Topo associé : Grande Aiguille Rousse, versant NO
Sommet associé : Grande Aiguille Rousse (3482 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1500 m.
Ski : 2.3
Faune : cet itinéraire passe près de zones sensibles. Voir consignes sur fiches topo
Sortie du mercredi 20 mai 2020
Conditions nivologiques, accès & météo
parfaite, ni trop chaud ni trop froid, qq nuages bourgeonnants sur les reliefs de Hte Maurienne vers midiEtat de la route : RAS
Altitude du parking :
Pont St Charles 2056m
Altitude de chaussage (montée) : 2250m
Altitude de déchaussage (descente) : 2250m
Activité avalancheuse observée : RAS, tout est resté bien accroché aux murs
On trouve la neige en continu dès qu'on arrive sur le grand plat
Bon regel nocturne. Couteaux utiles dans les ressauts raides.
Aucune crevasse apparente.
A la descente (12h), croupe sommitale SW bien revenue.
Pente N sous le col 3368 encore dure à la descente. (déchaussage à la montée, bonnes marches utilisables sans crampons
Neige excellente jusqu'en bas, un peu collante sur les 100 derniers mètres et bien freinante sur le plat.
J'enlève une * à la skiabilité pour cette raison.
Après, je pense qu'on ne peut pas parler de skiabilité dans les gorges du Malpasset. Il ne peut y avoir skiabilité que pour des endroits skiables, Or, aussi bien le sentier d'été que les gorges sont rarement "skiables" et s'ils sont suffisamment enneigés ils sont skiés au prix d'une grande prise de risque. Aussi, je considère qu'au regard du ski cette course commence à la sortie des gorges. On a le droit de ne pas être d'accord. Mais qu'on m'explique alors.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec solo accompagné (Christian et Maryse)
« En vérité, je vous le dis : il est plus facile à des chameaux entraînés de monter à la Grande Aiguille Rousse qu’à une randonneuse désaltitudinisée d'entrer dans ce royaume des Dieux ».
L'appellation «chameaux» n'est en rien désobligeante pour mes compagnons du jour ! C'est au contraire un hommage à leur robustesse et leur endurance. Vous aurez constaté que dans la rubrique « Participants » j'ai noté « solo accompagné ». C'est une nouveauté ? Non, je suis coutumière de la situation qui, je dois l'avouer, me convient parfaitement. Ça signifie en clair : covoiturage convivial et écologique, une dizaine de mètres – allez 15 – de cheminement en commun, puis chacun vit sa vie les uns de lévriers, l'autre de limace, à chacun son destin ; on échange quelques mots quand les uns descendent et que l'autre s'acharne à monter encore, même si le timing devient serré, et finalement on se congratule mutuellement au parking pour la forme des uns, la ténacité de l'autre et le timing tenu.
Mais commençons par le début si vous le voulez bien. Il y a peu, je me plongeais masochistement dans ma liste de courses de la saison. Que nous restait-il d'autre à faire puisque le présent ne permettait plus d'ajouter quoi que ce soit au passé ? Donc, je regardais quelque chose comme une modeste litanie, sans saints mais avec pas mal de croix et que j'aurais pu mettre en musique... si j'étais musicienne. Car dans le leitmotiv chartrousin ont fait irruption des tempos belledonnesques endiablés, des pastorales beaufortines et aussi des « Musiques du Monde » provenant des lointains Grisons et même des confins de l'Ubaye et j'en oublie. Or, cette litanie, pourtant de bonne facture, s'arrêtait net, sans crier gare, laissant un trou béant capable de traumatiser le psalmodiant le plus serein et d'inspirer le vertige au cœur de randonneur le mieux accroché. 16/3/2020. Puis plus rien. Nada.
Impossible de laisser ceci en l'état ! Même si ça m'est déjà arrivé, mais là ce n'était pas seulement ma liste de courses qui se trouvait en piteux état. Aussi, quand Christian m'a proposé cette Grande Aiguille Rousse, je n'ai pas su dire non. Aurais-je dû ? Oui, c'est ce que je me suis dit à plus d'une reprise lors de la montée asphyxiante. Non, c'est ce que je me suis dit alors que les apparences me disaient qu'on ne pouvait pas aller plus haut et tout le long de la descente jubilatoire.
Paraît que c'était la Grande Aiguille Rousse. Ce n'était pas écrit dessus mais je ne discute pas. Si ç'avait été la Petite Aiguille Pas Rousse Du Tout, j'aurais été pareillement heureuse. J'ai vu, j'ai touché, j'ai humé une montagne toute blanche, oui vraiment, blanche comme une robe de première communiante, comme la robe d'hiver du lagopède, comme la neige, quoi ! Une robe toute lisse, toute soyeuse qu'on osait à peine effleurer de ses skis. Et sur tout cela un ciel comme un bouquet de «ne m'oubliez pas» caressé par le souffle léger, si léger d'une brise délicate. Oh que non on ne t'a pas oubliée, montagne de printemps, montagne de la neige qui se ressaisit chaque nuit afin qu'à l'aurore naissante nous te trouvions comme au premier matin du monde.