Départ : Cervières (Le Laus) (1745 m)
Topo associé : Col du Lasseron, Ravin de la Pinatelle
Sommet associé : Col du Lasseron (2428 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 770 m.
Ski : 5.1
Sortie du lundi 20 janvier 2020
Conditions nivologiques, accès & météo
mitigée, couvert avec trouée de ciel bleu, quelques flocons, pas de ventEtat de la route : sèche
Altitude du parking : le Laus
neige très changeante : parfois croûtée avec du sucre dessous, parfois portante (faible enfoncement)
Altitude de chaussage (montée) : parking
Altitude de déchaussage (descente) :
Activité avalancheuse observée : déclenchement d'une plaque de 40 cm environ juste sous le col
Activité avalancheuse signalée dans la zone ce jour, voir la carte.
Skiabilité : 🤢 Mauvaise
Compte rendu (par hobbes)
LES FAITS :
Je déclenche une plaque d'une 40aine de cm d'épaisseur 10 m sous le col du Lasseron, vers 2400m.
Je débaroule sur environ 300m de D- .
Bien entendu, c'est un enchaînement de mauvaises décisions et / ou erreurs ayant entraîné le déclenchement de cette plaque.
POURQUOI :
1) Avant chaque course, je regarde systématiquement le BERA. Pas cette fois. Je ne sais pas pourquoi. J'ai OUBLIÉ ! (comment est-ce possible?) On pouvait y lire qu'il y avait risque de plaques dans les versants SW et N (lu en rentrant)
2) pendant la montée, on est espacé d'une 30aine de m (nous sommes 2, en crampons skis sur le dos). A partir de mi-couloir environ je traverse à 2 ou 3 reprises des zones (10m environ) de neige croutée (5-8 cm) avec du sucre en poudre dessous sans cohésion, pour reprendre pied sur des zones de neige portante. Je dis même à un moment à mon partenaire : « méfie-toi, ici c'est plaqué »
Dans ma tête, j'avais déjà décidé de ne pas redescendre par le couloir pévu initialement (couloir N), ni par celui-ci. On n'en a pas parlé ensemble, c'était juste une pensée. Je comptais en discuter avec le partenaire une fois sorti au col (trop tard, donc).
J'ai eu une pensée très furtive de faire demi-tour, mais à ce stade, je croyais qu'il était plus simple de sortir par le haut.
3) 10 m sous le col, il y a au plus court une zone convexe mais neige portante, à gauche un passage rocheux, et encore à gauche un « 2ème col » un peu plus haut et plus loin. A droite de la zone convexe, cela m'obligeait à traverser dans de la profonde. Mon partenaire m'interpelle pour me demander si c'est une corniche ou pas devant moi. Je lui réponds non et repars au plus court sur la zone convexe et portante (par flemme d'aller au 2ème col à gauche et pressé de sortir du couloir), et c'est là que je déclenche la plaque.
Juste le temps de crier ATTENTION, mon partenaire me dira qu'il aura eu le temps de s'écarter de la trajectoire, il ne sera pas emporté.
J'ai entendu mais pas écouté tous ces signaux !
QU'EST-CE QU'ON FAISAIT DANS CE COULOIR :
1) la veille, je suis monté par la combe de Malazen en direction du petit Peygu, conditions pas trop mal, me suis pas méfié pour la course du lendemain. J'ai d'ailleurs regardé les couloirs de la Pinatelle depuis le Peygu.
2) OBSESSION : c'est moi qui ait proposé cette course à mon partenaire. Montée par le couloir SW, redescente par le couloir N du Lasseron. J'ai déjà buté 3 fois dans ce couloir N (en aller-retour), donc je voulais tenter la boucle. Je connaissais donc par cœur le topo du couloir N, mais voulais changer d'itinéraire de montée.
Ce qui fait que j'ai choisi cette course non pas en fonction des conditions, mais par obsession.
EPILOGUE :
j'ai roulé-boulé sur environ 300m, par chance ça s'est arrêté avant la partie plus raide et encaissée du couloir. Je n'ai rien tapé pendant la coulée (j'avais mon casque). J'ai senti une (très) grande accélération. J'ai cherché la poignée de l'airbag (qui était sortie) après une courte hésitation (2-3 secondes) au déclenchement de la plaque : JE NE L'AI PAS TROUVEE ! (et ça ça m'énerve un peu). Puis de la neige plein la bouche, apnée, brassé dans le noir à attendre que ça s'arrête.
Par bol, j'ai la tête et un bras qui sortent quand l'avalanche s'arrête. Je n'ai jamais perdu connaissance. J'ai pu attraper mon tel et appeler les gentils sauveteurs que je remercie chaleureusement. Impossible de bouger les jambes ni mon autre bras enseveli. Ça n'a pas dû être très long entre l'appel et l'hôpital (20-30 min), mais ils m'ont mesuré 35,7° de température.
Après l'appel, le PGHM m'a envoyé un sms avec un lien pour me géolocaliser, précis à 15m.
Je suis sorti indemne de tout ça, rien de cassé. Rien. Je ne sais pas comment.
ps : mes skis sont toujours dans le couloir. Ce sont des Elan Alaska.
skitour est aussi fait pour parler de ce qui ne va pas, non ?