Comment comprendre ce qu'on a sous les pieds en creusant?

Bonjour à tous!
Je lis avec beaucoup d'intérêt tous les posts concernant la neige et les avalanches. Merci beaucoup à tous les contributeurs! C'est très utile.

Je me suis documenté sur la structure d'un manteau neigeux, la transformation des cristaux, les facteurs augmentant les risques de déclenchement d'une avalanche tout ça (notamment par le site d'A.Duclos, data-avalanches).

Quand je sors, si je suis pas à la traîne 😉, j'aime bien creuser à la pelle et "toucher" les différentes strates du manteau. Par contre, j'avoue que sur l'instant je me sens incapable d'en estimer la dangerosité ou non! (deuxième saison pour moi).

L'autre jour j'ai eu la composition suivante (sur un petit bout de la rando seulement):

5 cm de neige relativement fraîche, pas ultra légère
2 cm de croûte gelée (vent?, soleil + temps? j'en sais rien), il faut forcer pour la casser à la main
10 cm de neige avec peu de consistance, l'impression de brasser du sable (du gravier plutôt)
2 cm de croûte gelée
10 cm de neige avec peu de consistance, l'impression de brasser du gravier
encore une croûte gelée
et encore de la neige peu consistante
...je me suis arrêté là 🙂

Donc je vois bien qu'il y a eu de l'activité, la neige des couches intérieures n'est clairement pas fraîche, les mécanismes de transformation ont eu lieu. Par contre, est-ce que ce sont des gobelets? des faces planes? pfffff j'en sais rien!
Les croûtes montrent une activité d'éléments météorologiques mais j'avoue ne pas très bien savoir comment et quand elles se sont constituées (surtout quand on a pas sous la main l'historique météo du lieu sur les 2 dernières semaines).

Quand je skiais là-dessus, en montant la première couche de fraîche ne tenait pas du tout sur la croûte de dessous, mais elle était très faible (5 cm grand max). Par contre en descente, un coup on cassait la croûte (qui devait être mince à certains endroits) un coup on restait dessus.

Bref je suis incapable de déceler quelle couche pourrait être fragile là-dedans, quelle couche pourrait glisser, etc, et donc de dire "Ok là il faut faire gaffe, c'est pas cool ce qu'il y a dessous"...

Je suppose qu'il me manque beaucoup de pratique et d'expérience bien sûr mais j'aimerais bien mieux comprendre ce que j'observe quand je creuse comme ça. Est-ce qu'il ne me reste qu'à continuer à lire (faut que tout ça rentre et y en a de l'info disponible!)? ou bien existe-t-il des petites astuces?

Voilà les questions que je me pose.
Merci d'avance!

A priori pour la neige sans cohésion je dirais gobelets mais si c'était des faces planes ça ne change pas grand chose. En passant je rajouterais une petite question pour les "experts", quel peut être l'effet d'une croute (regel ou vent et suivant son épaisseur par exemple 2-3 mm ou 2-3 cm) reposant sur de la neige sans cohésion lors de chutes de neige ultérieure. Effet favorable (ça isole la nouvelle neige de la neige sans cohésion...) ou défavorable (plan de glissement...)?

Et toutes ces questions vous mèneront à quoi?

Apparemment selon toi il ne faut pas chercher à améliorer la connaissance du manteau, ne surtout pas essayer d'analyser une pente et d'évaluer le risque.

Mais qu'est-ce que tu proposes, toi ?

1/ Ne plus sortir en montagne dès qu'il y a plus de 7 cm de neige déposée?

2/ Acheter un grigri?

3/ S'arrêter dans les chapelles au début des courses?

4/ Attendre d'être vieux, de plisser les yeux, et de dire "je la sens pas"?

5/ ...

Je ne sais pas... mais je me dis aussi que l'on ne peut de toute façon pas prendre l'ensemble des paramètres en compte et que cela peut donner un faux sentiment de maîtrise.

Comme d'habitude, je me lève le matin, je ne suis pas sur le terrain, je fais une heure de route en voiture, comme d'habituuuude, et là comme tout le monde je ne commence pas la rando par faire un trou pour analyser la couche de neige sur 1 m.

La seule chose que je sais, après une grosse chute de neige, effectivement et en général, je reste chez moi ou je randonne dans des endroits très peu exposés (long d'une piste, faible pente, etc.) pendant 1 semaine, pour le reste, bien malin celui qui peut prédire.

@k1200rs
Chacun envisage la montagne comme bon lui semble non?
Votre remarque n'apporte pas grand chose d'intéressant à ce post mis à part que cela montre que nombre d'entre nous n'ont pas les mêmes opinions à ce sujet...très bien, maintenant qu'on le sait, passons aux choses intéressantes 😊

Edit: je viens de voir votre réponse postée en même temps que la mienne.
Je ne me reconnais pas dans ce que vous dites mais plus dans ce que vous dites faire vous-même. Comme quoi, cerner quelqu'un sur un seul message dans un forum...ben ça marche pas très bien 😉

senhal a dit :Effet favorable (ça isole la nouvelle neige de la neige sans cohésion...) ou défavorable (plan de glissement...)?
Ca dépend du bilan.
D'un côté, ça isole en partie la fraiche des gobelets.
D'un autre côté, ça limite les purges naturelles durant la chute (normalement, 80cm de fraiche sur des gobelets, ça purge durant la chute dans du 35°). Le risque est d'avoir une grosse épaisseur de fraiche mobilisable. Et si ça faceplanise un peu à l'interface fraiche/croute, on a une double couche fragile.
Il y a eu de gros déclenchements en 2011 à cause de ça : 80cm sur croute portante sur gobelets. Déclenchement de la couche fragile inférieure : les 80cm + la croute s'effondrent de 1cm sur les gobelets. Ensuite les 80cm glissent sur la croute sans l'emporter.

raphraph
va voir sur le site de l'anena. Tu trouveras de quoi identifier les cristaux de neige (loupe + schéma des différents cristaux). 🤨
Inscris toi dans des formations en nivologie (CAF ,anena, ffme). Tu relativiseras l'intérêt d'une coupe car la montagne est un milieu...variable. Ce qui vaut ici, ne vaut pas forcément 10 m plus loin. 😯

Oui je devais faire une des formations Traces en mars mais finalement je ne suis pas dispo. Je vais voir si je peux en faire une autre plus tard dans la saison.
Je vais jeter un œil aux docs de l'anena.

Pour ce qui est de l'intérêt local d'une coupe j'en suis conscient, mais merci du rappel.

Olivier a dit : Tu relativiseras l'intérêt d'une coupe car la montagne est un milieu...variable. Ce qui vaut ici, ne vaut pas forcément 10 m plus loin.


Ben voila, en bref on progresse.

Olivier a dit : Tu relativiseras l'intérêt d'une coupe car la montagne est un milieu...variable. Ce qui vaut ici, ne vaut pas forcément 10 m plus loin.

Oui on est d'accord et surtout si tu fais une coupe en te posant des questions c'est que déjà faut surtout plus se demander ce que tu fais encore là 😉

Mais bon si en faisant une coupe tu vois que le manteau est moisi, certes il ne le sera peut-être pas plus loin, mais au moins tu auras eu une alerte et tu fera demi-tour ou non...

Pour ma part je sais que souvent je fais plus un test assez simple dès le départ d'une balade et assez régulièrement pendant la course. J'enfonce mon bâton en tentant d'aller le plus profond possible dans le manteau. Et déjà j'ai une notion des couches résistantes ou molles et leur épaisseur dans le manteau. Ensuite je peut aller gratter avec la main pour voir les couches de semoule et voir si elles sont moisies. C'est pas très académique, mais ça informe pas mal déjà.

Sinon tu peux aussi chercher les endroits où le manteau est déjà complètement apparent (ruptures de talus, grosses souches, ...) Là tu as un aperçu du millefeuille. Certainement faussé, mais les couches molles/dures sont visibles bien souvent en grattant.

Voilou. Mais le plus simple est déjà de suivre régulièrement le BRA est l'évolution de celui-ci au cours des jours. Ainsi que les vents et les températures : infos sur les balises nivoses. Bref comme le dit Munter, une course se prépare surtout à la maison. Sur le terrain généralement on décide juste de faire demi-tour car on ne rencontre pas ce qui était prévu !

raphraph a dit :
Voilà les questions que je me pose.
Si tu es sur la région de Grenoble, je te propose de venir à la conférence que j'animerai mercredi soir à 20:00 sur le campus 😉
Univertsité Pierre Mendès France, Amphi 1
151 rue des Universités
Campus St Martin d'Heres
C'est organisé par SUAPS de l'UPMS, Journée prévention des risque en montagne, "What Health?!"

J'essayerai de m'expliquer de vive voix, avec quelques arguments 🙂

Alain Duclos a dit :Si tu es sur la région de Grenoble, je te propose de venir à la conférence que j'animerai mercredi soir à 20:00 sur le campus
Ça pourrait devenir une actu, non ?

Merci pour l'info.
Dommage je ne pourrais pas être là.

Cette info ne m'a pas l'air d'avoir été très bien diffusée (je bosse sur le campus et j'ai rien vu). Dommage.

ben vrai...il y a ceux qui creusent ( quoi au juste...) 😉 avec une pelle à la main.... 🙄 et creux qui tiennent la winchester 😡
Gardons le moral, le pire n'est jamais certain et dans un champ de mines....elles ne sont pas toutes l'unes contre l'autre...mauvais ici...ça peut etre bon ailleurs. Ce que j"en dit.... 🙄