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Bonjour à tous et à toutes,
je me permets d'ouvrir un nouveau sujet suite aux commentaires de l'accident de Ceillac du 23/02. Je fais parti des rédacteurs des BRA des Alpes du Sud et je souhaite apporter quelques précisions, sans polémiquer, et à titre personnel.
Je n'apporterai pas d'éléments supplémentaires quant à l'accident en lui même ; une enquête est en cours.
En préambule, je rappelle que le BRA n'est ni un feu vert, ni un feu rouge mais un outil d'aide à la décision (parmi d'autres). Il doit impérativement être confronté aux observations de terrain ; il s'agit bien d'une estimation d'un risque à l'échelle d'un massif d'une superficie importante (au moins 400 à 600 km²) où les effets locaux (vent, épaisseur et constitution du manteau neigeux,...) jouent un rôle important à une échelle plus fine (une pente, un versant, un couloir) du fait de la topographie du site. Il est rédigé à partir de mesures de terrain (pisteurs, gardiens de refuge, partenaires privés, vos CR de sorties, stations automatiques, sorties sur terrain des nivologues, etc...) réalisées avec tout le professionnalisme possible par des gens formés et impliqués mais qui ne peuvent renseigner toutes les altitudes, les versants, les massifs, etc... Il se base également sur un bulletin de prévisions, qui induit de fait une incertitude. Un modèle numérique vient également nous épauler mais ce n'est qu'une modélisation qui ne peut en aucun cas prendre en compte la complexité réelle du terrain. Enfin, l'expérience du nivologue entre en jeu.
J'ajouterai que pour les Alpes du Sud, il n'y a (malheureusement) qu'une seule personne présente quotidiennement pour rédiger les 9 BRA recouvrant l'intégralité des massifs allant du Thabor au Dévoluy jusqu'au Mercantour. Vous aurez donc remarqué des copier/coller entre les massifs (parfois copier/merder...) et la difficulté de pouvoir apporter beaucoup de précisions (quand c'est possible), vue la charge de travail (le nivologue ne fait pas "que " rédiger les BRA) et la superficie couverte.
Je ne cherche pas à me déresponsabiliser, nous faisons notre maximum (avec les moyens et les outils que l'on veut bien nous donner) pour appréhender au mieux le manteau neigeux et son évolution, mais il est désagréable de lire des commentaires blessants par rapport à notre travail (dans un contexte difficile). Je cite : "risque qui fait le yoyo sans raisons logiques" ; je ne chiffre pas le risque avec un jet de dés, le texte du BRA (à lire impérativement ; un chiffre unique est insuffisant) peut donner au moins un début de justification (pas la place non plus pour pouvoir systématiquement justifier). Ou encore :" avec les masses d'eau chaude (????) tombées lundi"..." le risque devait être de 5 " ; là je reste perplexe et j'incite à lire vivement la définition des différents risques (un contributeur a d'ailleurs très justement réagi sur le risque 3) dans l'échelle européenne (en buvant un thé par exemple pour rentabiliser les masses d'eau chaude).
Quant on fait de la prévention, un accident tragique est aussi difficile à vivre (sans aucune commune mesure bien sûr avec la douleur des proches et des familles) et à digérer (l'hiver dernier a été tragique pour tout le monde).
Pour finir, je veux rétablir quelques inexactitudes :
- présence d'une cassure linéaire dans une avalanche : il s'agit dans l'immense majorité des cas d'une plaque à vent (avec une neige qui a pu être humidifiée sur une partie du manteau neigeux)
- une avalanche de plaque peut mettre le terrain à nu ; ce n'est pas incompatible, tout dépend de la résistance du manteau neigeux sous la structure de plaque.
D'autres ont été écrites ; on pourra en reparler une fois l'enquête close.
Enfin, merci pour vos retours de terrain, ils nous sont précieux; certains contributeurs sont d'excellents observateurs nivo-météorologiques !!
Soyez prudents et attentifs aux signaux d'alerte (skiez avec votre cerveau ou en mode vigilance comme le dit justement Alain Duclos).
Merci,
il était temps de remettre les choses à leur place.
Merci
Et du coup pour vous aider, quelles infos vous sont utiles dans les CR?
On touche là à un problème majeur : celui des réductions budgétaires et de la suppression des postes dans la fonction publique. Il n'y a pas si longtemps, MF disposait de personnels pour aller sur le terrain en plus des observateurs cités par le nivologue. Ce n'est malheureusement plus le cas aujourd'hui et on ne peut que le déplorer mais malgré ce, MF fait du bon travail avec ses moyens de plus en plus réduits et c'est à souligner. Merci à eux
C'est sûr qu'une seule personne pour estimer le risque sur toute les alpes du sud, si c'est toi, tu dois pas bien dormir.
De toute façon la consultation du BRA, ne doit pas dispenser de la lecture du terrain. Maintenant risque 3, tout le monde fonce n'importe où, moi le premier, encouragés par des photos et vidéos. Risque 3 ça veut dire que certaines pentes sont sans risque et d'autres sont à risque 4 ou 5. En tous cas, loin de moi l'idée de mettre en cause MF, ni les malheureux randonneurs qui se font prendre.
Bon courage à Flocus pour affronter seul ces responsabilités.
Merci à tous les gars de MF de Briançon pour le travail fait quotidiennement et pour la qualité des infos mises en ligne. Comme Bobo, je serai intéressé de savoir quelles sont les infos qui peuvent vous aider et comment vous les faire remonter (via Skitour ou par un autre moyen!).
@mick38
Non. Les autres pentes ne sont pas risque 4 ou 5, tout simplement risque 3. Un petite formation sur les risques d'avalanche ne te ferais pas de mal.... Le risque 3 est déjà très dangereux...
Risque 3:
Déclenchements d'avalanches possibles parfois même par faible surcharge et dans de nombreuses pentes, surtout celles généralement décrites dans le bulletin. Dans certaines situations, quelques départs spontanés d'avalanches de taille moyenne, et parfois assez grosse, sont possibles.
Bonsoir
Merci à l'équipe de MF de Briançon pour leur bulletin.
Bonnes randos à tous
il se passe quoi aujourd'hui.
Il y a pas de bulletin pour l'isere? a 18h15 ca marque pas de bulletin disponible pour ce departement 🤨
C'est la grève...
Pour l'instant les collègues nivologues des Alpes du Nord ont échappé en partie aux restructurations! Mais le rouleau compresseur est en marche...le monde du travail évolue...dans le mauvais sens!
...et les nivologues de Bourg St Maurice, Grenoble et Chamonix risquent le même sort que Briançon dans qqs années : un seul centre pour les Alpes du Nord.
Aujourd'hui, j'ai fait grève également, au service prévision de MF Briançon, j'ai été remplacé par une machine qui a fait un "magnifique" bulletin de prévi disponible sur le répondeur, il est censé y avoir un retour d'Est ce WE, voilà ce qu'annonce la machine :
Pour demain Samedi : Pluie et neige...Dimanche : Averses et neige...etc...bref c'est nul, ce retour d'est n'est jamais mentionné...et la machine n'a même pas le courage de dire que ce bulletin a été mis en place suite à une grève, elle dit : "En raison d'un problème technique, ce bulletin automatique vous est proposé en remplacement".
Bref, un peu dégoûté par ces évolutions.
Bonnes randos. Jean-Paul, MF Briançon.
floccus a dit :la difficulté de pouvoir apporter beaucoup de précisions
Est ce que ce ne serait pas plutôt un atout ?
Si je peux me permettre, j'apprécie particulièrement les BERA des Alpes du Sud, vraiment (je consulte tous les jours celui des Hautes Alpes),
- parce que les indices de risques sont généralement prudents,
- parce que, justement, le texte n'est pas encombré d'une foultitude de détails, nécessairement faux dans un certain nombre de situations, et parfois inutiles.
Je me suis souvent demandé si ce n'était pas l'immense territoire à couvrir qui exigeait de votre part une synthèse, forcément imprécise, mais aussi juste que possible.
Je pense que les utilisateurs du BERA ne doivent pas attendre de lui des précisions que seul un observateur sur place pourrait observer. Et encore... 😯
Je suis régulièrement les bulletins sur les Hautes-Alpes. C'est concis et sans fioritures, donc efficaces. Merci donc de ce travail. Il y a cohérence entre les différents secteurs des H-A, ce qui est bien. Par contre, il y a quelquefois des divergences surprenantes entre les bulletins des secteurs Champsaur et Pelvoux, côté H-A, et des secteurs Oisans et Grandes Rousses, côté Isère. Il faut interpréter la différence de rédacteur 😉 .