Départ : Route de Val Pelouse (1400 m)
Topo associé : Grands Moulins, Couloir SW
Sommet associé : Grands Moulins (2495 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1200 m.
Ski : 4.1
Sortie du mercredi 12 février 2020
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand soleil avec formation de nuage dès 13hEtat de la route : Neige dès 1200m
Altitude du parking : 1350m
Altitude de chaussage (montée) :1350m
Altitude de déchaussage (descente) : 1350m
Activité avalancheuse observée : Petites coulées ressemblant à du sable (formées de billes) dans les couloirs Sud. Pas de déclenchement spontané significatif à signaler
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Eplingle sur la route | 1350m | N | 10h | Poudre | 5cm de neige fraiche qui recouvre les anciennes traces | |
Col de la Perrière | 1979m | SE | 11h30 | Soufflée | Poudreuse soufflée avec la présence de petites billes en surface par endroit | |
Couloir Sud Ouest | 2000m | 12h30 | Dure | Poudreuse (10cm à 15cm) avec plaques de glace et fond dur, glissant à la montée | ||
Val Pelouse | 1700m | 13h50 | Poudre | 5cm neige fraiche sur fond dur glacé (insuffisant en sous bois) |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Montée au Crêt Gargoton par Val Pelouse puis Col de la Perrière enchainé sur Couloir Sud Ouest. Descente du couloir jusqu'au refuge de la Perrière pour remonter au Crêt Gargoton pour redescendre Val Pelouse
Il est venu le temps de quitter les Alpes pour un moment. Pour partir il me fallait conclure par un sommet symbolique, source de rêve depuis mon enfance. Ayant beaucoup skié au Collet, la face Sud des Grands Moulins m’a toujours fait rêver avec son immense couloir central, ligne majestueuse qui attire l’oeil par son évidence.
Arrêter par la neige dans l’épingle en dessous du point 1408, je chausse et m’élance sur la route recouverte d’une fine couche de neige fraiche que je n’attendais pas. La route est une épreuve pénible de patience (à vu 3km si on ne coupe pas par Val Pelouse à 1531m). Les Grands Moulins qui apparaissent entre les sapins semblent ne jamais se rapprocher, colosse défendu par une longue approche. Perdu dans la contemplation de la verte vallée et des blancs sommets qui m’entourent, je me trompe de chemin et m’offre un détour aussi panoramique qu’inutile au sommet de la Crête du Gargoton. Sans déphoquer, je descends lentement au col de la Perrière pour me rendre compte qu’il va encore falloir continuer à descendre si je veux avoir un espoir de rattraper le chemin. La neige sur la face est fraiche sur 10 à 15cm, je me frotte déjà les mains en pensant aux superbes conditions qui ne pouvait pas mieux tomber pour cette première. Le fond dur est encore bien présent, la neige glisse facilement dessus, décourageant toute tentative de poursuivre en ski. Le problème étant qu’une fois les skis sur le dos, la progression ralenti. On profite moins du paysage quand on passe son temps à regarder ses pieds taper dans de la glace. Les pointillés de mes pas, travail acharné d’une fourmi perdue dans l’immensité blanche et glacée, marque le paysage. A choisir, j’aurais préféré la ligne tendue de mes skis à la montée. Quelques petites parties en glace sont l’occasion d’instant de concentration jusqu’à une glissade vers 2200m. Je décide de reprendre mes esprits pendant que ma main brule encore du feu que la neige lui a infligée. Sans piolet, la neige se faisant plus dure au nord et molle et glissante au Sud, je préfère en rester là. La prudence et l’humilité me l’impose, même si l’envie pousse au vice. Je résiste à la tentation.
Je plonge dans l’abîme du couloir, l’épouse, l’embrasse dans de longs virages langoureux dans une neige douce qui font virevolter la neige. Ce couloir vaut le détour il faut en convenir, j’y reviendrais c'est certain mon instinct ne pas trompé en m’amenant ici. Une courte halte au refuge de la Perrière pour rephoquer, remonter au sommet du Crêt de Gargoton et skier Val Pelouse de haut en bas. La neige est toujours bonne, la pente toujours vierge, comme une page qui invite à écrire un histoire. La mienne sera rapide, avec des méandres immenses. Je laisse les skis parler, ma plume se délie et je m’envole dans la poudreuse. Peut être que la trace exprime mieux mes sentiments que ces mots en y pensant. Entre les arbres, le fond dur revient, présent sous 5cm de neige et je ralentis l’allure, prélude de la fin de cette histoire qui se terminera au pas sur la route.