Départ : Freydières (1130 m)
Topo associé : Grande Lance de Domène, Versant sud
Sommet associé : Grande Lance de Domène (2790 m)
Orientation : S
Dénivelé : 1300 m.
Ski : 2.3
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du mardi 26 janvier 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Ciel bleu avec quelques petits nuages dans la vallée Etat de la route : Quelques brins de neige sur la route. Passe sans pneu neige
Altitude du parking : 1130m
Altitude de chaussage (montée) : 1130m
Altitude de déchaussage (descente) : 1130m
Activité avalancheuse observée : Toutes petites coulées de purge spontanées dans les pentes raides (x>45°) qui s'apparentent a des coulées de sables. Sinon rien.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Freydières | 1130m | SW | 7h45 | Poudre | 10cm sur la route et le chemin. C'est pas épais mais c'est bon | |
Rocher Mottin | 1700m | N | 8h40 | Poudre | 30cm poudre, gobelets, gros transport du vent dans la combe | |
Lac du Crozet (traversée) | 2000m | SE | 9h30 | Irrégulière | Globalement poudreux mais passage en dur avec vent. Grosse épaisseur plaque | |
Combe du Grand Colon | 1800m | N | 10h | Poudre | 30 cm de fraiche. |
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Freydières > Lac du Crozet > Combe du Grand Colon (x2) > Freydières
Tout le monde parle d'un 3ème confinement. J'en ai mal au ventre rien que d'y penser, j'en ai marre des marathons balcons ou des séances sur la poutre d'escalade. Du coup la perspective d'une nouvelle (mauvaise) annonce me pousse vers les cimes. Je sais que la situation est anormalement mauvaise pour les conditions nivologiques. Et pourtant je me dis que la Grande Lance de Domène pourrait être une bonne idée. Au fond je sais surtout qu'il faudra surement que je fasse demi-tour sans avoir atteint le sommet. Mais l'attrait du sommet est plus fort pour le moment.
Le matin même j'ai un mauvais pressentiment. Je sens qu'aujourd'hui n'est pas le bon jour. J'hésite presque à me lever. Un énième poste d'appel à la prudence sur instagram me confirme que le danger est présent, bien réel.
Départ du parking, il a reneigé dans la nuit. Le jour se lève, l'aube est glaciale. Je croise un camarade sur le parking qui part en trombe. Je profite seul de la montée dans les bois. Arrivé vers la traversée pour rejoindre le Rocher Mottin, je me rends compte du travail du vent même dans la forêt. Grosses accumulations derrière les arbres, gobelets de partout. Je me dis que je suis parti pour un but. La neige est poudreuse et abondante. C'est impressionnant, je suis obligé de refaire toute la trace qui avait du être faite la veille. Arrivé au lac du Crozet, j'ai la boule au ventre en voyant les immenses pentes sous les Dents du Loup. Je m'avance prudemment, lentement. Un chamois amusé me regarde faire. Lui ne connait pas le risque que j'encours. Une coupe rapidement faite me permet de me rendre compte de l'épaisseur de la plaque potentielle. Sous mes pieds, la neige s'enfonce en plusieurs fois. Et puis je me rends compte que je n'ai aucun échappatoire si la pente décroche. Que je suis seul. Il est trop tôt pour rejoindre les machabés qui peuplent les cimetières. Je fais demi-tour sans hésitation. En dépeautant, je croise deux jeunes parti pour le Grand Colon. Je leur conseil de passer par le lac et de ne pas suivre ma trace. De mon coté, pas envie de les suivre sur un autre sommet, le mien devait être la Grande Lance ou rien. Quitte a renoncer au sommet autant aller faire du tricot et des barres sous le Grand Colon dans les pentes faibles en évitant le cone d'avalanche du couloir.
Je redescends sans regret dans la Combe du Grand Colon, fait deux fois du tricot histoire de savourer cette poudreuse 5*. Et puis c'est le retour en vélo ski sur Grenoble.
Il y a des jours ou il ne faut pas forcer le destin. Faire demi-tour et renoncer n'a jamais tué personne. L'essentiel est de rester en vie pour retourner en montagne.
J'aimerais terminer par une question : quand tout le monde appelle à la prudence, comment savoir si ce n'est pas un excès de paranoïa général ou si le danger est réel ? Comment imaginer qu'autant de sommets soient inaccessibles sous peine de mort ?