Aletschhorn : traversée SW - NE

Massif : Alpes Bernoises E
Départ : egga  (1647 m)

Topo associé : Aletschhorn arête SW depuis oberaletschhutte

Sommet associé : Aletschhorn (4195 m)

Orientation : T

Dénivelé : 3600 m.
Ski : 3.2

- En NE neige frittée irrégulière, pas toujours agréable à skier, avec quelques passages verglacés.

- En S transfo sans surprise, type moquette en haut, de plus en plus sale et collante quand on descend.

Activité avalancheuse : quelques coulées de lourde, mais aucune avalanche d'ampleur.

J1 : Egga --> Hotel Belalp --> Oberaletschgletscher --> Oberaletschhütte

J2 : Oberaletschhütte --> Aletschhorn montée arête SW --> descente arête NE --> Aletschjoch --> descente Mittelaletschgletscher --> traversée Grosseraletschgletscher --> Chatzulecher --> Silbersand --> Hängebrücke --> Oberaletsch --> Holzji --> Egga

J1 : Egga 14h15, Oberaletschhütte 18h15.

J2 : Oberaletschhütte 2h45, Egga 22h30.

L’Oberland est un de ces massifs dans lesquels un pélerinage de temps à autres s’impose. Le prévoyant de la yaute a reservé le refuge bien en avance, et la météo nous offre un week-end bien favorable.

Nous voilà donc partis à 3 lurons vers ces blanches contrées helvètes. Pour couper la route sur le trajet aller, nous faisons un arrêt à la Léchère, près de Finhaut, pour grimper quelques couennes et dérouiller les chevilles, dans un site ombragé fort agréable. Nous rejoignons ensuite Egga, point de départ le plus avancé. Pour cette course certains partent de Blatten pour chopper une benne qui monte à Belalp 700m plus haut, mais à cette saison l’unique benne utile est à 8h50 : il faut donc dans ce cas se lever bien tôt pour faire le trajet, et ensuite glander toute l’aprem au refuge, deux options qui ne nous ont pas emballé.

La montée est sèche sur une grande partie. Pour la saison l’Oberaletschgletscher manque tristement de neige, et le remonter sera la portion la plus pénible du périple : neige trop discontinue pour garder longtemps les skis, mais trop molle pour tout faire à pied. Au final nous aurons gardé les skis aux pieds moins de 30min sut cette montée de 4h !

Le refuge est vraiment au top : accueil chaleureux, gardiennes disponibles pour donner des infos, repas délicieux et copieux : de quoi recharger les batteries au max ! Au petit matin, la montée au sommet via l’arête SW est bien tracée et se déroule sans encombre. Gravir l’Aletschhorn en aller-retour par cette arête est désormais classique, et ne présente aucune difficulté particulière.

Par contre, la traversée vers Mittelaletsch est une autre paire de manches et constitue une entreprise beaucoup plus sérieuse, avec quelques passages techniques, et un retour très, très, très long. Vers 3950m, un ressaut en glace barre la pente NE, et nous décidons de poser un rappel pour repérer un passage. Passage que nous trouvons rapidement à la faveur d’une faiblesse en neige dans la cassure.

Nous arrivons ainsi un peu tard à l’Aletschjoch, où la neige aurait été meilleure une heure plus tôt. Mais le soulagement de skier après tout ce portage nous le fait oublier. La neige est agréable sur le haut, et de moins en moins bonne au fur et à mesure de la descente, qui commence rive gauche avant de traverser rive droite au niveau d’un replat entre les séracs. Nous parvenons à skier jusque vers 2400m sur le Mittelalestchgletcher, avant de mettre les skis sur le sac, où ils resteront jusqu’au soir. La vue sur les moraines chaotiques et les gros blocs en contrebas ont donné un coup au moral, mais finalement nous rattrapons assez rapidement une sente cairnée, laquelle devient bientôt un bon sentier dans des pentes herbeuses qui amènent gentiment au Grosser Aletschgletscher.

LE glacier donc, le plus grand des Alpes, encore impressionnant par sa taille et ses structures. Sa traversée est une grosse étape de la boucle, mais fort réjouissante : quel bonheur de divaguer en short et baskets sur cette glace vive et très adhérente grâce aux cailloux incorporés, dans ce dédale de crevasses bleutées, de bédières et de moulins, parsemé de lacs turquoises… Ce terrain est finalement assez rapide, la surface est lisse, souple et adhérente, et le bas du glacier est très peu crevassé.

Nous rejoignons Chatzulecher sur l’autre rive, ou débute l’ultime étape de la boucle : le retour au point de départ par les sentiers. Une option classique est de remonter à partir d’ici à Bettmeralp, puis de prendre une télécabine pour descendre dans la vallée du Rhône. Cela implique donc une manip de voiture. Nous avons choisi l’option musculaire, en revenant à Egga par des chemins en traverse, avec en route un magnifique Hangebrucke surplombant l’impressionnante rivière glaciaire. Le ciel se noircit, l’orage commence à gronder, et la pluie vient rafraîchir nos épaules douloureuses. Après 4h de marche humide, nous arrivons enfin à Egga, où nous étions partis il y a quelques jours - ah non c’était hier en fait.

Le ratio (ski au pied / ski sur le sac) a été plutôt déplorable, en partie à cause de l’enneigement limité cette année, mais ce fut une sacrée bambée qui nous en a mis plein la vue. Sans conteste la plus grosse mission à ski de la saison, une des plus variées et des plus belles aussi, et possiblement la dernière vues les températures qui sévissent ce printemps.