Terrain miné?

Tristesse après ces series d'avalanches meurtrières...
On a coutume de dire qu'un hiver bien enneigé (et régulièrement!) est moins dangereux que l'inverse, ça n'est visiblement pas le cas cette année!!
Autant de vent violent que chaque hiver, gobelets en début de saison...
Qu'a cet hiver, hormis les quantités de neige qui le rend si piégeux?
Des pistes Alain Duclos?
Merci de vos contributions

Un élément de réponse (je pense) : les monstrueux transports de neige du week-end du 3/4 mars, où le vent a été très fort partout et la quantité de neige mobilisable grandes, et qui ont créé de très nombreuses plaques...

Croute de regel donc gros gradient(même si forte épaisseur de neige), du coup couche fragile... 😡

A mon sens ce qui rend cet hiver particulier est l'absence de longue période anticyclonique pour tasser / stabiliser le manteau.
Depuis début décembre on enchaine les chutes de neige tous les 3-4 jours.
En plus de rendre le manteau instable ça pousse certains à sortir dès qu'un créneau "soleil" arrive.

Je pense qu'il ne faut pas chercher plus loin l'explication du nombre d'accident.

Oui et non. Un paquet de plaques sont parties dans des endroits pas courants, et parfois sur des épaisseurs imprévisibles (quand ca part sur 1m50 d'épaississeur, honnêtement, il n'y a pas grand chose à prévoir avant, à part de systématiquement éviter les pentes à plus de 30°...)

Vincent Galloy a dit :
On a coutume de dire qu'un hiver bien enneigé (et régulièrement!) est moins dangereux que l'inverse, ça n'est visiblement pas le cas cette année!!


Mais justement, c'était vrai quand il y a eu les grosses chutes (déc/jan) avec moins d'accidents et des manteaux neigeux stables qui ont même peu réagi aux tirs en station (PIDA). Mais depuis, la configuration est tout autre, on a une succession de 'petites' chutes avec des alternances de chaud/froid et on tombe donc dans un cas similaires aux années peu enneigées. (contrairement à ce qu'on pourrait penser, Février est plutôt sec globalement sur les Alpes du Nord)

A mon sens ce qui rend cet hiver particulier est l'absence de longue période anticyclonique pour tasser / stabiliser le manteau.
Depuis début décembre on enchaine les chutes de neige tous les 3-4 jours.
En plus de rendre le manteau instable ça pousse certains à sortir dès qu'un créneau "soleil" arrive

Cela ne fait pas tout mais sincèrement, je pense que tu as tout à fait raison sur ce point. Cet un des faits de cet hiver.
A écouter certains retours, beaucoup de personnes ont tenté un truc, un, deux ou trois jours après une grosse chute bien tempétueuse car c'était un créneau de beau avant une nouvelle perturbation. J'ai entendu bien souvent "j'attends un ou deux jours de stab avant de sortir". Ce un ou deux jours de stab, sur un manteau comme on a en ce moment n'est peut être pas suffisant...
J'ai vu des gens dans des classiques dans des conditions plus que douteuses alors que dans un même secteur, même configuration, des variantes ou autres courses techniques n'ont pas encore été faites en 2018.
Certains habitués (dont je fais partie) se sont fait piéger dans leur "jardin" par excès de confiance et d'aisance. D'autres sur des classiques sur-fréquentées pour les mêmes raisons.
La disette des hivers précédents a poussé le ski de rando à plus de banalisation des parcours de moyenne montagne. Sur 4, 5 ans, les habitudes peuvent largement changer et les reflexes par conséquent aussi.
Une question/problème simple :
A conditions nivologiques identiques, une personne qui sort ses spatules par risque 3, place t'elle le curseur de vigilance et de prise de risques différemment lorsqu'elle est dans un endroit où elle n'a jamais mis les pieds, relativement isolé et "difficile" d'accès, par rapport à sa sortie "fitness hebdomadaire" en terrain archi conquis?

Vincent Galloy a dit :Des pistes
Décembre janvier : qq très grosses chutes de neige et qq très grosses avalanches, mais randonneurs relativement peu concernés, non ?
Ça s'est gâté grave à partir de début mars. A mon avis, une stratigraphie particulièrement complexe a été engendrée par la succession d'épisodes perturbés avec des précipitations relativement faibles, de périodes de froid, de ciel clair et de redoux. Au bout du compte, un mille feuilles de croûtes et de couches fragiles dans pas mal d'endroit, mais pas partout bien sûr.
Attention : malgré le fort enneigement en général, on trouve aussi des manteaux neigeux minces et particulièrement piégeux en altitude. Érosion par le vent, ou par les avalanches passées ?
C'est ce que j'ai observé par exemple aujourd'hui, sur une des avalanches accidentelles récentes proches de Valfréjus :
www.data-avalanche.org/avalanche/1521910876124

@Alain, vous ne donnez pas les inclinaisons des pentes sur vos CR ... ça pourrait être utile...

xdo a dit :vous ne donnez pas les inclinaisons des pentes sur vos CR ... ça pourrait être utile...
Non,
Parce qu'une pente n'est quasiment jamais uniforme. Qu'est ce qui vous serait utile ? L'inclinaison maximale ? L'inclinaison de l'endroit où la victime se trouvait ? l'inclinaison à la rupture sommitale ? etc .
Mai si l’inclinaison vous intéresse vraiment, ce qui est légitime, alors il suffit de lire la carte associée au CR 😉

bonsoir Alain
J'ai aussi l'impression que la flotte qui a bien noyé le manteau fin janvier (2m d'épaisseur par ex au Logis des Fées et humide jusqu'au sol à cette période) a laissé cette humidité importante, le regel n'est évidemment pas descendu là dessous, les couches se sont empilées dessus, mais dès que ça radoucit un poil, tout part sur la hauteur

jlmz a dit :dès que ça radoucit un poil, tout part sur la hauteur
Ça, c'est l’histoire des plaque de fond (ou reptations), certes fréquentes en ce moment.
Très différente pourtant de celle des plaques accidentelles déclenchées ces jours ci, induites par la présence de couches fragiles enfouies...

@Alain Duclos
pourriez vous m'éclairer sur quelques questions sur le cas que vous avez mis en lien : www.data-avalanche.org/avalanche/1521910876124 ?

La couche fragile est elle bien celle dans laquelle la rondelle du bâton est enfouie ?
On voit que c'est parti jusqu'au sol. Cette couche fragile correspondrait à la, ou une des premières, chute de neige de l'hiver ?
On voit au dessus, une couche dure. Est-ce que c'est elle qui a cassé puis glissé sur la couche fragile ?
La dernière couche meuble a t elle joué un rôle dans la rupture ? ou Est-ce que sans elle, la couche dure aurait de toute façon cassée ?
Est-ce qu'un redoux a pu fragiliser cette plaque dure ?

Au sujet de fournir l'indication de la pente, ne serait-il pas possible d'indiquer la fourchette de pente entre le départ et l'arrivée (30-34,35-39,40-45) ?

D'avance merci pour le temps pris pour vos explications !

Je voudrais juste rajouter une note sur tout ce qui a été brillamment expliqué.
La neige est un univers foireux.

Un risque 3 en Janvier est beaucoup plus piègeux qu'un risque 3 en Avril. Mais par contre les conditions de risque sont très stable en Janvier, alors que le risque à une grande amplitude et peut varier de 2 à 7h00 du mat et monté à 5 à 15h00 à cette même altitude de 2500m.

Bonjour

Cet hiver il faudrait vérifier j’ai le sentiment qu’il y a eu plus de tempête. Tous les 15 il y a une grosse tempête (la dernière jeudi 15/05 vent de sud est) à 2250 m on avait l'impression qu'un TGV passait, un collègue s'est fait prendre par une tempête de ouest en janvier.

Peut être aussi comme il y a pas loin de 450cm de neige au sol (Belledonne) à 2500m ; il y a moins de roches qui accrochent la neige; tout est lisse est comblé.

Par contre on voit des sorties dans des pentes improbables ‘’ Jallouvre face sud’’ et rien ne bouge ???

Autre bizarrerie les localisations des avalanches ; un peu ‘’aléatoire ‘’ dans le temps et la localisation Suisse puis alpes du sud puis ???…..

Cela fait 15 jours en gros que l’on est en risque 3 ; et là on est reparti pour des chutes de neige…

Comme dit précédemment cet hiver c’est foireux. (Beaucoup de personnes expérimentées se sont avoir)


J'allai oublier un autre danger va apparaître avec le redoux toutes les énormes corniches causées par ces tempêtes vont tomber ; il ne faudra pas être dessous...

A+