Départ : Chalets des Lanchettes (1960 m)
Topo associé : Aiguille des Glaciers, face Sud Ouest
Sommet associé : Aiguille des Glaciers (3816 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1810 m.
Ski : 3.2
Sortie du vendredi 21 juin 2013
Conditions nivologiques, accès & météo
Très beau sur la course , se couvre ensuiteEtat de la route : attention travaux d'élargissement
Altitude du parking : 1960m
Altitude de chaussage (montée) : 2450m j'aurai pu chausser 200m plus bas
Altitude de déchaussage (descente) : 1950m (avec 3 déchaussages)
Activité avalancheuse observée : Attention aux passages sur les torrents. Bon regel trompeur car les très fortes chaleurs passées ont travaillé les fondements.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Sommet | 3700 - 3500m | 11h50 | Vitrifiée | Mais petite zone de poudre (1cm) | ||
Le glacier | 3500 - 3000m | 12h | Moquette | 5* sur fond dur | ||
Les Cabottes | 3000 - 1950m | 12h20 | transfo, lisse, excellents appuis |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Moraine droite - Cabotes en rive gauche
Il y a 8 jours je m'étais arrêté au Dôme à 3600m pour ne pas pénaliser la qualité de la descente et celle de mon ami Albert. Même si j'ai déjà dû faire entre 15 et 20 fois ce sommet, dont l'Aiguille à 3816m en solo, inoubliable souvenir, j'étais frustré. Quand nous redescendions dans la plaine, le projet d'y revenir s'était déjà ancré dans mon cerveau. J'irai seul, conscient que les très fortes chaleurs auraient modifié les conditions, ouvert les crevasses, fragiliser les ponts de neige très nombreux, et rendu l'accès au ski dans les cascades trop risqué.
J'ai suivi la météo chaque jour, guettant le créneau idéal, m'imposant un regel nocturne minimum. J'avais fixé un départ pour samedi, mais jeudi soir j'ai compris que c'était le moment idéal. Bien m'en a pris. Départ à 1h30 de Montbonnot. Le ciel est couvert. Vers Alberville il pluviote. A la sortie de Bourg St Maurice, un brouillard qui se densifie jusqu'aux Chapieux. Mais j'y crois encore. Arrivé aux Lanchettes à 3h40, le ciel se dégage. Et quand je pars à 4h, le ciel est complètement dégagé, les étoiles brillent. Bien vu, pensais-je un instant. Le terrain est souple après l'orage de la veille, bien agréable. Le grondement des cascades me fait penser qu'il n'y a pas eu de regel en fin de soirée et que les ponts de neige seront dangereux. Si tôt pensé, si tôt réalisé. Un pont s'effondre sur une grande largeur sous mes pas, sans conséquences. Je pensais prendre la moraine rive droite par le bas, je la prendrais par le haut par sécurité. Le brouillard, oui le brouillard, revient vers 2300m. Heureusement que je connais tout le système de barres et que plus rien ne peut m'arrêter. Il partira avec le lever du jour à 2500m. J'enfile mes chaussures, chausse mes skis et rejoint la moraine sur une neige bien dure. J'ai mis les couteaux que je garderai jusqu'en haut. La pluie a effacé toutes les traces, sauf subsistent par endroit quelques restes de traces de pas. A 3000m, c'est de la neige gobelet, environ 2cm qui a tout blanchit. Magnifique. Seul en montagne, seul au monde, aucune trace .... le bonheur à l'état pur. Je fais attention car les crevasses commencent à s'ouvrir. J'ai un souvenir de 2003 quand il faisait 10° à Robert Blanc à 4h du matin. Ce fût l'année de la canicule.
Le ciel est définitivement passé au bleu. Bonheur total. Il y a 8 jours nous montions par le col de la Seigne. C'est vraiment une course différente. Un peu sous le Dôme, le neige est vitrifiée, luisante. La vue au sommet est toujours aussi impressionnante. Les classiques sont tous la : le Pourri, la Grande Casse, le Charbonnel, les Ecrins, la Meije, l'Etendard .... Ca bourgeonne. Je profite un maximum de ce moment d'intimité, propre à la méditation et si près du bon Dieu. Il faut quand même descendre, du brouillard arrivant au col des Cabottes. Fausse alerte.
Début de descente à 11h50. Cela s'avèrera l'horaire optimum. J'ai de belles réussites en timing en ce moment. Aujourd'hui ce sera la perfection. Sur les 150 premiers mètres, je profite des zones que le vent n'a pas dénudé. Le fond est très dur, très glissant, mais le cm de poudre tassé restant rend l'opération très amusante. Il ne faut pas chuter. Et j'apprécie le casque dans ces moments là. Ca donne une certaine décontraction qui laisse le plaisir intact. Jusqu'au col des Cabottes, cette poudre sur fond dur, sans trace aucune, surface totalement lisse, fait du ski un rêve. Je trouvais que c'était pas mal il y a 8 jours, aujourd'hui c'est parfait. Sans compter que je suis seul. Je connais bien les crevasses au dessus du col des Cabottes. Je m'en méfie toujours, même quand je ne les vois pas. Cette semaine elle sont là. Je descend le plus à gauche, à 1m maxi de la paroi.
De l'autre côté du col, Cabottes rive gauche, je m'attendais à trouver de la neige transfo lourde, voire de la soupe. Rien de tout ça. Une excellente neige de printemps, aucune trace, une surface lisse, les micro organismes rouges ont bien travaillé. La neige n'est pas très rapide (ou la semelle de mes skis demande une petite réfection, ça doit être plutôt ça). Ca passe bien jusqu'à 2190m. Cette fois ci je ne m'engagerai pas dans le bas de la cascade. La traversée des torrents imposent une belle gymnastique. Je décide de remonter un peu, là où les différents "affluents" sont plus nombreux, donc moins profonds. Ca rajoute du dénivellé !! Mais comme il fait bon avec un petit air frais, la tâche est agréable.
Je suis absolument seul. Pas un pékin sur le parking. J'aurai l'explication plus bas, à la sortie des Chapieux. Une pelle araignée élargit la route. Je devrais d'ailleurs patienter plus d'1 heure avant de passer. Heureusement que c'était vendredi et qu'ils arrêtaient de travailler à 15h30 !!!
Quelle journée en montagne. Comme les appréhensions que j'avais se sont dissipées au fil de la journée. Quel bonheur absolu d'être seul. Quelle course magnifique, et tellement différente de celle de la semaine dernière. Merci mon Dieu.
Je la dédie à la petite étoile qui est tombée sur terre pour éclairer ma route et illuminer mon coeur. Bon anniversaire ma petite chérie.