Départ : Arêches (le Planay) (1200 m)
Topo associé : Pierra Menta, la course
Sommet associé : Pierra Menta (2714 m)
Orientation : T
Dénivelé : 10400 m.
Ski : 2.2
Sortie du dimanche 18 mars 2012
Jeroen, David Z, Nicolas, TiBougnat
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau temps jeudi et vendredi, voilé avec un peu de vent samedi et dimancheEtat de la route :
Altitude du parking :
Transfo parfaite dans les faces chaudes (Décaillage entre 1 et 3 mm à l'heure des descentes), poudre sur-tracée du type déstructurée dans les faces froides. Des conditions de neige géniales, assez reposantes même.
Altitude de chaussage (montée) :
Altitude de déchaussage (descente) :
Activité avalancheuse observée : RAS
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par Jeroen)
Fanions verts à la montée, rouges à la descente ;)
10 ans que je pense à cette course mythique. Faire "la Pierre", oui, mais en jouant le jeu de la compétition : être à 100%, ce qui implique une bonne préparation et de donner tout ce que l'on a sur l'épreuve. Pas question d'y aller en mode rando. à 100% sinon rien.
J'en parle à Tibougnat au début de la saison, il est bien motivé. On la fera donc tous les deux. La préparation, c'est simple : faire du volume en bouffant du dénivelé, et du spécifique pour faire travailler le cardio et la vitesse. Quelques compètes locales aussi pour travailler les manips et s'immerger dans l'ambiance compète : Nocturnes de Grenoble, Pyramide d'Oz, Tour du Grand Veymont, Grande Trace, ...
Mercredi 14 Mars
Départ de Grenoble vers 15 heures avec David et Nico, pour qui c'est la deuxième Pierre. L'an dernier ils avaient terminé 92èmes. Avec Olivier on vise la 120ème ou 130ème place. Voilà quelques mois déjà qu'on enchaine les sorties longues et qu'on bouffe du Chamechaude entre midi et deux. Serait-ce suffisant ? En a-t-on fait assez ? Trop ? Grosses interrogations, et beaucoup d’appréhension.
Vers 17h on est sur Arêches pour la remise des paquetages. Coup de chance on est hébergés au même endroit, au chalet "le chamois". 18 heures c'est le premier briefing, 19 heures le repas. On croise Frédéric et Alain, 3ème équipe à loger au Chamois. Le hasard fait quand même bien les choses.
20 heures dodo, fatigués nerveusement avant même que ça commence...
Jeudi 15 Mars
5 heures le réveil sonne. J'ai rien dormi de la nuit. Un brin stressé le garçon. 5h30 petit déjeuner, puis préparation des affaires. A 6h15 on est skis au pied pour s'échauffer. Aujourd'hui 2650 mètres de dénivelé, 6 montées/descentes, 2 passages d'arêtes skis sur la sac, 13 manips. La pression est à son comble.
6h50 on est dans la rampe de lancement, plus envie de rigoler là, il va falloir en découdre. 1 an que David et Nico nous parlent des départs de fous, il va falloir tout donner pour se placer.
7h00 c'est parti, 400 malades qui courent autour de moi, je donne ce que je peux mais j'ai l'impression que 90% sont devant. ça va faire mal. Heureusement la première montée est très courte (87 mètres). Premier dépeautage rapide, puis première descente d'une centaine de mètres. ça double de tous les cotés, chaque fois je me dis que ça y est, on doit êtres bon derniers, mais il y en a toujours derrière. Très vite ça repeaute pour la première vraie montée de la Pierre (940 mètres), sous le Mirantin. La file des coureurs s'allonge, les premiers sont déjà très très loin, et on se bat avec ses adversaires directs. Le rythme a bien ralenti mais chacun est à bloc et ne lâche rien. Il faut tenir, ne rien lâcher, et même essayer de doubler quand on en a la possibilité, chaque fois au prix d'un effort important. Olivier est là, juste derrière, un peu moins rapide, mais je ne sors pas l'élastique, j'aurais peut-être dû. ça y est, on est en haut. Dépeautage rapide et première vraie descente. Ouh là, c'est raide le départ, heureusement bien lisse et bon grip, même décaillé en surface sur le bas. Il y a déjà moins de monde autour de nous, mais ça double encore bien dans les descentes. Olivier est sur la retenue. Lui qui descend généralement mieux que moi se traîne lamentablement. Repeautage pour 700m, je sors l'élastique. On monte jusqu'au pied de l'arête du Mirantin, premier bouchon. 10 minutes à se faire des politesse pour enfin pouvoir prendre sa place. Arête rocheuse au début, puis neigeuse sur la traversée. Pas de crampons, pas de longe, mais une main courante. Attention quand même de ne pas s'en coller une. Au bout de l'arête, première descente en face N, on se fait encore fumer par quelques équipes, puis repeautage pour 400m, élastique. Au sommet, petite traversée à peau. Olivier tire la langue, moi aussi devant mais je le montre moins ;)
Re-descente, puis repeautage pour la Grande journée, Olivier en profite pour faire une ... pause Grany :ill:
200 mètres à peau, 200m d'arête. Olivier est explosé, suivi de près par Guillaume et Jean-Christophe. Puis avant-dernière descente, repeautage rapide de 100 mètres en pleine cagne qui va faire bien bien mal, et dernière descente jusqu'à la ligne que l'on franchit en 4:07:13, 120èmes, pas trop mécontents, et bien rincés. David et Nico nous ont mis 17 minutes, Mat et Eric 15, normal quoi. Ca nous laisse une marge de progression pour le lendemain.
Alain et Frédéric ont l'honneur d'être les premiers à être sortis de la course, ils ne passent pas le barrage horaire de Pas de l'Ane. Trop peu d'entrainement, et surtout pas assez spécifique. Sûr qu'ils auront le courage de remettre ça l'an prochain, et d'aller au bout.
Les après midis sont tous les mêmes, bien rythmés : on a fini de courir vers 11 heures, ravitaillement rapide, retour au chalet, douche, repas à midi, puis sieste et visite des stands dans l'AM : c'est l'occasion de discuter avec les connaissances et de refaire la course du jour. Reste encore à caser le massage. A 18 heures c'est le briefing, 19 heures le repas et 20 heures dodo.
Vendredi 16 Mars
5 heures le réveil sonne. J'ai rien dormi de la nuit. Un brin fatigué le garçon. Aujourd'hui, comme tous les jours, il faut se remettre à l'ouvrage. L'objectif du jour, gagner 10 places au classement de l'étape, et essayer de terminer devant 2 charmantes compétitrices tout de rose vêtu. C'est plus sympa de courir derrière des filles quand même. La veille, comme lors du Tour du Grand Veymont, on fait une partie de la course ensemble, les doublant laborieusement dans les montées, mais se faisant exploser dans les manips et les descentes. Au final on termine 6 minutes derrière.
Olivier semble mieux aujourd'hui, c'est de bonne augure. La journée nous réserve 2750 mètres de d+ et 13 manips, autour de Mont Coin. Même départ que la veille, on s'arrache. Premier dépeautage au bout de 87 mètres, puis descente jusqu'à Arêches, ou l'on se fait double de toute part par des malades qui manquent (pas tous) de se satelliser contre les piles des 2 ponts que l'on traverse. Petit footing dans Arêches, c'est dur, et on se fait encore bien bien doubler. Au peautage on a quelques secondes de retard sur Mat/Eric et David/Nico, mais quelques secondes d'avance sur les filles :)
Longue montée à l'élastique jusqu'à la Roche Pastire, on fait la connaissance houleuse ;) de Romain et Aymeric, avec qui on se tirera la bourre sur les 3 étapes qui restent...
Descente rapide dans une neige juste revenue ****. Repeautage pour 700m (col du couvercle ?). A ce moment on a 4 minutes de retard sur David/Nico, et 2 sur Mat/Eric. J'ai encore Olivier à l'élastique, mais je fatigue et il n'a plus trop l'air d'en avoir besoin. On double Mat et Eric, qui ne semble pas au mieux ce jour. Redescente, remontée très douloureuse pour moi de 400m au Mont Coin, Olivier me motive bien. On doit avoir 5 à 6 minutes de retard sur David et Nico. On les voit descendre le Mont Coin alors qu'on est sur l'arête. Descente, courte remontée de 100mètre ou je suis mieux, puis longue descente sur le lac de St Guerin. Dernière montée de 300m qui fait bien mal, puis descente finale sur l'arrivée qui fait encore plus mal. On termine 100èmes en 4:09:54, 6 minutes derrière David et Nico, mais 5 minutes devant Mat et Eric, énorme ;)
Pour les objectifs du jour, ils sont remplis : on gagne 21 places et on prend 11 minutes sur les filles ;) non sans se faire bien bien mal. Olivier était beaucoup plus en forme que le premier jour, on a bien été complémentaires sur cette étape. La Pierre il nous a fallu une journée de chauffe pour comprendre ce que ça veut dire être à fond, la deuxième on a tout donné.
Samedi 17 Mars
5 heures le réveil sonne. J'ai rien dormi. Sur-motivé le garçon. Dernière journée pleine, avec l'étape mytique du Grand Mont, et 2650m de dénivelé. Depuis 4 heures les cloches ont commencé à s'agiter dehors. La rue est pleine de randonneurs qui piaillent d'impatience en attendant l'ouverture de la benne qui doit les amener vers le grand mont.
Objectifs du jour, encore gagner 10 places sur l'étape, se rapprocher de David et Nico, et tenter de grappiller encore quelques minutes sur Mat et Eric. On sait qu'il va falloir se faire encore très mal.
7 heures, départ a fond pour 1100 mètres, juste derrière David et Nico que l'on tient jusqu'à ce que David s'excite et double quelques équipes dans une traversée peu commode. Dès lors on ne les reverra plus. On est au même rythme que hier, dans le même wagon, avec les mêmes adversaires directs. L'épaule du Grand Mont est rapidement atteinte, avec quelques centaines (milliers ?) de personnes qui mette l'ambiance au passage, beaucoup d'émotion pour ma part. Puis descente rapide sur une neige dure (léger voile ce matin, pas de décaillage), et repeautage pour 700 et l'arête du Grand Mont. Notre groupe est distancé, il y a un gros écart (5 minutes ?) avec le train de devant, ou se trouvent David et Nico. On prend la tête de notre train, finit la partie à peau, passe l'arête du Grand Mont et on débouche seuls au sommet au milieu des hordes de randonneurs chauffés à blanc. Enorme. Rapide descente en poudre sur-tracée, puis dernière montée de 300m. Dans la dernière descente Oliv' tombe et perd un ski, heureusement arrêté par un touriste un peu plus bas. On perd une grosse minute, puis on finit la descente dans un couloir horrible avec des mètres cubes de neige destructurée qui descendent avec nous. Le border-cross d'enfer de la fin annonce la ligne d'arrivée. On termine 90èmes en 3:41:57, 1 minute devant Mat et Eric, qui ont du revenir très fort, et 4 minutes 30 derrière David et Nico. Objectifs remplis au prix d'une journée d’anthologie. Il faudra néanmoins qu'on travaille les fins d'étape.
Dimanche 18 Mars
5 heures le réveil sonne. J'ai rien dormi. Explosé le garçon. Dernière journée, et pas des moindres. Encore une vraie étape : 1700m de dénivelé, et une belle arête.
Objectif du jour : Passer sous les 100 au classement général, essayer de tenir David et Nico, et grapiller encore quelques minutes à Mat et Eric.
Départ identique à celui de la veille, on tient David et Nico, Mat et Eric sont (sagement) un peu derrière. Premier déprautage au bout de 700m, David et Nico sont à 30 secondes. Courte descente de 100m, on ne perd rien mais ils sont toujours dans le train de devant. Je prend les commandes du train de derrière et je donne tout pour recoller le gap de 30 mètres. 20 mètres par minutes à l'alti, l'élastique bien tendu derrière, je ne peux pas faire plus. au sommet il y a toujours quelques secondes d'avance. La descente qui suit est plus longue, et comme ils sont meilleurs ils s'échappent. S'ensuivent 200m de peau puis 400 mètres d'arête en crampons. devant ils sont déjà loin. Dernier sommet, puis avant-dernière descente dans laquelle Mat et Eric nous rattrapent et nous doublent. Au dernier dépeautage on est ensemble, puis finalement ils nous mettent 1 minute dans la dernière descente. La logique est respectée. On finit 90èmes en 2:18:51, à 3 minutes de David et Nico. Caramba, encore raté ;)
Sur la ligne d'arrivée on est accueilli par nos petites familles qui nous ont fait une belle surprise. Trop classe les filles :)
ça se termine au gymnase de Beaufort, autour d'un bon gueuleton Diots/Polent/Beaufort, puis il est temps de tirer sa révérence, et de rentrer à Grenoble, sous la pluie.
Au général le contrat est rempli. On finit 95èmes, à 9 minutes de Mat et Eric, et à 30 minutes de David et Nico. La logique est respectée. On a fait une belle Pierre, on a bien donné, et on est toujours vivants. C'était pas gagné...
Merci à toi Olivier, mon compagnon de cordée, d'avoir accepté l'invitation et sacrifié quelques soirées en famille pour faire du cardio en nocturne sur les pistes de st Hilaire. Malgré quelques frayeurs les semaines d'avant, tu étais prêt le jour J+1 ;)
Un petit mot pour l'organisation extraordinaire de cette course, qui mérite vraiment tous les superlatifs. Logement génial, repas 5 étoiles dans une chaude ambiance montagnarde, massages au top, bénévoles aux petits soins. Merci pour ça.
Les résultats www.pierramenta.com/images/2012/PM2012-cltgendimanche.pdf
Le Film www.youtube.com/playlist?list=PLMAYBeD2sEUuXx-EzOUcl-HBlbfQEVRad
Désolé, pas de photos ;), mais quand même quelques vidéos de Stef Mougin
Jour 1 youtu.be/Zu5y0WEA7SA
Jour 2 youtu.be/Stjyk2TPFag
Jour 3 youtu.be/wQwVe9qNR8Q
Jour 4 youtu.be/YnP5ul7HeAw
TiBougnat :
Un caprice de la quarantaine ? Un défi personnel ? Peu m'importe. Quand Jeroen me propose ce projet un peu fou pour le non-compétiteur que je suis, je dis banco. La motivation est là, j'enchaîne les entraînements sur le pistes de St Hil (merci Marinette :happy: ). Je fais des sorties d'endurance les we avec les copains et quelques compétitions locales avec Jeroen pour apprendre les bonnes manières. S'en suit un gros passage à vide 3 semaines avant la Pierre. Le doute s'installe chez moi, chez Jeroen. Serais-je à la hauteur des exigences du Boss. Finalement tout rentre dans l'ordre et je suis fin prêt pour cette grande épreuve. A quelques jour du grand départ l'angoisse, l'appréhension s'installent. Difficile de trouver le sommeil. Ma plus grande angoisse c'est ce foutu départ en ligne où il faut se faire péter le cœur. Finalement, au bout du deuxième jour je réussi à bien gérer cette phase explosive de la course. La confiance est là et la condition physique semble être au rdv même si Jeroen est un ton au-dessus. Dommage qu'il n'y a pas de prologue. Cela m'aurai évité les nombreuses erreurs de la première étape. J'étais un bleu ! Tout rentre dans l'ordre dès la deuxième étape où les réglages s'affinent nous évitant de perdre des places bêtement. Côté sommeil, impossible de le trouver malgré la fatigue corporelle. Faut dire que le Boss me met chaque soir des objectifs de oufs ! Gagner chaque jour 10 places au classement de l'étape.
Côté course, c'est une course d'équipe sans aucun doute... surtout quand on se fait tirer :P Seul, il faudrait être surhumain pour enchainer de tels étapes à un tel rythme. C'est une course dans la complicité entre deux Hommes. On partage tout ! Les moments d'angoisse, les souffrances, les joies et le bonheur de passer chaque jour sous la banderole d'arrivée. Côté personnel, beaucoup d'émotions. Emotion de finir la première étape. Emotion de finir la deuxième étape, puis la troisième et enfin la dernière, car rien n'est acquis quand on quitte la ligne de départ. Emotion quand on est porté par les spectateurs anonymes qui vous encouragent, que ce soit au Grand Mont ou au détour d'un collet. Emotion quand on débouche seul du pilier ouest du Grand Mont dans une foule de 3000 personnes. Emotion tout simplement de participer et terminer la plus grande course de ski-alpinisme. Je suis fier de ce qu'on a accompli à deux. Vivement l'année prochaine...
Et bien-sûr, je n'oublie pas Marinette, pour son soutien sans faille et sa présence le jour de l'étape du Grand Mont.
Et une spéciale dédicace à Martine, elle comprendra :wink:












