Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : Grande Sure, En huit : crête des Charmilles et Pas de la Biche
Sommet associé : Grande Sure (1920 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1575 m.
Ski : 3.3
Sortie du samedi 16 janvier 2021
Conditions nivologiques, accès & météo
Beau, quelques voiles nuageux parfois, iso 0° vers 1000m.Etat de la route : sec jusque vers 800m, neige avec bon grip ensuite
Altitude du parking : 850m
Poudre froide à tous les étages. De 10cm à 60cm.
Seule la zone sous le col de la Sure est cartonnée ou verglacée sur une cinquantaine de mètres.
Altitude de chaussage (montée) : 850m
Altitude de déchaussage (descente) : 850m
Activité avalancheuse observée : RAS ce jour. Gros travail du vent en versant W de la Sure, une plaque partie en haut d'un des couloirs vers 170m.
Combe Est : une plaque partie en orientation NW (déclenchement par skieurs ?) vers 1600m ; deux plaques parties sous le sommet de la Sure orientées NE (départ naturel ?)
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
pk>Nonne>Cul de Lampe >>ruisseau Chorolant>combe NW de la Sure>>retour au Cul de Lampe>col de Sure>col des Charmilles>>qqe part en Chartreuse>pk
Luxe, calme et volupté. Telle est ma raison d’être. Aujourd’hui. En Chartreuse.
Tout a bien commencé. Évidemment, dans la voiture, j'ai parlé d'histoires de cons, mais finement ; j’ai pesté contre ce couvre-feu à 18h pour lequel je n’ai encore entendu aucune justification scientifique (médicale, épidémiologique, logique, sociologique, économique, ni même niveau logique). Mais il fut facile de se mettre d’accord, d’autant plus que j’étais seul dans la voiture.
Tout a même très bien commencé : un troupeau de mouflons pour m’accueillir, ce n’est pas tous les jours !
Au parking de Currière, on sent bien le désormais célèbre « effet Skitour » (bien qu’il n’y ait pas non plus d’arguments établis) : au moins dix voitures et donc quarante prétendants au fameux couloir du Four qui en a déjà cramé plus d’un(e) depuis quelques jours… Mais la Chartreuse est généreuse, surtout en blanc. Et l’ambiance s’installe, du blanc poudreux, des sapins silencieux, des traces animales (et pas que du 90 au patin), que de précédents hérauts (ne pas faire la liaison, surtout !) ont fort bien chanté.
Ce qu’ils chantent un peu moins fort, c’est le potentiel paumatoire des lieux ^^. Le principe du « huit » en randonnée, c’est de faire des tours et des détours en repassant plus ou moins (volontairement) par les mêmes points (et si on arrive à trouver une justification, on appelle cela le « Grand Huit de… » Charmilles, Grand Mont, etc., chaque massif a le sien). Je me suis appliqué. En vain, pas en huit. Mais bon…L'essentiel était de faire un tour de manège…
Luxe. Enfin il est là l’instant qu’on attend : la trace continue à gauche et moi j’ai prévu d’aller ailleurs, là-haut… Hop, première descente, ah ben non cela ne passe pas, et hop je remonte, ah mais tiens cela a l’air de passer dans cette trouée, euh mais quand même JPC y a pas une barre ensuite, euh bah oui… non… oui… ah, c’est bon. J’arrive au fond du ruisseau de Chorolant. Austère. Très austère : troncs enchevêtrés sous les falaises des Charmilles et de la Sure. Mais bon, j’ai tout loisir de faire la trace où je veux. Ou plutôt : où je vois, car je ne veux rien. Je n’ai jamais mis les pieds sur ce versant, je ne sais pas ce qui m’attend en haut, je ne sais pas comment on y va. Suffit de mettre un pied devant l’autre sous la face plâtrée, entre les epiceas si lencieux, quelques cris d’animaux. Enfin, miracle le soleil qui m’attend sur un replat sous la falaise W de la Sure, où je constate que les risques de plaque sont bien trop élevés pour envisager de monter au sommet par là.
Volupté. Et 400m de descente dans une poudre parfaite, comme disaient Maradona et Coco Chanel. Retour dans le ruisseau de Chorolant. Ne reste plus qu’à monter à la Sure par l’autre côté °°. À ce moment-là, je ne vois du Cul de Lampe que le cul, pas la lampe. Jusqu’au moment où je débouche au-dessus dans la prairie au pied du versant nord-est de la Sure.
Calme. Magie de la combe désertée, les reliefs doux d’une dentelle de neige, d’un soleil rasant… Ah tiens, rasant, mais quelle heure est-il ? Ah oui, va pas falloir traîner. Mais, quand même JPC, quand même, tout est si calme et reposant ici, ce serait dommage de s’en priver. Donc balade au col de la Sure, où les espoirs de sommet s’envolent avec le petit vent frisquet : toute la croupe est gelée, et sous la Sure, de magnifiques plaques sont (dé)posées pour alerter l'étourdi.
Retour aussi calme que voluptueux jusqu'au-dessus du col des Charmilles
Sauvagerie. C’est là que l’aventure commence, en fait (Il en fallait bien un peu pour mettre tout le reste en relief, si j’ose dire). Pas trop certain de ce que cherchent les traces qui descendent franchement nord-ouest alors que je veux aller plein à l’est, je pars de la crête à proximité de la Grande Vache : la carte m’indique qu’il n’y a pas de barre, il suffit de suivre une croupe ou un torrent qui ramènent de toute façon à la route de la Charmette. Oui, mais… le vallon dans lequel je descends (avec volupté, évidemment) se rétrécit, des vernes tentent un black blocage, bon je passe sur la croupe. Volupté. Mais elle se rétrécit à son tour, j’appuie à gauche : ah m… cela plonge raide et loin là dessous. Je reviens à droite: ah m… cela plonge raide et loin là dessous. Je re-reste sur la croupe pendant que sous mon casque l’idée qu’il va falloir remonter au col apparaît. Mais non (luxe!), une pente bien raide mais bien skiable (ah, quelle neige!), me permet de descendre dans le ravin. C’est reparti dans une neige toujours excellente et bien épaisse (tout cool). Ah mais, non, crise d'angoisse : resserrement, à pic… ah mais oui, des branches, une vire, et plein de neige. Yaouh (en fait : ouf!). Et cela continue, et le jour baisse : ah mais tiens cela a l’air de passer dans cette trouée, euh mais quand même JPC y a pas une barre ensuite, euh bah oui… non… oui… ah, si c’est bon; etc.
Quelques autres tours de magie plus loin, je tombe sur une trace, 10 traces, 200 traces et la route du retour.
Au fait, je me demande quand même à quoi tous ces moines et moinesses peuvent bien passer leurs journées : pas un/une n’a eu l’idée de faire fondre la glace dans le tunnel, de le tapisser de neige pour que nous n’ayons pas à déchausser les skis ou les dents, ni de laisser quelques piles en état de marche (ma frontale n’était plus que l’ombre d’elle-même si j’ose dire). Heureusement, les cloches ont sonné pour m’avertir de la fin du tunnel.
Hmmm, après un tel périple, il va falloir revenir doucement aux réalités de la civile raison.