Lors de ma sortie d'hier j'ai vécu de très nombreux "whouf" sur les partie plates où très faiblement pentues.
La plupart du temps seul un bruit était perceptible avec parfois des fissures en surface.
Intrigué j'ai un peu creusé : une couche de 5 à 10 cm de poudre tassée puis une couche d'un demi centimètre de très dur (presque glace) qui adhère à une sous-couche de cohésion assez faible (grains plutôt rond mais certains avec des angles).
Les whoufs étaient la conséquence de la rupture de la couche glacée.
Question pour les spécialistes : au niveau des risques que puis-je déduire de ce genre d'observation ?
Sans être spécialiste, minimum degré 3 avec déclenchements a distance possible. Attention dans ou sous les pentes a plus de trente degrés.
Tu as en bas une couche qui a subi une métamorphose constructive (grains anguleux et gobelets). Dessus une croute de glace et tout en haut une couche de poudre tassée. Ton poids provoque l'effondrement de la première couche sur la troisième en brisant la croûte de glace. Le whouf est la conséquence de l'air emprisonné dans la couche du bas qui s'echappe. Les couches 1 et 3 n'ont pas de cohésion en raison de la couche 2 que tu détruis. Dans une pente a plus de 30 degrés ca te faits une belle avalanche de plaque.
S'il n'y a que 5-10cm le danger peu être gerable, mais si dans les pentes ou localement il y a des accumulations c'est une situation très dangereuse
Fred CFred a dit :au niveau des risques que puis-je déduire de ce genre d'observation ?
Un whoumph est la manifestation d'un effondrement dans une couche fragile, tu l'as compris.
Il y a donc une couche fragile enfouie et efficace dans le coin (amorce puis propagation de rupture, glissement possible de plaques dans le plus de 30°).
On peut toujours jouer à imaginer que cette couche fragile n'existe pas dans les pentes adjacentes (il peut y avoir de bonnes raisons pour ça).
N'empêche, pas plus tard que mercredi dernier dans le Queyras, nous avons ressenti plusieurs de ces whoumph, avant que de nombreuses fissures et départs de plaques ne se produisent brutalement dans un rayon de 200 m. Couche fragile efficace et évidente après observation :
www.data-avalanche.org/listAvalanche/1482356406225
Plusieurs avalanches accidentelles signalées ensuite dans le secteur 😯
Petites questions pour Alain:
Quelle est la nature de cette mince couche glacée? S'agit il d'un givre de surface, d'une petite croute infâme..?
La présence de cette couche était elle prévisible? D'avance merci! 🙂
Thomas a dit : nature de cette mince couche glacée
Non : regarde bien les photos : ce n'est pas une couche glacée qui joue le rôle de couche fragile, mais bien les grains anguleux (qui peuvent être au dessus ou au dessous d'une couche dure).
Sur la dernière photo de détail que j'ai mise sur data avalanche, on voit bien l'empilement de ces grains, avec une orientation dominante perpendiculaire à la pente.
Ces couches peuvent être prévisibles, mais le mieux reste de creuser un peu, et de bien regarder ("tests" à la pelle, etc.).
Bonsoir
Pas normal à cette saison d'avoir des couches fragiles (faces planes) provoquéees par le gradien de température?
mick38 a dit :Pas normal à cette saison d'avoir des couches fragiles (faces planes) provoquées par le gradien de température?
Pas systématique en tous cas.
Il y a plein d'endroits (enneigés) en ce moment où l'on ne trouve pas de couche fragile enfouie et continue. C'était des conditions idylliques, avant que le vent fort des jours passés ne saccage la bonne poudre en surface 🤭