Bonsoir tout le monde,
J'ai quelques doutes quant à mon interprétation du BRA. Cela fait deux fois que je suis confronté au problème, j'ai bien peur de n'avoir rien compris au mécanisme de base de la formation des plaques à vent. Je m'explique :
Dans le bulletin des Alpes du N, pour demain on peut lire : "Avec le renforcement du vent de Nord à Nord-Est des plaques vont se former". Mon interprétation est donc que des plaques vont se former dans les versant sous le vent cad en orientation S à SW. J'ai bon ou je suis à côté de la plaque (sans mauvais jeu de mot)?
Ce qui m'a mis le doute, c'est la lecture d'un BRA il y a quelques temps (je ne sais plus du tout lequel) où on pouvait lire quelques chose du genre fort vent du N formant des plaques alors que sur la rosace, seule la portion N était noire, le reste était gris????
Merci pour votre aide!
bonsoir
j'ai essayé de répondre à ta question, et j'ai pas d'idée, alors pouf je suis allé sur le site de l'ANENA
et pouf www.anena.org/savoir/chroniques/chroniques_nivometeo.html
alors tu a l'air d'avoir raison...
quelques explications possibles : des vieilles plaques en versants nord signalées par le BRA et soulignées, et une action du vent pas si pire...
je ne suis pas étudieur de neige, je raconte peut être de grosses bêêtises (c'est tout à fait probable), quelqu'un peut il confirmer???
Pour moi, c'est toujours une énigme...Mais, si je dois retenir une notion: c'est que le vent dépose sur un secteur à l'abri, donc soit sur le versant opposé ou (et) dans la direction contraire au sens du vent ????? Suis-je clair 🤭 .
Mike a dit :"Avec le renforcement du vent de Nord à Nord-Est des plaques vont se former". Mon interprétation est donc que des plaques vont se former dans les versant sous le vent cad en orientation S à SW
Effectivement les plaques se forment généralement "sous le vent" : la neige fraiche se déplace dans le sens du vent, passe la ligne de crête et se dépose derrière (formation de corniches, et de plaques). Par contre si en altitude la direction du vent est assez homogène, proche du relief c'est beaucoup plus variable, ce qui peut créer des plaques sur toutes les orientations, et derrière toutes les bosses...
L'explication se situe dans la définition de " sous le vent"
(ref, Wikipédia).
L'expression sous le vent s'utilise pour positionner un objet dans l'espace en indiquant qu'il se trouve du côté opposé à celui d'où souffle le vent, par rapport à un objet servant de référence. Ainsi, l'objet est en aval d'une ligne perpendiculaire au vent passant par l'objet, et reçoit le vent en second.
En soufflant nord, ça veut dire que ce sont les pentes nord qui subissent le vent. Donc effectivement tu auras des plaques au sommet des pentes sud (et des corniches), mais pas seulement. Tu en auras aussi dans les pentes nord puisque le transport de neige se fait aussi d'un point A d'une face nord à un point B de la même face, le relief même de la face influençant les dépôts de neige (bombés, etc...).
Perso pour les plaques, je ne regarde pas la direction du vent, uniquement la vitesse.
Car le vent forme des plaques partout où il passe :
- sous le vent, par dépot de la neige emportée
- au vent, par tassement de la neige (cohésion) : si ce n'est pas tassée sur l'épaisseur de fraiche, ça fait de la neige avec cohésion sur neige avec moins de cohésion = plaque (et même si c'est tassé sur l'épaisseur de fraiche, si la sous-couche est en faceplanisante ça fait une plaque quand même).
Ensuite la direction du vent permet d'estimer quelle combe ou pente peut être plus abritée, permettant d'avoir une meilleure qualité de neige : ça veut dire qu'on recherche volontairement des pentes sous le vent. Les spots de poudre (style col du Mouchillon) sont dans ce cas là. Mais dans ces pentes, même s'il n'y a pas de plaques dues au vent, il peut y avoir des plaques friables de base.
Donc en fait il y a des plaques partout 😄 La difficulté est d'estimer lesquelles tiennent et lesquelles ne tiennent pas quand on passe dessus (surtout depuis chez soi, pour éviter de buter sur place).
Attention, lire ATTENTIVEMENT le propos de l’ANENA : « Le deuxième effet du vent tient au fait qu’il accumule la neige dans des zones à l’abri du vent, qui se trouvent parfois en des endroits inattendus. Les quantités de neige peuvent alors être très importantes. »
La plaque à vent est un phénomène d’aérodynamique de la montagne.
Pour la construire, il faut :
- du vent
- des zones d’arrachage ;
- des zones de dépose
- (… et de la neige « transportable »…).
Bien sûr, avec une belle ligne de crête en travers du vent, ça fonctionne bien. Les Américains appellent cela « top loading ».
Mais ça marche aussi très bien sur ce que j’appelle « les flancs ondulés », c’est-à-dire… à peu près n’importe quelle pente où le vent balaye la pente « en parallèle » : chaque bosse est érodée (parfois jusqu’aux cailloux), et chaque « micro-thalweg » est chargé (ex : la très belle plaque dans une sortie vers le Col Albert la semaine dernière). Les Américains appellent cela « cross loading ».
Mais d’autres situations sont tout aussi favorables (… aux plaques…) :
- une rupture de pente (vallée des lacs à Ristolas) : le vent se charge sur l’horizontale et dépose dès la première aggravation de la pente ;
- un ralentissement du vent dû à des arbres ;
…et plus généralement, la moindre bosse ! (ex : l’accident mortel « sur le parking » au col Agnel).
Bref, je vois des plaques à vent partout !
Plus sérieusement, la phrase de l’ANENA contient la question… et sa réponse : les « endroits inattendus » sont tout simplement… les « zones à l’abri du vent ». Ces « endroits inattendus » ne le sont… que pour ceux qui n’attendent… que des plaques de crête !
Bon vent à vous !
Pour compléter ce qu'a écrit jls05:
duclos.transmontagne.pagesperso-orange.fr/article_vent.htm
Pendant qu'on y est, dans les questions que tout le monde se pose, et que personne "n'ose" poser parce que "triviale".
Lors d'une recherche arva, en considérant qu'on se trouve au-dessus de la coulée, faut-il faire la recherche primaire à ski ou déchausser?
J'aurais tendance à dire en déchaussant parce que la zone de dépot n'est pas très skiable, mais comme je n'ai jamais vu d'avalanche "en vrai" et "en direct" (et que je touche du bois et ne veux jamais en voir) ben je sais pas trop.
Merci de votre aide!
Il n'y a pas consensus là-dessus, alors je te livre mon point de vue :
Pour la première phase de recherche (recherche d'un premier signal), je garde les skis.
Ensuite, pour la recherche en croix, je les enlève car sinon cela signifie faire des remontées dans la pente avec les skis, ce qui me semble pénible.
Mais à mon avis il faut dans tous les cas prendre en compte :
- La pente
- Ton niveau en ski (il faut se concentrer sur la position du DVA qui doit rester stable pendant la recherche)
- La skiabilité de la coulée... Et au final c'est souvent inskiable
Il me semble que Mike n'a recu qu'une réponse partielle à sa question...
> Ok le vent forme des plaques à peu près partout tout le monde à l'air d'accord
> Par contre si les versants nord sont généralement cités comme plus dangereux dans le BRA c'est que la formation de couches fragiles y est généralisée en hiver et que la stabilisation y est plus lente que dans les versants plus ensoleillés.
Pour compléter le commentaire extrêmement pertinent de jls05:
La plaque du col albert question, c'est ici.
C'est la deuxième plaque (la première ici) de ce type que je déclenche cette année (et la deuxième plaque que je déclenche tout court dans mes 10ans de ski de rando!)
Le BRA annonçait (outre le risque 2), des plaques de NW à SW sous les crêtes (vent E-NE), et j'ai déclenché celle-ci en NE à mi-pente. IL s'agit effectivement d'un transport de type cross-loading comme jls05 le décrit.
Je ne m'étais jamais trop méfié de ce phénomène. Je trouve au passage que la fameuse rosace introduite par MF dans ses BRA est plutôt dangereuse, car elle ignore complètement ce phénomène et se concentre sur le risque de plaques sous le vent.
En lisant l'article d'Alain Duclos, ça semble donc représenter de 6 à 13% des avalanches étudiées, et c'est vrai que dans les deux cas, il s'agissait de plaques dures, plus lentes, et qui laissent donc plus facilement la possibilité de s'échapper sur les skis, mais c'est bon de garder ça en tête et ne pas trop débrancher le cerveau une fois arrivé loin des crêtes, dans un secteur face au vent.
Le BRA tente de donner une mesure du risque, il y a donc une notion de probabilité. La rose des vents indique les orientations où le risque est le plus fort. Si le chiffre de 13% est exacte, alors il confirme bien la pertinence des orientations données par MF.
Comme tu dis, le BRA n'est pas une invitation à "débrancher le cerveau", au contraire...