Passage des Eaux Noires par le vallon du Fruit

Retour en Tarentaise, du côté de Méribel-Mottaret, pour visiter le Vallon du Saut et...improviser suivant l'humeur et les conditions du jour ! Bien emmitouflés, compte tenu des -7°, nous gagnons le Plan de Tuéda calme, en ce début de matinée ; un skieur de fond s'entraîne tandis que deux chiens promènent leurs maîtres...Le sentier nous fait rentrer dans une des plus belles cembraies des Alpes : 345 hectares de pins cembro ou arolles, aux aiguilles regroupées par 5, sont protégés, au sein de la réserve naturelle du Plan de la Tueda, créée en 1990, en limite ouest du Parc national de la Vanoise ; les 1100 hectares d'un milieu naturel exceptionnel s'étendent, sur les deux rives du Doron des Allues, du lac de la Tuéda au glacier de Gébroulaz, en passant par le refuge du Saut.
Rejoignant la large piste, nous prenons de l'altitude, laissons ensuite le Bois de la Ramée derrière nous et parvenons enfin au soleil. Les pentes de l'Aiguille du Fruit, amplement tracées, contrastent avec les abords du torrent marqués seulement de quelques empreintes de lièvre et renard. Rive droite du doron, nous nous acheminons vers le refuge du Saut, via le chalet de la Plagne, appréciant le calme du vallon et les jeux d'ombre et de lumière, le regard tantôt attiré par la crête de calcaire et dolomie reliant l'Aiguille du Fruit à la Grosse Tête, tantôt par la masse plus compacte de Roche Pellier. Quittant à regret le soleil, nous bifurquons dans le vallon du Chanrouge par la trace recalibrée par des raquetteurs, face au nouveau décor matérialisé par les aiguilles de Chanrouge et des Corneillets. Tentés par le « faux »Col Rouge, nous hésitons un moment sur l'objectif mais le manteau neigeux particulièrement « fuyant » sous les spatules nous incite à rallier l'itinéraire entre Mont Coua et Roc des Eaux Noires. Remonter le vallon illuminé de soleil ouvre de belles échappées panoramiques sur le Beaufortain (Pierra Menta), la chaîne du Mont Blanc, Peclet-Polset... et pour admirer les glaciers de Vanoise, c'est au-delà du passage des Eaux Noires, à quelques encablures du roc éponyme que nous continuons.
Face à l'Aiguille des Corneillets, nous nous préparons à la descente et profitons au mieux des pentes à la poudre plus ou moins dense. A partir du refuge du Saut, de retour sur nos traces du matin, pousse-bâtons puis repeautage permettent de rallier le secteur de la Ramée, côtoyant quelques hors pisteurs et randonneurs, accueillis par les cris sonores et enroués de casse-noix moucheté, oiseau inféodé au pin cembro ; son bec robuste et pointu lui permet d'extraire les graines de cônes de pin, qu'il disperse ou cache ensuite, contribuant ainsi à la propagation de cette essence. Après la descente sur le Plan de Tueda, s'offre à nous une séance de pas de patineurs pour venir à bout des quelques kilomètres restants et retrouver le parking, après une magnifique journée, dans un secteur que nous apprécions particulièrement, malgré le ratio distance/dénivelé peu rentable !!!