Vos méthodes pour sortir solo

Salut la compagnie!
En ce jour de grosses chutes de neige par chez moi (74), j'en viens à me poser des questions sur ma pratique. Je ne sors vraiment pas souvent seul mais ca peut m'arriver. Dans un tel cas, je choisis un itinéraire connu, avec pas mal de marge technique et pas très engagé. Depuis aujourd'hui, je réalise aussi que la météo est un facteur de décision pour moi, même sur une course peu engagée (par flemme aussi peut-être?).

Quelles sont vos méthodes de réduction des risques quand vous sortez solo? Airbag? Pas de sortie solo? Tous les avis sont bons à prendre (à part les jugements de valeurs, chacun sa vision de la montagne ;) ).

Hello
Choix en fonction du BRA (comme d'hab)
Pas d'expo.
Itinéraire fréquenté (mais je ne suis pas n'importe quelle trace non plus car j'en vois régulièrement qui me laisse dubitative)
Et quelqu'un qui sait où je suis, à qui je donne des nouvelles régulièrement si ça passe pour qu'il sache où j'en suis, et à quelle heure je rentre.
Et si ça craint j'ai quelques plans de repli bord de piste ou petite bosse/colline que je fais plusieurs fois.

Bonjour,
Il me semble, (enfin c'est ma propre expérience !) que sortir seul est la confirmation de l' autonomie totale "en montagne", alors donner des conseils me semble "déplacé". Tout les critères sont dans ton premier paragraphe...Quant à la météo, si sortir dans la mélasse annoncée ne te gêne pas ben vas-y : si tu avances à la vitesse d'un avion de chasse peut-être que, comme les marins du Vendee-Globe, tu vas rester "devant" la perturbation ; si ce n'est pas le cas, restes donc à la maison car je ne vois aucun intérêt à être "là-haut" dans ces conditions. Amicalement.

Comme dit précédemment et je rajouterai qu'il faut connaitre ces limites et savoir renoncer si on le sent pas et surtout si on va dans des endroits sans réseaux avoir conscience que l'on ne peut compter que sur soit même. Mais ça se fait.

Je pratique le ski de randonnée depuis cinquante ans. Environ 25 ans avec des amis en sorties week-end ou en raid, en refuges ou tentes. Depuis envion 25 ans, les hasards de la vie (dans lesquels figurent accidents et morts en montagne) font que je pratique seul. Je suis les mêmes principes que ceux que tu évoques. Si j'interviens, c'est essentiellement au sujet de la météo. Celle des années 80 ou 90 n'était pas celle d'aujourd'hui. Nous avons donc traversé des moments difficiles en altitude qui se sont toujours très bien terminés avec des cartes, une boussole et un altimètre. Un exemple: avons croisé une cordée au sommet du Pigne d'Arolla qui allait comme nous aux Vignettes. Nous sommes partis dans des directions différentes mais nous nous sommes retrouvés au refuge...Ou bien, autre épisode, remontée de Concordia à Monchjoch Hütte sans trace et avec les moyens évoqués. Toujours un énorme plaisir et une grande joie de s'en sortir. Mais aujourd'hui, je suis soulagé de ne sortir que par beau temps, clair et net! Ne pas voir ce qui te surplombe et dangereux. Nous ne connaissions pas les déclenchements à distance à l'époque. Le fond du problème me semble-t-il est que la mort fait mal à ceux qui restent.

Legazier a dit :Le fond du problème me semble-t-il est que la mort fait mal à ceux qui restent

Merci pour ton témoignage. Je vais en faire un mantra pour mes sorties à venir.

Petite question subsidiaire: est ce que tu as l'habitude de débriefer tes sorties solo d'une certaine manière? J'imagine que poster une sortie sur ce site va en ce sens: j'ai lu quelques uns de tes CR et c'est très enrichissant.
D'ailleurs, une méthode systématique pour aider à l'écriture d'un CR serait bénéfique à tous ceux qui, comme moi, n'ont jamais pris le temps d'en rédiger un (si @Jeroen passe par là 😜).

Je sors très souvent en solo, mais est-ce que solo veut dire seul? Le gars qui me dit qu'il sors solo en partant de Prabert, globalement il a peu de chances d'être seul. J'ai fait le dôme des Ecrins en solo au mois de mai dernier sur la seule fenêtre de beau temps de ce mois la, autant te dire que je savais très bien que je ne serais pas seul (et ca a été le cas, on devait être 50 sur la journée).
Par contre je fais souvent des sorties dans les Ecrins, genre Pic du Lac de Combeynot, Epaule de Chamoissière, Col du Clot des Cavales, Pointe Salvador,...et la très souvent je suis seul a ne voir personne de la journée.

Donc globalement dans ce genre de sortie je fais un mix :

Du BRA (bien que ce dernier a pas mal perdu de son sens en terme d'analyse)
Du réseau ROMMA
Des sorties passés (mais peu de chances d'avoir des retours d'infos dans des secteurs reculés)
De la prévision météo
De Data-Avalanche
Du parcours de la sortie en question

Des journées comme aujourd'hui, tu peux te faire de la sortie en foret sans risques. Enfin moi si je bossais pas j'aurais poncé les face Est/Ouest de la Scia en Chartreuse par exemple.

Et puis je pars, et en fonction du ressenti et des conditions j'avise. Mais globalement j'en garde sous la pédale comme on dit, l'hiver dernier j'ai voulu faire le pic Ouest de Combeynot, après le couloir en haut de la moraine j'ai pas senti la traversée, j'ai fait demi tour. Les quelques gars qui me suivaient de loin l'ont fait, et ca c'est bien passé. Est-ce que j'ai été trop prudent, ou eux trop fou? J'ai tendance a dire que si ca n'a pas bougé, c'est eux qui ont eu raison. Mais pas de regret pour autant sur mon choix, sur le moment je pensais que c'était le bon.

En terme d'équipement j'ai une Fenix6 avec livetrack, comme ca quelqu'un sait exactement ou je suis (quand il y a du réseau). Bon ca te sauvera pas, mais au moins ils perdront pas 3 jours a trouver ton cadavre. J'ai un sac Airbag, je sais pas si ca me sauvera un jour mais je l'ai acheté le lendemain d'avoir déterré un type qui s'en serait peut être sorti si il en avait eu un. Et qui était avec sa femme, elle a eu la chance de ne pas avoir été prise dans l'avalanche mais n'a pas su utiliser son DVA. Comme quoi même a deux...Donc un achat un peu biaisé, ca marque les esprits de pelleter un mort.

Je pense qu'il faut se donner des red flag, perso si la météo annonce l'arrivée d'une perturbation même tard dans la journée je ne me lance pas dans une sortie loin de tout avec de la pente. Je me fais confiance, mais sans laisser de coté l'analyse terrain pendant la sortie (je fais pas de coupes non plus, mais je gratte un peu la neige voir la gueule qu'elle la) la aussi sans préjuger de mes capacité d'analyse car personne n'est assez expert en termes de nivologie pour gagner a tout les coups.

Et puis je psychote pas non plus. on a 50 morts par an dans les Alpes en ski de rando, avec autant d'article qui en parle je pense. Mais si on parlait du nombre de skieurs qui rentrent nickel a chaque fois, on verrait vite que l'accident est l'exception, le retour au foyer est la normalité. Comme avec les accidents de la route.

Comme legazier j’ai commencé la rando a l’hiver 74
Toujours passionné mais plus beaucoup de potes ou partis trop tôt en montagne ou plus de ferraille sur la charpente et ont lâchés l’affaire ,du coup je sort très souvent seul
Je pratique essentiellement ds le massif du mont blanc aig rouges et valais accessoirement
Tjr sur des classiques avec souvent du monde derrière
Je pratique moins sur glacier en solo depuis un épisode qui aurait pu s’avérer définitif
J’ai un sac ABS derniere génération que je prend rarement (c’est con ) certainement un problème culturel ,generationel
C’est comme le casque (j’en ait mais n’en porte pas ) ,et c’est marrant ayant démarré le mtb en dh et en enduro vers la fin de mes 50 ans aucun soucis a le porter ,ca m’a sauvé 2 fois la mise depuis (un dh intégral pété et un enduro explosé) comme quoi ma pratique ski n’est ni un exemple ni pragmatique
Sinon vivant seul je laisse un mot sur la table indiquant ma destination du jour (mais ce n’est évidemment pas a des fins de secours )
Je préfère de loin une sortie avec des potes car pour moi la montagne a tjr été un moment de partage mais la pratique solo surtout confronte a des difficultés à un piment particulier ,les questionnements les prises de décisions ne sont pas dilués dans le groupe et demandent une concentration parfois une tension que j’apprecie (ce qui ne met pas a l’abris de commetre des erreurs ) il faut juste être conscient des conséquences

Pour avoir fait pas mal de sorties solo à une époque (et en faire toujours de temps à autre) je trouve que ça oblige vraiment à se remettre en question.
Fondamentalement ça n'a rien de différent d'une sortie en groupe sauf que tu n'auras pas d'autre avis dans ta prise de décision (avantage ou inconvénient... à toi de voir !!!).
Là où c'est chiant avec les condis actuelles c'est pour tracer, ça use vite !!

NB: parce que ça n'est pas une évidence pour tout le monde, je prends toujours le trio APS même en solo car il m'est arrivé plusieurs fois de commencer seul et finir à plusieurs...

Pareil que Maxime,on peu tjr être amené à intervenir pour porter assistance

Salut,
Beaucoup de sorties solo depuis pas mal d’année,
En synthèse je vais là où il y a du monde (ça ne fait pas toujours rêver) et avec une marge de prudence qui vient naturellement quand tu es seul.
Concernant le matos de sécurité j’ai toujours tout sur moi, histoire de ne pas être inutile si nécessaire (en prenant du super light on l’oublie complètement !)
Au final je pense être plus prudent seul, avec des prises de décision rapide et sans influence que en groupe.

Cela m'arrive aussi de temps en temps mais surtout cela m'est arrivé lors de mes fins de séjours au Chili et en Argentine. Dans ces contrées éloignées où on ne peut compter que sur soi-même compte tenu de l'absence de secours rapides il faut rester très prudent. Aussi dans ces conditions je suis parti avec du beau temps ou variable et sur des itinéraires que j'avais déjà skié majoritairement sauf en Patagonie Argentine. En fonction des conditions de neige, surtout piolet/crampons et pas forcément DVA/sonde/pelle. Une balise GPS et des vêtements chauds en cas de coup dur. Et bien sûr carte, boussole et altimètre. En fait ce sont des situations relativement rares qui me sont uniquement arrivées en 2019 durant 1 mois et en 2022 pendant 15 jours 😉

Hello,

Ernestus a dit :vos méthodes de réduction des risques quand vous sortez solo? Airbag? Pas de sortie solo?
Je sors régulièrement solo pour différentes raisons (potes pas dispo, trop forts, trop…) depuis longtemps. A mon avis :
— Airbag, DVA, etc ne sont pas une réduction des risques mais seulement (et c'est déjà bien) un moyen de s'en sortir en cas de pépin (ou sortir quelqu'un d'autre). Je prends donc toujours ces affaires de sécurité.
— idem partir sur un itinéraire "connu" n'est pas une garantie de risque réduit : il faut toujours ré-examiner l'itinéraire en question.
— ma méthode reste Münter / ANENA, comme pour une sortie à plusieurs : examen du BERA, des pentes et orientations ; puis choix d'un itinéraire ; puis adaptation sur le terrain.
Ensuite, si ta question est "je suis inquiet, comment gérer cela ?" , alors choisis un itinéraire que tu connais déjà et où tu as des chances de croiser du monde (classiques fréquentées) ; si ta question est "j'ai envie de m'immerger dans la sauvagitude, comment me préparer ?", alors vise des coins peu répertoriés ni fréquentés, en commençant avec des sorties où tu gardes de la marge (partir plus tôt que d'habitude, prendre toujours une doudoune sur-chaude, des moufles chaudes et une frontale, et de l'eau) et se préparer mentalement à brasser de la poudre pendant des heures si tu casses une fixation.
Il y a vraiment moyen d'apprécier ces sorties solo où tu testes tes limites : échec ou réussite, tu sais ce que tu vaux… ; difficile ou méditative, tu choisis le mode de sortie qui te plaît…

Un sifflet pas loin en cas de genoux, casse matos, ..., et pas de réseau. Ça porte mieux si qqn dans le secteur, mais jamais testé. Et ça ne pèse rien.

Beaucoup de rando solo années 90 en Chartreuse, Belledonne, Vercors, Maurienne puis Alpes sud.
Très peu de monde à l'époque.
Et les arva balbutiaient. J'avais évoqué la problématique multivictimes dans feu Alpo randi qui m'avait répondu : mais voyons ça se gère tout seul..........
Et pas de méthodes sophistiquées type 3x3 existantes. Bera avec juste l'essentiel.
En hiver je visais soit de la poudre et pentes inferieures à 25°. Ou de la neige bien transfo : Faces sud, basse altitude donc dégel regel.

Et en fin de saison pentes raides (de l'époque) en neige transfo, en couloir bien rectilignes...
Merci aux topos Shashahani et Bonfort, voire aux 100 plus belles.
L'intérêt à la marge est qu'on flippe pas pour les potes en solo.
Et choix de la course en dernière minute, sans pression. Les (petits) ennuis ont été rencontrés avec le p...de facteur humain ( pression affirmée ou même en absence de pression explicite du groupe )
Aujourd'hui 1 ou 2 sorties solo par an encore avec des bulletins béton et une topologie des lieux favorable.

Et arva pelle sonde tjrs, ne serait ce que pour pas em....les secours.
( Dans les Vosges, années 80, on retrouvait jusqu'à 3-4 skieurs sans arva à la fonte des neiges. Ca arrive encore de temps en temps.)