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Sorties > Ecrins > Tête de Lauranoure / Sommet central, Voie alternative du glacier du Pierroux - depuis les Granges de Saint Christophe

Tête de Lauranoure / Sommet central, Voie alternative du glacier du Pierroux - depuis les Granges de Saint Christophe

Massif : Ecrins
Départ : Saint Christophe en Oisans (Les Granges) (1340 m)

Topo associé : Tête de Lauranoure, sommet central, Voie Normale

Sommet associé : Tête de Lauranoure, sommet central (3325 m)

Orientation : N

Dénivelé : 2020 m.
Ski : 4.1

Sortie du vendredi 23 avril 2021

Cédric Colomban

Conditions nivologiques, accès & météo

Froid, instabilité et flocons nocturnes depuis une dizaine de jours = fin-avril de rêve pour les skieurs d'altitude !

Météo

Grand beau. Températures de saison. Pas de vent à l'exception d'une brise de pente désagréable durant une partie de l'approche.

Durée

De 5h15 à 13h30 (horaire global). Montée en 4h15.

Conditions

Les Granges de Saint Christophe >> le refuge de l'Alpe du Pin

Absence de neige jusqu'à 1720m. Portage sur sentier de 70m de D- et 450m de D+ (50 minutes environ).
Plaques de neige avec suffisamment de continuité entre la sortie de la forêt et le refuge.

L'approche (1800m >> 2700m)

L'enneigement s'avère encore très bon au dessus de 2000m. Regel optimal.
Le vieux manteau dur et orangé est recouvert par une couche de neige récente qui passe de 5 à 40cm au fil de la montée. Une humidification de surface s'est produite les jours précédents (présence d'une croûte de regel de 3cm portante à ski). Au dessus de 2500m les endroits et contrepentes les plus ombragés sont restés parfaitement poudreux.
La skiabilité est très bonne après ramollissement diurne et disparition de la croûte.

Le glacier du Pierroux et les pentes supérieures

Toute cette section apparaît très bien remplie. 
Sur le glacier, aucune crevasse ouverte et rimaye invisible. Les magnifiques séracs qui étaient présents à son front jusqu'au milieu des années 2010 ont complètement disparu ! C'est un vrai gâchis visuel mais cela permet désormais un passage aisé par une large pente neigeuse.
Quelques coulées se sont produites dans les parois verticales des alentours. 
Il y a entre 30 et 60cm de fraîche non ventée posés sur l'ancien fond dur orangé (datant du gros épisode de sirocco de février). Trace éreintante à la montée... avant-goût du Paradis à la descente !
Le petite écharpe raide (45°) qui permet une liaison entre le cirque glaciaire et le final fait exception à ce tableau idyllique. Bien qu'encore viable ce jour, son orientation plein Est et sa structure en dalles rocheuses lisses vont provoquer une dégradation rapide. D'ores et déjà purgée de toute précipitations récentes, on la trouve actuellement peu enneigée et profondément humidifiée. L'aller-retour se fait d'ailleurs par une bande étroite sur laquelle un mouvement de reptation semble amorcé... Bonne skiabilité malgré tout en restant vigilant avec l'horaire.

 ---> En Oisans, Météo France annonce un risque à 2/5 (limité) au dessus de 2500m. Aucune activité avalancheuse n'a été observée sur l'itinéraire suivi.

Skiabilité : 😄 Excellente

Compte rendu



Cédric

Même si je n'étais pas allé skier Lauranoure depuis 15 ans, il m'est toujours difficile de refaire un itinéraire déjà "coché". Mais voilà, je vis avec une randonneuse fougueuse, bien décidée à accrocher tous les grands sommets qu'elle aperçoit quotidiennement à son tableau de chasse. Alors cela m'oblige à une certaine créativité !
Comme dernièrement au Rochail, nous explorons donc les variantes d'accès pour cultiver chez moi l'envie d'une deuxième visite ! Celle qui nous concerne aujourd'hui me trotte dans la tête depuis quelques années. Avec un passage ouvert depuis la récente disparition des imposants séracs du front glaciaire... une fine bande blanche (difficilement observable) semblant rejoindre la voie normale... et aucune trace écrite ou orale d'un parcours antérieur y compris chez les locaux les plus avisés... comment ne pas éveiller la curiosité ? D'autant que la possibilité de tracer sa ligne sur une montagne aussi fréquentée que Lauranoure serait plutôt chouette !
Ce matin nous voilà donc partis à la frontale, le couteau entre les dents. Nous montons vite, expédions le portage et distançons 3 personnes (ayant passé la nuit au refuge). Nous abordons le glacier du Pierroux dans une épaisse couche de poudreuse obligeant à se transformer en Traçosaurus Rex. Le rythme reste élevé car notre trace a comme par hasard inspiré 2 suiveurs (ne sachant pourtant pas si elle débouchera quelque part...), que ça m'agace et que bien agacés nous montons vite.
Heureuse surprise en revanche, nous constatons que la petite écharpe raide au fond du cirque passe sans problème. L'incertitude disparaît et nous savourons pleinement l'ambiance dingue de ces lieux. Nous franchissons cette difficulté - 45°/70m assez étroits ; cotation 4.1 paraissant justifiée dans ces conditions mais à affiner avec un meilleur enneigement (3.3 ?) - suivons une esthétique petite arête à pied, puis traversons en peaux pour rejoindre la fin de la voie classique et l'arête à 3220m. Ça paâasse !!! Paysages superbes comme toujours en Oisans. C'est l'euphorie.
Nous ne traînons pas car le crux chauffe et entamons rapidement la descente... en neige de rêve évidemment. Les virages défilent vite, la partie raide se négocie sans problème tout en nécessitant un peu d'attention vu sa finesse et sa relative exposition. Et plus bas, un glacier aux conditions plus que prometteuses est retrouvé !
Mais nous voilà soudain au cœur de considérations éthiques. Les 2 jeunes qui nous suivaient, loin de nous remercier d'avoir péniblement tracé pendant des heures ou a minima de nous saluer, ignorent royalement notre présence. Et ils s'équipent fébrilement pour déflorer la pente avant nous ! Hallucinant... Je m'en vais donc leur exposer mon point de vue et notre binôme obtient finalement la primeur de l'orgiaque poudreuse attendue : grandes courbes à Mach 2 sur le glacier du Pierroux, puis super ski printanier jusqu'au pied du versant... nous en avons encore la tête qui tourne !!!   
 

Séverine

Ça y est, c'est pour demain !! Lauranoure !! Lauranoure quoi !! Depuis le temps que, de mon salon, elle m'absorbe chaque jour de façon hypnotique ! Depuis le temps que je la contemple et m'évade sous son allure !
3h35, je saute de mon lit parfaitement réveillée : Aujourd'hui, je réalise un rêve, youhooou !! 
Vrooooaw, pilotage du matin sur nos petites routes.
Tic tic tic, expédition nocturne du sentier caillouteux au rythme de nos batons déterminés. Le sac est lourd avec tout le matos, les skis et les chaussures sur le dos mais peu importe.
Clask clask, chaussage enfin, 80 m sous le refuge et aaaah, soulagement quand même pour nos épaules.
C'est parti ! Le regel est excellent, nous nous sentons légers ainsi délestés et progressons vite. D'en bas, l'itinéraire classique est évident, le sommet devient "si proche", l'excitation me gagne !! 
Nous bifurquons dans le vallon de gauche, la neige porte bien, notre sillon s'imprime dans la poudreuse de moins en moins croûtée et de plus en plus légère. Cédric se colle à la trace, ultra motivé.
Dinnng' dinnng' : au loin le clocher de St Christophe égrène ses 8 coups lorsque nous passons pile sous le front du glacier du Pierroux jadis bardé d'un immense mur de séracs. Il ne reste presque plus rien, c'est toujours stupéfiant de constater à quel point la fonte de nos glaciers ne fait que s'accélérer... La différence des paysages est clairement notable depuis notre enfance, en quelques petites dizaines d'années, c'en est affolant.
Cédric se retourne, et je le vois froncer les sourcils... Au loin, 2 silhouettes se sont arrêtées sur une croupe et semblent hésiter à nous suivre. Parallèlement, nous enchainons les conversions, de plus en fébriles : est ce que cette brèche, repérée il y a un moment par Cédric et que nous avons encore étudiée (en tout petit) hier soir sur une photo du jour (merci Manu Abelé) va passer ?!? Au pire nous redescendrons pour rejoindre la "voie normale", les virages seront de toute façon jouissifs dans cette neige tombée sans vent, ce ne sera pas perdu ! Mais bon, pour la sérénité collective ce serait quand même mieux que ça le fasse. En tout cas en ce jour, point de rimaye à franchir, cool !
Les 2 silhouettes se sont à présent élancées sur nos traces. Vraiment étonnant, de loin le vallon ressemble à une impasse. Qui suivrait à l'aveugle des personnes inconnues sur un itinéraire hasardeux ? Mon râleur solitaire préféré se met à rouspéter sévère. Je m'en amuse en lui apportant mon soutien, car oui c'est son projet, flûte. Et me plonge aussitôt dans une bulle d'euphorie jubilatoire... ça y est, on le voit bien : la brèche passe !! Elle paaaaasse !!!
Arrivés au pied, nous troquons les skis contre les crampons - piolets : c'est finot à gauche sur les dalles lisses et à droite un peu scabreux, le tout dans une pente à 45°. La neige a déjà bien commencé à transformer, normal c'est celle qui voit le soleil en premier et très tôt. Un peu d'exposition, il faudra juste se méfier au retour. Nous négocions rapidement ce passage et nous retrouvons sur une arête sublime. Autour de moi les roches sont plâtrées, c'est grandiose ! Wouahou ! Quelle chance de voir cela, quelle chance de parvenir dans de tels endroits reculés !!
On brasse, j'en ai jusqu'aux cuisses et plein les coudes. Allez, on rechausse, le sommet est imminent ! Encore quelques conversions... et l'émotion me submerge !!! Lauranoure... 
Tout est magique ! De l'autre côté vertigineux, les montagnes rayonnent dans leur écrin blanc paré de bleu limpide. Dire qu'il y a exactement 2 semaines nous étions là, dans ce vallon de Lanchâtra. Et de ce côté ci : la maison au loin, me voilà "en face" !
Le temps passe trop vite, il est 10 h et nous n'avons pas le loisir de rester, comme nous le faisons depuis plusieurs sorties, vraiment longtemps et insouciants au sommet. Il nous faut déjà redescendre. Difficile pour moi de m'arracher à l'ambiance fascinante des lieux... Cédric trépigne. Dernier coup d'oeil, j'ai le coeur serré. C'est dit : par "la classique", je reviendrai !! 
Foushhh, foushhh : un virage, deux virages, la neige est divine, youhooou !!
Arrivés sur l'écharpe, nous tombons sur nos suiveurs en contrebas en train de s'équiper. Je lance un bonjour sonore, puis un salut de la main... rien, ils ne tournent pas la tête vers nous et enfilent leur sac à dos. Cédric se précipite tandis que j'enchaine les virages sautés sur la croupe qui commence à être mûre... oubliant absolument le facteur exposition (note pour plus tard : suivre un Cédric ardent, ça galvanise ! Un "boOonjour" en vis à vis plus tard et nous plongeons tous les deux sur le glacier en grandes courbes d'une traite jusqu'en bas du front. Grisant !! 
A défaut de squatt au sommet, nous nous dégotons un super rocher face à l'Aiguille du Plat de la Selle pour nous poser un bon moment. Il est 10h20 et c'est le bonheur ! Nos muffins salés (merci pour ton aide ma 'tiote fillotte !) ont une saveur d'autant plus délicieuse. 1h plus tard, les derniers dénivelés dans la transfo sont un régal. 
Nos chaussures déposées dans les 3 bouleaux nous attendent sagement pour le sentier final. Mais nous n'arrivons pas à nous décider à rentrer. Alors, après avoir échangé avec le troisième randonneur que nous avions aperçu au loin au petit matin, nous savourons encore, apaisés... Hhhhhh, soupir bienheureux !





Tête de Lauranoure : Voie alternative du glacier du Pierroux
Tête de Lauranoure : Voie alternative du glacier du Pierroux
Beautés disparues... Toute la glace que l'on voit sur cette photo de 2006 n'existe plus.
Beautés disparues... Toute la glace que l'on voit sur cette photo de 2006 n'existe plus.
Plus de sérac, donc deux vallons au choix !
Plus de sérac, donc deux vallons au choix !
Traçosaurus-rex en action sur le front du glacier du Pierroux
Traçosaurus-rex en action sur le front du glacier du Pierroux
Le glacier du Pierroux et la petite écharpe de sortie (au fond à droite)
Le glacier du Pierroux et la petite écharpe de sortie (au fond à droite)
Mille et une conversions sur le glacier du Pierroux...
Mille et une conversions sur le glacier du Pierroux...
L'écharpe de sortie
L'écharpe de sortie
L'écharpe de sortie, viable mais déjà relativement dégradée
L'écharpe de sortie, viable mais déjà relativement dégradée
Final en vue !
Final en vue !
Bon gros brassage sur l'arête
Bon gros brassage sur l'arête
Dans les derniers mètres sous la brèche 3220m
Dans les derniers mètres sous la brèche 3220m
Paysages depuis la brèche 3220m
Paysages depuis la brèche 3220m
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le NW
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le NW
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le NE
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le NE
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le SW
De l'épaule W du Sommet Central de Lauranoure, vers le SW
Parée pour la descente !
Parée pour la descente !
Le cirque du Pierroux après la descente
Le cirque du Pierroux après la descente
Bon ski de printemps pour terminer
Bon ski de printemps pour terminer
Le refuge de l'Alpe du Pin et ses environs
Le refuge de l'Alpe du Pin et ses environs
La limite skiable, vers 1720m
La limite skiable, vers 1720m

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