Départ : Bessans (La Bessanaise) (1737 m)
Topo associé : Albaron, Par le glacier du Grand Fond
Sommet associé : Albaron (3637 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 4500 m.
Ski : 3.1
Sortie du dimanche 31 mars 2019
Conditions nivologiques, accès & météo
Très beau. Léger vent de secteur E à quelques endroits exposés.
Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1800
Majoritairement revenue dans un large secteur S.
Dure, compactée, un peu de carton et du relief en large secteur N
Un peu de poudre tassée dans des transitions W peu pentues.
Un petit 4* plutôt qu'un gros 3*. Enneigement restant correct mais bien sûr sans comparaison avec l'année dernière. Du bon ski une fois évitées ou passées les portions non décaillées avec relief.
Globalement, manteau sain et stable en apparence et pas d'activité avalancheuse observée. Aucune coulée récente.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par Michaël)
Avec Catherine, Joseph, Jeff, Denis, Etienne, Nicolas, Marc
Bonneval>Evettes>Col de la Disgrâce A/R; Evettes>Muraille d'Italie/Selle>Ref Gastaldi>Col d'Arnès>Ref Avérolles ; Albaron>descente par le Grand Fond
C'est notre weekend final de cycle, après quatre sorties avec le groupe ces derniers mois. Le choix de la Haute Maurienne s'est fait sur les envies de chacun, les ouvertures et disponibilités de refuges et moins sur les conditions de neige. A ce sujet, l'enneigement est tout juste correct dans le secteur, et les faces d'altitude sont en général bien sèches ; la nivologie n'est pas trop compliquée en cette période de disette et c'est bien ainsi avec un groupe et l'inertie inévitablement engendrée.
J1 : Les faces Sud sont passées en mode été depuis longtemps, je retrouve un peu l'ambiance Queyras avec des plus grosses montagnes autour. Termignon entretient un fin ruban blanc pour permettre à ses skieurs de rentrer de Val Cenis pour une glisse au milieu des crocus.
On se gare à la station de Bonneval sur Arc qui doit bien compter deux mètres de neige en moins dans le village que l'année dernière à la même date. Cependant la piste qui s'approche de l'Ecot est bien protégée et nous conduit vers les pentes sous le Col des Evettes. Ces lieux évoquent un bon souvenir de départ d'un raid à ski, une traversée vers Val d'Isère via Evettes et Carro, vingt-trois ans en arrière, début mai, avec une veste blanche et un pantalon kaki, et la tente...
On remonte au mieux pour rejoindre le refuge et son spectacle quand le cirque se dévoile à ses abords. La suite du programme est variable. Pause au refuge ou Col de la Disgrâce pour revenir au couchant, sous l'oeil du Mont Séti, montagne particulière qui semble sortie d'un cabinet d'architecte. Le refuge est bien rempli, suffisamment confortable et bien placé pour observer le début de l'itinéraire du lendemain.
J2 : Le départ est frais, le soleil lèche déjà la face E de l'Albaron, maître du secteur. On en fera le tour, et le sommet aussi, c'est le plan. Le long plat sert d'échauffement matinal avant d'attaquer le glacier qui a bien reculé depuis mon passage au siècle dernier. La progression est agréable et esthétique non loin des séracs et l'on s'élève en S par quelques Z intermédiaires, entre Petite Ciamarella et Albaron. On laisse la Selle à droite pour dépeauter un peu en contrebas, avec un peu de vent qui nous accompagne depuis peu et rend la neige dure et cartonnée.
C'est le menu du début de la descente avant de retrouver une pente SSE bien revenue comme on aime, et chacun y va de sa longueur de courbe préférée. Un petit coup d'oeil vers le Passage Collerin qui est bien rempli compte-tenu du déficit général. On file ensuite dans cette combe en pente douce, surplombée par les contreforts de la Bessanèse à droite. Alors qu'on aborde une section bien skiante, je dépasse le groupe qui stoppe, et pour cause, on choisit de bifurquer pour traverser à droite plutôt que de remonter plus tard. Je suis bon pour remonter en escalier et rejoindre les camarades.
Heureusement que la neige est stable et qu'il ne fait pas trop chaud car cette pente vers 2600m n'est pas anodine. Mais aucune activitée avalancheuse visible, pas même de coulées au soleil n'ont été observées lors de ce séjour.
Un petit replat nous accueille pour remettre les peaux et basculer par un collu sur le refuge Gastaldi. Cet accès par mauvais temps ou brouillard, par une banquette au-dessus d'une barre ne doit pas être commode. Aujourd'hui c'est tranquille, les couteaux rassurant la troupe. Le refuge Gastaldi Nuovo n'ouvre que le weekend prochain; on avait pourtant espéré le gardien et son café... tant pis, le pique-nique sera néanmoins une belle pause contemplative au chaud soleil italien.
La suite consiste à repasser la frontière au Col d'Arnès dont la dernière pente NE présente quelques passages en neige plus dure, à sa sortie notamment. On sort les crampons ; quitte à les promener dans le sac, autant les utiliser. C'est l'occasion pour certains de parfaire leur technique, et comme dirait Marco, de changer de type d'effort !! Belle ambiance à nouveau sur ce col où plusieurs options de descente sont possibles avec un peu de cailloux avant de chausser et rejoindre le glacier.
On retrouve une neige tassée puis revenue, au gré des contrepentes envisagées. Ce sera le cas pour toute la suite. Des traces partent à droite par le passage du chemin d'été qui n'est pas le plus recommandable a priori (petit cayon avec glaçons au-dessus, sortie expo voire déneigée). On tente et ça passe tranquille jusqu'à la courte remontée au refuge d'Avérolles, encore au soleil de cet après-midi. On comprend qu'un peu plus tôt en saison, le Charbonnel n'autorise pas le petit plaisir d'une bière-bronzette. Bon accueil, le refuge est confortable, plein ce samedi soir, et la polenta-saucisse remplit les estomacs affâmés. Encore une superbe journée.
J3 : on est passé à l'heure d'été, le soleil n'en a que faire, lui ! Les premiers mètres sont un peu pénibles pour les organismes sur cette neige gelée avec reliefs. L'objectif du jour, c'est le sommet de l'Albaron et le plan initial prévoit une descente par le Grand Fond et la transfo, pour rejoindre Bessans plutôt que le Vallonnet dont les echos récents suggéraient une neige moyenne.
On s'élève par les croupes au-dessus du refuge puis on traverse vers Entre Deux Ris et le dessus du Clapier de Rocafort. Quelques longueurs mais probablement la bonne option car d'autres groupes font une traversée plus haute et mal aisée, encore moins ascendante et dans des pentes plus soutenues. Nous décidons de faire deux groupes, les fatigués stopperont aux abords du glacier du Grand Fond vers 3460m quand les autres pousseront jusqu'au sommet.
Option crabes pour la pente de neige finale et l'accès par les équipements style via ferrata jusqu'à la table sommitale, bien sèche. Il y a du monde et on prend son ticket pour ce passage qui rend la course plus variée. Le panorama est magnifique. Le Viso s'est entre temps caché dans la nebbia montante mais tous les autres grands restent visibles. Le "360" est toujours un exercice que j'apprécie, pour transcrire les souvenirs de cartes en images réelles. Magique. Etienne préfère PeakFinder pour les réponses ;-) !
Le groupe se reconstitue, photos, puis on emprunte le plan de descente envisagé par de grandes courbes sur une neige qui s'améliore au fur et à mesure pour devenir à poils bien longs plus bas en rejoignant les chalets de La Buffaz ; ensuite, l'enneigement devient bien pauvre et la route salvatrice offre un peu de glisse entrecoupée de quelques déchaussages obligatoires et d'autres passages sur herbe, terre, petits cailloux ou aiguilles de mélèze selon les goûts. Un peu de ski de fond, un stop pour récupérer le camion à Bonneval et c'est la fin de l'aventure dans ce bout du monde bien sympathique.
Merci les amis pour le partage de ces traces d'altitude dans des contrées sauvages, votre bonne humeur, vos sourires. Merci Marco pour ta bienveillance et tes conseils avisés. A la prochaine ensemble !