Tête à l'Âne, belle et intense!

Massif : Haut Giffre - Aiguilles Rouges
Départ : Flaine Forêt (1678 m)

Topo associé : Tête à l'Âne, Couloir W

Sommet associé : Tête à l'Âne (2804 m)

Orientation : W

Dénivelé : 2000 m.
Ski : 4.3

J'ai souvenir d'avoir dit à Emeric que je rêvais d'aller skier dans le massif des Fiz, le traducteur automatique Glad-Emeric a donné "Allons skier le sommet des Fiz". D'ailleurs il doit être fatigué car je me serais plutôt attendue à "faisons le tour des Fiz à la journée". Enfin, voilà comment nous nous retrouvons au Lignon à 6h du matin, sous la bruine mourante, après quelque errance en voiture pour trouver le départ, avec pour objectif la Tête à l'Âne. 

On connaît bien la montée au refuge de Sales pour avoir faite en trail, long défilé parcouru par un torrent, sentier esthétique. On bricole pas mal au début entre passages à pied et à ski, l'enneigement n'est pas très continu, puis on parvient à chausser définitivement vers l'intersection avec le refuge d'Anterne. On atteint ensuite un grand replat, coupé en deux par le torrent qu'on ne voit pourtant pas. Emeric annonce, ah maintenant on entend le torrent, je lui fait remarquer que non c'est la grosse cascade devant nous qui fait ce raffut. Ah oui, jolie cascade. On poursuit tranquillement jusqu'à constater que la-dite élégante chute d'eau barre complètement la suite de l'itinéraire. On finit par identifier le chemin qui remonte à droite entre les barres. Hum, ça paraît carrément moins expo en été cette affaire! On s'approche par le sentier, les cordes fixes sont proprement rangées, dommage j'aurais pas refusé ce luxe! La tendance est au petit vent frais et on est bien à l'ombre, ce n'est pas très assorti avec mon accoutrement printemps-été t-shirt et gants légers. C'est donc le moment de vider son sac et d'enfiler veste-doudoune-casque-crampons-piolets. Rien n'est superflu pour passer le verrou. Au-dessus des barres un troupeau de bouquetins se marre, on tente de transparaître la désinvolture d'une balade du dimanche. Reste que ce défilé est vraiment beau. 

Acte 2, le refuge de Sales, changement de décor on arrive sur un immense plateau cerné d'un côté par le haut de la station de Flaine et les anciennes traces des skieurs hors piste, et le l'autre la majestueuse barre des Fiz (qu'on ne voit pas depuis le replat de Sales car il y a une barre intermédiaire avant le replat des Salamanes). Après l'acte 1 du verrou on décide de remonter sans prise de tête en allant chercher le bout du vallon plutôt que de tirer au plus direct trouver un passage entre les barres. Les Salamanes font échos au Désert de Platé dans une configuration proche : selon l'humeur, ça ressemble soit à un gros morceau de gruyère soit à un glacier, en tout cas il y a des beaux trous! On a du mal à se décider en face S ou W de l'Âne qui nous fait face. On a dû mal à voir si la cheminée S passe bien, le couloir W a des allures de truc alambiqué expo. En terme Emeriquéens le couloir fait un S, moi je dirais plutôt que ça louvoie entre les barres. Bon après faut être réaliste, les condis semblent stables, et se taper 1600m de dénivelé pour échouer sous le sommet si ça passe pas en Sud c'est quand même pas inspirant. En plus l'ouest nous laisse un créneau plus large. On vise donc le couloir. La rimaye du bas est une entrée en la matière intéressante... On se répartit la suite, je fais le bas et laisse gentiment le relais pour la seconde partie, afin d'économiser mon mental pour la descente. Le sommet est ensuite gravi par une corniche sommitale assez féroce, ne jamais croire qu'on en a fini une fois le couloir sorti! Là haut on est au-dessus de tout les sommets du secteur, seul un gros dôme vêtu d'un manteau de glaçons nous toise en face. Paraît que certains l'appellent le Mont Blanc, il est pas tant plus blanc que l'Âne mais bon il a quand même de la gueule alors pourquoi pas. Trêve de réflexions vaseuses il est grand temps de descendre avant que le couloir ne chauffe trop. La face est plutôt rassurante, la neige pas si mal en poudre sur fond dur, peut-être un peu trop dur sachant les barres en dessous pour mon confort personnel mais bonnes conditions. Descente concentrée mais dans une chouette ambiance et plutôt du bon ski. La suite s'enchaîne bien, malgré une mer de nuages récalcitrante remontée à 2500m. Petit repeautage dans nos traces en attendant que la mer se disloque, puis on plonge sur le hameau de Sales dans une neige qui commence à s'alourdir. Retour par le défilé du vallon de Sales qui passe bien plus rapidement que le matin. 

Une belle incursion au pays des Fiz, riche en émotions !