Départ : Les Varvats (1042 m)
Topo associé : Grand Manti, depuis les Varvats
Sommet associé : Grand Manti (1805 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 800 m.
Ski : 2.2
Sortie du mardi 2 février 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Pluie fine toute la matinée
Plafond à 1900mEtat de la route : noire
Altitude du parking : 1043
Portage jusqu'en haut du premier raidillon
Manteau imbibé en forêt
A partir de la prairie (1500m) couche de 20cm gorgée d'eau sur fond dur > mauvaise cohésion. J'ai testé et fait partir une plaque dans une contre-pente depuis le haut.
Altitude de chaussage (montée) : 1100
Altitude de déchaussage (descente) : 1100
Activité avalancheuse observée : Grosse coulée récente qui a traversé la piste à 1100m, quelques arcosses emportés
Skiabilité : 😟 Médiocre
Compte rendu
Petit-déjeuner. La radio débite les nouvelles du matin : prolongement d'un mois de la trêve hivernale, RSA et SDF sont désormais au coude à coude. Déprimant. En parlant de trêve hivernale, pourquoi ne pas justement aller constater les dégâts de la débâcle en cours, histoire de connaître la couleur du fart de la semaine prochaine.
La mission étant d'importance, je rameute la bande des anciens. Charles, Elisabeth, Joseph et Jules répondent présents. Dwight est en pleine armistice, il décline à regrets (dit-il) l'invitation.
Les Varvats. Mais pourquoi donc les reines droppes kippe folline on maï aide ? C'était pas prévu comme ça sur Météo Bidule et son modèle AROME fruits de la passion. Face à ces conditions météo défavorables, Jules, en bon tribun, lance le débat : “Je poursuivrai ma chance jusqu’au fond de l’eau.”
Charles lui répond du tac au tac : “La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même.”
Elisabeth, ravie de ce crachin londonien si familier, propose une cup of tea. Je décline, le cup of tea c'est pas vraiment ma tasse de thé.
Je lance un vote. Joseph s'autoproclame assesseur, arguant que “Ce qui compte ce n'est pas le vote, c'est comment on compte les votes.” Verdict : 5 votants, 8 pour, 1 abstention, 0 contre. C'est parti !
Passés sans trop d'encombre les innombrables obstacles dans la forêt (avalanche de la veille, arbres en travers, rochers, absence de neige) nous débouchons enfin sous l'Alpette de la Dame. La neige est lourde, collante, quelques plaques sont parties dans les contre-pentes les plus raides, suite à l'affaissement de la corniche. Une discussion s'impose.
Jules, inspiré: “Le danger que l'on pressent, mais que l'on ne voit pas, est celui qui trouble le plus.” (Avec sa barbe blanche et sa voix chantante, je lui trouve un air de Werner Munter, la méthode 3x3 en moins.)
Charles balaie aussitôt l'argument : “Délibérer est le fait de plusieurs. Agir est le fait d'un seul.”
Joseph rajuste sa moustache avant de déclarer solennellement “La mort d'un homme est une tragédie. La mort d'un million d'hommes est une statistique.”
Ce qui semble offusquer Elisabeth : "Enfin Joseph, ne nous prenons pas trop au sérieux. Aucun d'entre nous n'a le monopole de la sagesse."
Je propose qu'on continue prudemment, en se tenant éloignés des contre-pentes.
A mi-prairie, les reliefs d'un carnage festin tout frais nous interrogent. Un Tétras-lyre gît au milieu de ses plumes éparpillées, il a les pectoraux déchiquetés. Aucune trace de pas dans la neige aux alentours.
Elisabeth : "O my God !"
Joseph : "La mort résout tous les problèmes. "
Jules : “L’expérience, voilà le maître en toutes choses.”
Charles : "Je vous ai compris", et il allume son 18ème joint.
Je suggère que nous nous trouvons face à une victime du réchauffement climatique. Le redoux des derniers jours aura fait sortir de son trou ce tétras-lyre, faisant l'aubaine d'un rapace, aigle royal probablement.
J'arrive à convaincre les anciens de pousser jusqu'au tunnel du Trèfle, merveille locale et excellent plan B en cette matinée de neige mi-collante, mi-bottante. La chance est au rendez-vous, une femelle chamois et son éterlou y sont abrités. Je fais part de mon émerveillement, je n'aurais jamais cru une telle rencontre possible.
Jules : “Les hommes croient ce qu'ils désirent.”
Charles : “La fin de l’espoir est le commencement de la mort.”
Joseph propose l'abrogation des droits du peuple. (Mais t'es complètement hors sujet Joseph !?)
Elisabeth : "O my God !" (Je ne saurai jamais si c'est une réponse à Joseph ou un émoi à la vue des chamois). Je rate une ou deux photos avant de dépeauter, et ainsi signifier la descente. Il pleut toujours.
Les Varvats. Mission accomplie, ce sera fart jaune la semaine prochaine si rien ne change d'ici-là. Je ne peux échapper à une dernière cup of tea d'Elisabeth.
Joseph, moins fringuant qu'au départ : "Y'a l'taf !"
Elisabeth : "But ... on y est arrivé !"
Charles : “Il n’y a que les arrivistes pour arriver.”
Jules, triomphant : "Veni, vidi, vici".
Je raccompagne mes acolytes à leurs pénates, me jurant de ne plus les sortir avant quelque temps, leur conversation m'est trop ennuyeuse.