Départ : La Chapelle d'Abondance (Vallon de Chevenne) (1127 m)
Topo associé : Cornettes de Bise, Tour et Sommet, par la combe de la Puya
Sommet associé : Cornettes de Bise (2432 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1800 m.
Ski : 3.3
Sortie du samedi 6 avril 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Voilé, puis grand beau, puis voilé. -1°C au départ, 11°C à l'arrivée
Foehn de folie au Pas de la Bosse, heureusement ça se calme ensuiteEtat de la route : barrière de neige classique sur la route de Chevenne
Altitude du parking : 1125 m
- Sud du Pas de la Bosse : peu de neige, de printemps dure, on voit la végétation mais ça passe sauf 100 m de portage obligatoire sur chemin
- Nord du Pas de la Bosse : poudre 30 cm, parfois densifiée par le vent
- des chalets de Bise au Col d'Ugeon : il a plu dessus, rigoles, dure
- face Est de la Dent du Loup : poudre 20 cm en cours d'humidification mais encore légère
- Pas de Chaudin : chaud chaud chaud... 30 cm de fraîche sur glace, pur bonheur !
- sommet des Cornettes : 20 cm de lourde sur 100 m puis belle transfo jusqu'aux chalets Toper
Remarque : la Puya est très déneigée dans le bas, moins bonne option ce jour que le couloir à l'ouest de la Calaz qu'on a pris
- sous les chalets Toper : ça commence à coller, déchaussage à 1400 m
Altitude de chaussage (montée) : voiture, puis portage de 100 m
Altitude de déchaussage (descente) : 1400 m
Activité avalancheuse observée : nombreuses coulées de lourde des jours précédents ; une coulée live au-dessus de la Puya
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par Rémo Barbaruli)
topo sans la combe de la Puya, descente par le couloir de la Callaz
"Scrogneuneu... Tu nageais en plein biais cognitif mon pauvre Rémo. Tu as bien vu sur la sortie de Ghyslain qu'il y avait peu de neige sur ce tour, et c'était il y a plus de dix jours, avec la chaleur qu'il a fait c'est pas la chute de neige de cette semaine qui allait changer la donne."
Voilà à quoi je pense en remontant skis sur le dos pour atteindre le Pas de la Bosse. Au dit Pas, on est cueilli par un foehn hallucinant. Le temps est bâché, et ce n'est que la vue de la poudre en-dessous qui me convainc de ne pas rentrer direct à la voiture. Bonne descente malgré le jour blanc.
On repeaute, et nous voilà à tracer dans une neige toute rigolée par la pluie, ça fait pas rigoler (note pour ceusses qui sont fâchés avec l'accord du participe, vous pouvez étudier cette phrase en détail, il y a des pièges, je ramasse les copies dans une heure). J'ai des pensées Chablennorragiques, ce tour est pourri, on aurait dû rester à la maison. Cec n'en pense pas moins. On bouclera la boucle au plus court. On arrive à la frontière suisse, on paie nos 40 CHF de vignette.
Puis, au Col d'Ugeon, le ciel s'éclaircit. La vue de la poudre en Est sous la Dent du Loup nous remotive, et voilà Cec qui part à la trace. Descente d'anthologie, on repeaute, me voilà chantant "les cités d'or" à tue-tête. Je peux, depuis le début on est tous seuls dans la montagne. On retrouve une trace, qui nous amène au fameux Pas de Chaudin. De loin, je pense que ça passe à skis avec les couteaux. De près, ça fait moins rire, les précédents ont déchaussé. On passe skis sur le dos. Tchonc. Bruit de la chaussure qui tape dans la glace cachée sous 30 cm de poudre. Re-tchonc. Pas de crampons. 'Tain j'aurais dû le tenter en skis-couteaux. Me voilà sur deux grattons de glace, je n'en mène pas large. C'est comme du 7b, concentre-toi. Euh, tu n'as jamais passé du 7b. Concentre-toi. Attrape ce putain de rocher au-dessus. Oui je dis des gros mots. Je l'attrape, une main, deux mains, mes pieds zippent, me voilà jouant à Tarzan au-dessus du "délicat et exposé" Pas de Chaudin, cf. topo. J'arrive à atteindre un clou providentiel, deux doigts dedans ("vous ne préférez pas un whisky d'abord ?"), j'assure (...) Cec avec mon bâton, elle passe. Encore quelques pas foireux, nous voilà sortis. Assis le cul par terre au soleil, on hurle de douleur, l'onglée, le sang qui revient. Cec : "j'en ai marre".
10 minutes plus tard après un sandwich et nos deux mains, Cec : "on va au sommet ? quand j'étais étudiante à Evian, je rêvais d'y aller".
Sommet, vue sur le Léman imprenable, vue sur la Dent d'Oche, sans rancune, le pied. Descente excellente puis bonne jusqu'au déchaussage à 1400 m.
On sourit. On a mal. On n'avait pas de crème solaire. Aïe.