Salut tout le monde,
Un petit rappel avant l'épisode neigeux prévu ce week-end :
Dans les faces nord, au-dessus de 2500 m/2800 m, la nouvelle neige se posera parfois/souvent (?) sur de la neige sans cohésion : grains anguleux type faces planes, voire des gobelets ... ce que certains appellent dans leur compte-rendu de la poudre.
Les derniers CR en rendent compte, les bulletins Informations Neige de Météo-France également.
Donc gaffe les prochains jours (et selon l'évolution de ces couches, gaffe pour le début de saison) : des structures de plaques pourraient être en place dans ces orientations froides et au-dessus de ces altitudes (neige récente sur couche fragile constituée de grains anguleux).
ça rappelle les débuts d'hiver "classiques".
Pour mémoire, voici quelques lignes glanées sur les CR récents :
"neige sans cohésion toujours présente ds les versants froid"
"Farine tassée dans la combe sous le sommet."
"Après une descente sur un bon 3/4 en poudre, jusqu'à 2500m"
"pas de feeling avec cette neige sans cohésion qui ne se tient pas"
"Le Sibolet offre une combe Nord bien remplie et poudreuse"
"Sous le Sebolet la neige est restée bien froide sans trop se transformer"
"Bonne poudre et bon enneigement."
"Beaucoup de neige sans cohésion dans les pentes qui ne voient pas le soleil; si il neige un jour "
"Neige bien froide à toutes les expositions au dessus de 2900m"
oui en même temps c'est comme ça tous les débuts de saison...
Et puis sur les versants chauds la terre n'est pas du tout gelée, donc tout peut partir! 🙁
A propos de couches fragiles, j'ai un doute.
J'avais toujours compris que on peut reconnaitre gobelets et faces planes car c'est comme "sucre", c.a.d. sans cohésion. Mais a lire ici,
h**p://duclos.transmontagne.pagesperso-orange.fr/poster_ISSW_Davos_2009.pdf
si je ne me trompe pas, le tas des gobelets "colle" sur la pelle reversé, donc il y a "assez" de cohésion.
Je suis un peu confus.
De ce que j'ai compris, ils parlent d'un changement de phase.
En gros la neige est sans cohésion si elle est en mouvement (phase GL) et elle reprend de la cohésion si elle s'arrête (phase GS).
Les transition sont réversibles suivant les conditions. Ca montre que si on met en mouvement une telle couche, comme elle devient liquide, elle accentue le mouvement.
Ca fait "boule de neige" (mais pas de la neige qui colle).
Perso je préfère ces notions de solide et liquide car la notion de couche fragile est pour moi discutable : le verre est fragile.
De fait la couche qui est au dessus de la "couche fragile" a une rupture type matériau fragile ...
Maki a dit : le tas des gobelets "colle" sur la pelle reversé, donc il y a "assez" de cohésion.
Bon...
Le concept est très simple 😎
On veut juste souligner que, dans la nature avant qu'on y mette les skis, les grains d'une couche fragile sont collés entre eux. C'est fragile mais ça tient 🙂
Et puis parfois pour pas grand chose (le passage d'un skieur) une rupture s'amorce dans la couche fragile et peut se propager. La couche fragile se désagrège brutalement ( les grains se décollent)... et ce qui est dessus risque fort de glisser en plaque si l'inclinaison est suffisante (>30°) 🙁
C'est ce que montre la manip de la bouteille, dont on voit la video ici
prezi.com/00wimfxge40m/avalanche-part-previsible/
(la 3ème en partant de la gauche dans la partie "mécanisme de déclenchement)
Whaou merci pour le lien vous avez fait un heureux ! C'est super riches en informations et ça à l'air passionnant je vais regarder ça d plus prêt !
Oui Alain, c'est juste que pour reconnaitre les gobelet on dit toujours que "c'est comme sucre, sans cohésion". Là c'est facile d'imaginer que ça tient comme, pour dire, un tas de gravillon. Mais en réalité on voit que la couche fragile peut se présenter d'une façon plus "solide".
Il m'est arrivé, en creusant un peu, de trouver un couche enfouie granulaire mais "assez" solide et compacte. Enfin, c’était pas difficile a désagréger avec la main, mais c’était nécessaire un peu de force quand même. Je n'ai jamais vraiment compris si c’était une couche fragile ou pas (dans le doute --> oui). Il faut que je achète une loupe...
Maki a dit :Je n'ai jamais vraiment compris si c’était une couche fragile ou pas (dans le doute --> oui).
Oui
Maki a dit :Il faut que je achète une loupe...
Ça peut satisfaire ta curiosité, mais pas ton besoin de mieux apprécier la stabilité 😉
@ Alain Duclos
Merci pour votre présentation tip-top. Vraiment claire et instructive. 😎
On dirait que ces propriétés de phases GS et GL sont très voisines de la thixotrotopie: viscosité importante à l'arrèt et diminuant sous l'effet : d'une contrainte ou d'un déplacement.On trouve celà pour ...le yaourt, le ketchup, certains dentifrices..quelques argiles.....etc, et ce que certains appellent des couches fragiles.......Suis je dans le correct?
@rominet.
Non ce dont tu parle ce n'est pas de la thixotropie. Ce sont des corps viscoplastique (donc à seuil d'écoulement) et rhéofluidifiants (c'est à dire dont la viscosité apparente diminue lorsque la vitesse d'écoulement augmente).
La thixotropie caractérise un phénomène de décalage des courbes d'écoulement à la montée en vitesse et à la descente.
La neige correspondrait plutôt à un écoulement pulvérulent, et l'écoulement des particules est quelque chose de beaucoup plus compliqué que celui des fluides même complexe, même si je pense que sur la forme ta réflexion doit s'approcher de la réalité, du fait d'une perte de cohésion qui s'accélère lorsque le mouvement à commencé.
Je suis l'un des auteurs du poster ISSW Davos mentionné par Maki. Je ne suis pas spécialiste de yaourt, mais le comportement des couches fragiles me semble proche de la thixitropie. Il y a un décalage entre les courbes charge et décharge au niveau du seuil (hysteresis) (encore que je ne sois pas sûr que la définition de "thixotropique" suppose l'existence de ce décalage).
Mais peu importent les définitions. L'essentiel est:
1. que la couche fragile est effectivement fragile au départ (fins cristaux de glace avec beaucoup d'air). Evidemment ça peut être plus ou moins fragile, mais fragile quand même.
2. qu'elle devient fluide si on la dérange, soit en la collectant à la pelle, soit lorsqu'un skieur passant sur la plaque au dessus exerce une impulsion suffisante qui la fait effondrer comme un château de cartes.
3. qu'à ce moment là son écoulement permet à la plaque de commencer à glisser. Plus le fluide s'écoule vite plus sa viscosité est faible. Mais s'il ne coule pas assez vite, tout se fige. Ça se produit pour un seuil bien précis.
4. que l'état figé est très différent de la couche fragile de départ, car il est tassé, beaucoup plus dense, et probablement difficile à fluidifier à nouveau.
Pour ceux qui veulent plus de details, je renvoie à l'article théorique que j'ai publié là-dessus (en anglais, désolé!), basé sur les observations de terrain faites avec Alain Duclos et quelques autres, qui complète le poster que nous avions presenté à ISSW Davos. Voici le lien de l'article, à taper sur Google ou équivalent:
arXiv:1504.01530v1 [physics.geo-ph]
Francois a dit :Voici le lien de l'article, à taper sur Google ou équivalent:
Ou, plus directement :
arxiv.org/ftp/arxiv/papers/1504/1504.01530.pdf
... mais l'essentiel me semble bien dit avec les points 1 à 4 de François Louchet 😉
Au fait, François, c'est le chercheur qui pour la première fois a éclairé le mécanisme de déclenchement des plaques avec la physique de la rupture 🙂
C'était en 2000 😯