Départ : Fouillouse (1885 m)
Topo associé : Arpillon, par la combe de la Résinière
Sommets associés : Col de Mirandol (2433 m) Arpillon (2693 m) Tête de l'Estrop (2961 m)
Orientation : T
Dénivelé : 2815 m.
Ski : 2.2
Sortie du jeudi 30 mars 2023
Conditions nivologiques, accès & météo
Météo/températures : Beau temps, plus doux J2 et J3
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Après une cure de Queyras, pourquoi pas quelques granules d'Ubaye ? J'aurais préféré un traitement plus prolongé pour m'adapter à l'intensité de la lumière et au doux chantonnement des accents locaux mais Chronos ne l'entendait pas de cette oreille.
Ce n'est pas la première fois que je pars grappiller là-bas de maigres restes pendant que plus près de chez moi il y en a qui se gavent jusqu'à l'apoplexie. En Ubaye, c'est à peine si on n'a pas des scrupules à racler ce qui leur reste dans les placards de cet incapable d'hiver.
Lundi : neige/pluie/brouillard épais sur le plateau matheysin : je suis sur la route.
Mardi : le peu de neige tombé sur l'Ubaye a été ravagé par le vent.
Mercredi : manteau neigeux en cours de transformation.
Jeudi : ça commence à ressembler à quelque chose ; je rentre.
Et voilà le travail. D'où la faible productivité.
Mais ce n'est pas grave du tout. La vit D est entrée par tous les pores, une petite journée avec les copines, une grande en immersion dans une vallée dite « inconnue », une autre avec du très bon ski. Atteinte du syndrome de la satisfaction perpétuelle, je rentre une fois de plus ravie et ravigotée. Comprenne qui pourra.
J1 Arpillon, Parpaillon, mouflons, papillons et une demi-déception (stop à 2450m env)
Départ Chapelle Ste Anne la Condamine (1753m) 9h – D+ 710m – 8,2km – cot 2.1
Itinéraire selon topo jusqu'au stop
Pour le premier jour, j'ai eu la chance d'avoir pour guides Paulette et Bernadette, deux locales, les plus locales qui soient. Avant de me lâcher dans les sauvages montagnes ubayennes avec ses loups, ses aigles et ses vallons vides de toute humanité, mes copines voulaient s'assurer que je tenais toujours la route. La route entre les mélèzes peut-être (que l'on zigzague entre des hêtres ou entre des mélèzes, je ne vois pas la différence), la route sur des plaques verglacées entre deux couches de croûte et un zeste de poudre rapportée, avec mes peaux depuis longtemps en fin de vie, c'était plus douteux. Alors, elles m'ont menées talonnière battant où je voulais mais il aurait peut-être mieux valu que je les laisser choisir, même si je ne sais pas si ailleurs cela pouvait être ce jour-là meilleur ou pire. Sauf à descendre sur une piste ce qui n'est pas mon verre de génépi. Laissons donc cette incertitude planer et les regrets s'envoler. Car si la partie au-dessus de la limite arborée a intérêt à être oubliée, le mélézin a tenu ses promesses de jardin protégé.
La journée fut splendidement splendide. Les montagnes alentours avaient dû être cirées en l'honneur de mon arrivée tant elles reluisaient sous un ciel que je ne saurais décrire car je n'en vois pas souvent d'aussi éclatants.
Et le bestiaire local aussi a voulu être de la fête : un écureuil, un chevreuil, deux troupeaux de mouflons dans les ravins sous le Rocher de la Brèche et un autre paissant tranquillement dans les prés de la Condamine. Même un papillon citron était de sortie.
J2 Col de Vautreuil (2582m): Mme de Merteuil aurait dit « J'ai déjà connu des plaisirs plus grands »
Départ Laverq Pied des Prats (1620m) 8h – D+ 970m – 19,2km – cot 2.2 – Itinéraire selon topo Puy de la Sèche jusqu'au col
Mes compagnes de la veille avaient des occupations moins frivoles que de skier. L'une devait faire des pâtés de je ne sais plus quoi avec sa fille, l'autre des pâtés de sable avec son petit-fils. Soit. Je parcourrai donc la montagne sauvage du Laverq avec la seule compagnie de moi-même. Celle-là je la connais et elle me connaît. Il n'y aura donc pas de longues discussions pour prendre une décision.
La montée jusqu'au terminus de la route est déjà une petite aventure. Je sors 2x de la voiture pour enlever de grosses pierres. Soyons vigilante : je ne voudrais pas me retrouver dans le ravin et conséquemment dans l'autre monde ! Me voici déjà dans un autre monde qui n'est pas un nouveau monde cependant. Il m'est arrivé de fréquenter les lieux hiver comme été. On peut y vivre de grandes aventures et aussi y cueillir des groseilles sauvages. Mais je ne vous dirai pas où.
Ici, on n'est pas gêné par le monde, cela va sans dire. J'ai quand même croisé deux messieurs, puis un autre, qui allaient tous à l'Estrop. Enfin, en fait, je n'ai croisé personne. Il en va toujours ainsi : ce sont eux qui m'ont croisée ou plutôt qui m'ont doublée.
Tout ce petit monde (moi comprise) s'est acquitté du droit d'entrée (et de sortie !) de 3 bons km à pied avant de trouver de quoi chausser de façon efficiente. Je n'ai pas dit « efficace » car votre chaussage est efficace dès lors que votre chaussure tient dans la fix mais pas forcément efficient s'il vous faut déchausser derrière le virage 20m plus loin.
La rapide régression de l'enneigement est désolante. Ces gens du sud parlent plus vite que les autres, marchent plus vite, font tout plus vite, font même fondre leur neige plus vite qu'ailleurs.
La montée dans le bois en suivant peu ou prou le sentier d'été a encore été possible. Pour la descente, ce fut une autre chanson : 150m à descendre à pied dans du raide et glissant. Et arrivé sur un replat, vous vous enfonciez de temps en temps jusqu'au genou.
Mais là-haut, au-delà des arbres ! Un paradis de blancheur, au-dessus de la zone lacustre. Des formations rocheuses extraordinaires, la Grande Séolane omniprésente. Un petit mélèze courageux par-ci par-là et la complète solitude.
J3 Du côté de Mirandol : Mirandol était un Seigneur, son jardin est à la hauteur jusqu'à l'Aiguillon (2462m)
Départ Fouillouse (1872m) 8h – D+ 1135m – 16,4km – cot 2.2
Itinéraire du topo de la Tête de l'Eyssiloun jusqu'au belvédère 2559/descente W jusqu'à l'entrée du bois/montée au Col de Mirandol et à l'Aiguillon/Redescente jusqu'au bois et remontée jusqu'au replat pour redescendre versant N sur Fouillouse
Dernier jour. Là encore la route est une petite aventure. Si vous êtes déjà montés à Fouillouse, vous voyez ce que je veux dire. Croyant ou pas, vous priez le ciel que personne n'ait la fâcheuse idée de venir à votre rencontre. Ma prière a été exaucée.
J'avais d'abord pensé au Pas de la Couletta ou au col de Stroppia. Mais quand j'ai vu le désert des Tartares sur les adrets, je me suis souvenue de la marche à pied de la veille. Et je ne voulais quand même pas repartir sans avoir skié !
Et c'est alors une seconde balade sans nul au monde et l'Aiguillon avec sa vue extraordinaire sur les sommets de la rive G de l'Ubayette et de l'autre côté la Font Sancte, la Mortice et bien sûr le Brec de Chambeyron.