Départ : Vaujany: Le Collet (1400 m)
Topo associé : Les Aiguillettes de Vaujany, Combe Nord
Sommet associé : Les Aiguillettes de Vaujany (2547 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1130 m.
Ski : 2.3
Sortie du jeudi 23 mai 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Ciel assorti aux eaux du barrage - pas de vent, juste une petite brise des hauteurs - très chaud dans les combes abritéesEtat de la route :
si on parle de la route à partir du Rivier d'Allemont : juste quelques cailloux à éviter
si on parle de l'A480, les travaux peuvent anéantir le fruit de vos efforts de lever matinal
si on parle de la route à hauteur du Péage de Vizille, attention aux canards qui peuvent s'y promener entre chien et loup (il y en a un qui l'a payé de sa personne, nous en sommes encore navrées, sans compter que la voiture de Marie en porte des traces regrettables)
Altitude du parking : 1705m
Altitude de chaussage (montée) : 1850m
Altitude de déchaussage (descente) : 1750m après quelques déchaussages (juste au-dessus de l'antenne)
Activité avalancheuse observée :
ruptures de plaques un peu partout mais surtout en rive D du vallon - béances de reptation en rive G - aucune coulée au moment de la sortie (descente finale vers 13H)
200 premiers mètres de la descente encore en neige dure mais pas béton
ensuite neige de printemps idyllique avec différents degrés de ramollissement mais jamais trop
partie inférieure en bonne neige bien tassée
versant S du Sabot partiellement déneigé, versant W skiable jusqu'au sentier
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Marie
par le Barrage de Grand Maison + une remontée depuis le fond du vallon jusqu'à la crête Côte Belle/Aiguillettes et une montée au Sabot depuis la Cabane
Il y a quelque chose de totalement incompréhensible. Il y en a qui dépensent une fortune pour aller skier au-dessus des fjords norvégiens, ce qui serait tout à fait concevable s'il n'existait pas à 60 km de Grenoble quelque chose qui y ressemble étrangement. De même, il y en a qui recherchent des dunes dans des déserts improbables avec du sable d'un brun douteux qui gratte et des scorpions qui piquent alors que des dunes splendides, éblouissantes de blancheur, aux lignes délicates, sans bestioles piqueuses sont à portée de spatule. Enfin, je dis ceci, je ne dis rien. C'est juste une indication.
Une autre indication : pour le moment, il n'y a pas très loin de la route aux lèvres de la Dame Blanche et le petit paradis qui s'ouvre à vous dès que vous gagnez le vallon du Sabot ne semble pas trop fréquenté : n'avons vu aucun humain.
Alors traversez le barrage, surmontez le premier ressaut quelque peu boueux, saluez la cabane du Sabot puis prenez la clé de ces champs de neige, un peu labourés sur les versants pentus mais indemnes en fond de vallon. Quand vous aurez atteint la crête, ne suivez pas aveuglément la trace des chamois qui défient vide et corniches. Restez bien en retrait du bord car, comme le dit un dicton teuton : « Quand un pas de côté a été fait, le second suit généralement assez rapidement » (Faut pas être alpiniste pour savoir ça, je pense que vous comprenez ce que je veux dire...). Mais trêve de plaisanterie : le versant S est, disons, quelque peu abrupt. Arrivé à une brèche sur l'arête, vous comprendrez pourquoi on parle d' »Aiguillettes » et laissant ces esthétiques créatures à main D vous remonterez (à pied/crampons si la neige est dure comme ce matin) la belle pente terminale. Là-haut vous attend un plateau sommital tout confort d'où vous pourrez vous extasier à loisir devant Etendard, Cochette et Laisse et leur reprocher, si la situation est la même qu'aujourd'hui, de s'être si négligemment laissés aller sur leur versant W.
En cette saison, ne tardez pas trop si vous voulez que votre descente soit griserie, même si pour la première pente il vaut mieux que vous n'ayez pas lésiné sur la qualité de tenue de vos chaussettes. Et n'entamez la sieste qu'après être remonté sur le Sabot, promontoire d'où vous aurez une vue somptueuse sur un petit coin de Norvège en plus d'une Pyramide quasi égyptienne, d'autres Aiguilles - celles de l'Argentière - sans oublier le Rocher Blanc qui semble attirer le monde comme le fromage les mouches, même si (ou justement si ?), comme ce jour, il s'est également laissé aller. Et, dans les lointains, brumeux ou non, resplendira aussi pour vous le Mont Blanc.
Des crocus en foule dense, des armées entières de soldanelles, un renardeau se cachant dans un trou de marmotte, un crapaud dans la source, une coéquipière enthousiaste, que demander de plus à une matinée de printemps ? Rien. Si ! juste un niveau d'eau du barrage affleurant les prairies verdoyantes pour que l'illusion nordique soit totale.
PS : veuillez excuser le retard pris pour poster cette contribution : notre copine à tous, Internet pour ne pas la nommer, boudait.