Départ : Lans en Vercors (La Sierre) (1380 m)
Topo associé : Grand Cheval, par les pistes
Sommet associé : Grand Cheval (1827 m)
Orientation : W
Dénivelé : 1340 m.
Ski : 1.3
Sortie du mercredi 11 décembre 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Couvert à couvert +++
Températures pas trop froides
Neige à partir de 14h et vent sur la 2e partie de la 3e montée.
Limite P/N à LansEtat de la route : dégagée mais qq plaques de neige subsistaient.Demain matin, la route risque d'être bien enneigée.
Altitude du parking : 1415m
Altitude de chaussage (montée) : 1415m
Altitude de déchaussage (descente) : idem
Activité avalancheuse observée : RAS
Pistes damées, bien enneigées jusque dans le bas. Au-delà belle poudre légère. Il manque encore du remplissage pour être tranquille en-dehors des pistes (mais ça ne saurait tarder).
Balade encore conseillée pour les 2 prochains jours si météo acceptable.
Je mets skiabilité 4* car il s'agit essentiellement de pistes et en-dehors ce n'est pas encore rassurant.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Stade de Neige/Pt 1863 au SE du tsk de Roche Rousse/Stade de Neige/Pt 1820 au S du Grand Cheval/Stade de Neige/Pt 1863 au SE du tsk de Roche Rousse/Stade de Neige
….et elle n'est pas venue, c'est la neige qui s'est invitée.
Les épouvantables (2) clichés tirés hier soir depuis le Grand Rocher étaient de bon augure : aujourd'hui serait une journée splendide. Si, si, j'ai quelques connaissances météorologiques. Ces couleurs de couchant révèlent un lendemain en teintes beaucoup plus austères. Mais, que voulez-vous, moi, j'aime ça ; suis plus Gustave Doré que Mondrian. Seuls les vosgiens, chartrousins, jurassiens, cantaliens et (peut-être) les baujus peuvent me comprendre.
A Noyarey, mon cher Grand Cheval, je te bouchonnais déjà en pensée tandis que je bouchonnais pour de bon. Dans la montée de Sassenage, en voyant les lumières de la ville, je n'ai pas pensé à Charlot mais que c'était peut-être la seule occasion de saisir une image lumineuse. A Lans, après un café – qui a dû me booster – je décidai de marcher jusqu'à ce que pluie s'en suive.
J'ai commencé par visiter ta pâture en visant l'éminence à 1863m. Vite fatiguée de suivre la piste, j'ai fait une incursion dans les bois mais j'ai rapidement abandonné, le remplissage me paraissant encore un peu faible. Sais-tu Grand Cheval qui j'ai rencontré dans la montée : un sympathique skieur de télémark et un casse-noix moucheté occupé à rechercher une graine enfouie au courant de l'été, à moins qu'il n'en cachait une petite dernière pour l'hiver. Le drôle ne m'a pas précisé ses intentions. S'est envolé au bout d'un moment et pendant que je regardais de près son chantier, j'ai bien vu qu'il m'espionnait. Là-haut, je me serais crue au Grand Manti, c'est presque aussi beau et, au bord du feston, la prudence n'est pas superflue non plus.
A la 2e montée, figures-toi que j'ai eu droit à un défilé militaire. Échaudée par certaines maladresses venant du haut, j'ai serré la rive G de la piste. Et bien m'en a pris. Deux valeureux soldats n'avaient pas bien assimilé la consigne de rester coûte que coûte sur les skis. Les trous laissés dans la neige meuble peuvent laisser croire à l'ennemi qu'ici on tire à balles réelles, et du gros. Peut-être que c'est fait exprès après tout. Je ne sais pas de quelle arme ils étaient, mais sans doute pas de la cavalerie car - comme d'ailleurs tous les autres passants - ils ont dédaigné d'aller te voir Grand Cheval.
Or, l'idée qui me trottait dans la tête était de te rendre visite : je suis venue au petit trot avant de descendre au galop. J'ai caressé ton encolure mais pas tes pointues oreilles. Si j'avais su faire, j'aurais henni de plaisir tant c'était beau. Dans une échancrure de ta blanche crinière, j'ai même aperçu le Dévoluy et le lac du Sautet.
J'ai consacré ma 3e montée au culmen de ta pâture et mes forces là-haut à lutter contre le vent et les bourrasques de neige. C'était magique : Grenoble semblait rayée de la carte. Toi, Grand Cheval, tu restait impassible. Et c'est là que m'est revenue cette si belle poésie de Paul Fort.
Le petit cheval dans le mauvais temps, qu'il avait donc du courage !
C'était un petit cheval blanc, tous derrière et lui devant.
Il n'y avait jamais de beau temps dans ce pauvre paysage.
Il n'y avait jamais de printemps, ni derrière ni devant.
Mais toujours il était content, menant les gars du village,
A travers la pluie noire des champs, tous derrière et lui devant. (etc...)
(1) Titre emprunté à Jean Luc Lagarce ; sa merveilleuse pièce :« J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne"
(2) Je précise que l'épouvante était réelle : c'est celle qu'on éprouve quand on se rend compte que jamais, au grand jamais, on n'atteindra le niveau pour présenter une qualité équivalente