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La compréhension des principaux mécanismes menant à l'instabilité doit conduire à des jugements simples. Par exemple, jusqu'à hier soir il devait être clair que :
- beau temps très froid sur manteau neigeux mince => couches fragiles,
- accumulations (dues au vent ou non) sur couche fragile => danger élevé,
- redoux important associé à la situation ci dessus => danger encore plus élevé (départs spontanés probables).
Bonjour Alain,
Comment le risque de départ accidentel de plaque sur couche fragile se conjugue-t-il avec celui de départ spontané lié au redoux ?
Autrement dit, s'agit il de deux phénomènes indépendants, survenant en des lieux différents, ou bien doit on au contraire considérer que le redoux peut augmenter la probabilité de déclenchement d'une plaque ?
merci
Stéphane Bauzac a dit :s'agit il de deux phénomènes indépendants,
Question très intéressante, qui concerne aussi la rédaction et le lectures des bulletins (BERA).
Je vais essayer de répondre (partiellement 🤭 ) avec quelques exemples.
- Les avalanches "de fond" sont typiquement des avalanches qui partent spontanément (départ naturel), alors que leur déclenchement accidentel semble impossible (je ne l'ai jamais vu). C'est d'ailleurs un gros problème pour les services de pistes, qui ne parviennent généralement pas à déclencher artificiellement ces plaques lorsqu'elles sont menaçantes. Dans ce cas, à mon avis, il n'y a pas de couche fragile, mais un glissement sur le sol.
exemples :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000245
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000121
- Lorsque la couche fragile responsable du déclenchement est profonde, il se peut aussi que le déclenchement par skieur soit très improbable, alors que le risque de départ spontané augmente. C'est le cas avec de fortes précipitations, surtout si de vieilles couches de neige doivent aussi être mobilisées. Dans l'exemple ci dessous, les résultats de déclenchement préventif avaient été négatifs dans le secteur, et aucun accident hors piste ne s'était produit. Pourtant, une plaque d'ampleur exceptionnelle est partie spontanément :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000029
- Enfin, en cas de fonte, probabilités de départ spontané et de départ provoqué me semblent assez proches 😮 . Quand c'est "mur", il ne faut pas grand chose pour déclencher une avalanche énorme (1 skieur) ; il n'aurait pas fallu grand chose pour que ça parte tout seul :
www.data-avalanche.org/alea_avalanches/view_item/Avalanche/50000044
Si le redoux augmente le risque de départ spontané et accidentel d'une plaque instable ?
Imagines cette plaque bien lourde et compacte reposant sur une sous couche fragile, c'est à dire "désolidarisée" de cette plaque.
Son niveau de stabilité dépend de sa propre cohésion. En haut d' une pente, une partie du poid de cette couche ( si on fait la résultante des contraintes) est "portée" par le bas , et réciproquement, la couche, en haut de la pente, "retiend" la couche du bas ( c'est le principe des petits ressorts qui illustrent les schémas explicatif d'Alain.
Avec l'humidité et la chaleur cette cohésion diminue, les petits ressorts de plus en plus laxes. Arrive le seuil ou le bas ne porte plus le haut, le haut ne retiend plus le bas ( surtout si tu t'amuses à faire des virages sautés dessus) .
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