cachée! 

La montée est très jolie, un des ces itinéraire qui se dévoile peu à peu et où à chaque petit verrou on découvre de nouveaux paysages. Magique! Si le bas est bien poudreux, en s'élevant on retrouve les effets du vent. Le manteau neigeux semble assez stable, mais nous restons vigilants. Un passage un peu en glace en rejoignant le glacier sous le ressaut final avant le Col, qui m'aura fait quelque frayeur, l'occasion de râler un bon coup. La suite se passe sans encombres, nous débouchons sur un magnifique vallon ensoleillé entre Tour Sallière, Dôme et Grand Ruan. L'heure tournant on se contente d'une minute contemplation et dépeautons au soleil. Soleil qui décide finalement de décamper avant nous... On redescend dans notre face N sans plus attendre de se refroidir. Neige assez moyenne sous le Col à cause du travail du vent. Plus bas on arrive en visant bien à trouver des sections de poudre très sympa. Dernière petite montée pour regagner le refuge où nous arrivons tout juste avant la nuit. Ce soir nous ne sommes d'ailleurs plus seuls au refuge, le campagnol fait la fête ! 

Une superbe journée de ski! 

J4: Dent de Barme, rampe E

Horaires 7h15-16h50

Itinéraire : Cabane de Susanfe - Dent de Barme en AR par la rampe E - Tête à Vincent - Vallon N au dessus de Barme jusqu'au pt 1900m - Tête à Vincent - refuge de Susanfe

Le sommet des Dents du Midi nous toise depuis que nous avons élu domicile au refuge de Susanfe. Si nous avons déjà parcouru la face W de la Dent de Barme depuis le cirque de Sixt Fer à Cheval, sa face E bien plus abrupte ne manque pas d'élégance. Une large rampe mène à son sommet, et paraît d'une facilité déconcertante à côté du couloir E voisin. Si la rampe est en effet plus abordable, c'est sa partie supérieure qui est raide et qui est masquée depuis le vallon et pendant la majeure partie de l'ascension. Départ en descente, alors que le jour n'est pas encore levé pour rejoindre le fond du vallon. Pas facile de trouver l'itinéraire le plus efficace entre les bombés et les ruisseaux. S'ensuit une heure de plat pour traverser le vaste vallon des Ottans. C'est qu'elle est loin cette Dent. Enfin nous atteignons le bas de la belle face d'accès à la rampe, début de l'ascension. La pente s'incline peu à peu, nous remontons efficacement pour ne pas louper le créneau de cuisson de la rampe finale. Dans cette large combe on a l'impression de ne pas avancer, le fond du vallon s'éloigne progressivement, mais la rampe semble toujours bien haut. Je passe à pied au bas de la rampe, dans des pentes à 35°C, Emeric poursuit à ski jusqu'à ce que la face s'élargisse de nouveau. Là, le sommet nous surplombe, c'est magnifique! La suite ne semble pas bien raide et pourtant le haut des spatules en vient parfois se planter dans la neige. On passe la cassure de la coulée, Emeric l'intelligent la franchit à l'endroit où elle est lissée, je choisis l'option marche de 50cm... Allez comprendre! Une petite reptation à contourner par la droite, je prends large, enfin je crois, j'ai quand même un doute quand ça sonne creux sous les crampons. La neige était collante dans la transition poudre/transfo, mais sur le final elle est transfo décaillée, bien confort à remonter. On débouche sur une plateforme au-dessus du couloir E, plus que 10m et un bout de corniche pas bien méchant et nous débouchons au sommet. C'est bien plus plat de ce côté ! On ne voit pas une trace dans le vallon de la Vogealle, c'est si calme! Sans trop trainer on s'équipe pour la descente avant que l'ombre ne vienne croûter la neige. Malgré un peu d'appréhension au départ, la neige est très rassurante bien décaillée sur la section la plus raide, un chouille moins en dessous mais qui reste très bon. Un passage en neige dure puis on va chercher la poudre sous la barre dans la rampe. La combe est bien skiante en visant la poudre parmi les sections ventées. On rejoint le plat, contents de cette belle aventure! On décide pour la suite de profiter un peu du secteur avant de retraverser le long vallon des Ottans. On vise la facette S qui rejoint la Tête à Vincent dans l'idée d'aller visiter le vallon N au-dessus de Barme. Du sommet de la Dent Emeric a repéré des traces de ski, signe que le vallon doit bien passer. En effet c'est tout bon, on descend jusqu'à un verrou à 1900m, la suite semble moins skiante et c'est qu'il faut remonter après! On visualise encore 10 000 itinéraires en remontant, des couloirs à explorer pour un futur voyage, et on regagne ensuite la Tête à Vincent pour rebasculer sur les Ottans. La face S est repassée à l'ombre mais la descente n'est pas si mal en visant les contrepentes qui n'ont pas vu le soleil. Un poudre légère en regagnant le plat puis il faut tout retraverser pour remonter au refuge. Des nuages sont apparus, ce soir le coucher de soleil est une sorte de moutonnement rose orangé, c'est magnifique ! Il est quasi 17h, on s'attelle à la routine quotidienne, café-petits princes pendant que le feu ronronne! 

J5: Grande Pente 

Horaires : 8h-16h50

Itinéraire : Cabane de Susanfe - Grande Pente en AR jusqu'au pt 2900m qui surplombe le couloir Hug - Cabane de Susanfe - Col de Susanfe - Van d'en Bas (parking 1150m)

Dernier jour à Susanfe, à 6h30 on ne voit pas grand chose dehors si ce n'est qu'il neige. On retarde un peu le départ, attendant que le jour se lève, et on revoit nos ambitions du jour. Plutôt que d'aller explorer du couloir on s'en retourne visiter la Grande Pente sous l'Eglise que nous n'avons que remontée. Les 150m de descente pour rejoindre le fond du vallon sont assez compliqués on n'y voit pas à 2m, une certaine en ambiance de "qu'est-ce qu'on fou là" plane dans l'air. On reprend notre trace de montée pour la Grande Pente d'il y a deux jours, rapidement elle est effacée par le vent il faut recommencer cette trace éphémère. On rejoint la vallon supérieur par un petit verrou entre les barres, confort on y voit bien. C'était une illusion car arrivé au dessus c'est jour blanc total. On n'y voit vraiment pas à 2m, on s'oriente comme on peut à la mémoire, parfois un résidu de trace nous confirme qu'on est au bon endroit. Enfin une lumière orangée semble filtrer au milieu du blanc, on ne voit toujours pas le relief sous nos spatules mais le paysage se discerne un peu mieux. On arrive dans le vallon supérieur vers 1480m. La visibilité nous semble encore trop réduite pour tenter la Tour Sallière, on reste donc sur l'itinéraire de la Grande Pente et virons à gauche sous l'Eglise. Le vallon offre de belles pentes, nous repérons une petite face à 40° qui vient buter sous les barres, ce sera notre sommet du jour. On se retrouve à l'applomb du couloir Hug qui propose une belle ambiance. Pendant ce temps, le ciel s'est largement dégagé. Descente par le même itinéraire, neige un peu croûtée sur les 100 premiers mètres puis globalement une très bonne poudreuse. On aurait envie d'y remonter mais la route pour rejoindre le parking est longue, on retourne donc plier bagages au refuge. Remontée au col de Susanfe à un rythme lent, les sacs se faisant sentir. La descente du col est plutôt bonne, encore de chouettes sections poudreuses. On fait la rencontre d'un gros morceau de corniche sans doute tombé de l'Eglise sous le redoux. Il était encore au sommet deux jours plus tôt... la suite est plutôt rébarbative il faut bien passer les km de plat du lac de Salanfe puis le hors piste de la station des Marécottes pour rejoindre le parking. Enfin, ces 5 jours magnifiques passés autour de Susanfe valent bien une approche fastidieuse, et c'est sans doute le ticket d'entrée pour la tranquilité !