Départ : Bessans (La Bessanaise) (1737 m)
Topo associé : Albaron, Par le glacier du Grand Fond
Sommet associé : Albaron (3637 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 1150 m.
Ski : 3.1
Sortie du lundi 5 juin 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Du gris, de l'eau, de la neige, du brouillard, un bon vent de nord au dessus de 3000mEtat de la route : Rock'n roll
Altitude du parking : j'ai pas le droit de le dire...
Altitude de chaussage (montée) : 2550 m
Altitude de déchaussage (descente) : 2400 m
Activité avalancheuse observée : Sur l'itinéraire rien vu, sur Charbonnel des plaques sont parties sur la rampe inférieure du glacier (ancien itinéraire)
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Mottuaz | 2200-2500 | SW | 6h30 | rien | Y'a ni fleur, ni plume, ni poil dans le choix de type de manteau | |
Tête ronde | 2500-2800 | SW | 8h15 | en voie de disparition | Irrégulière | ça sent la fin, ça porte, un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout |
Lac du grand fond | 2800-3000 | SW | 9h00 | Dure | le damage n'est pas top, mais vu le prix du forfait on dira rien | |
Glacier du grand fond | 3000-3150 | SW | 9h30 | Dure | de belle goutières taillées par la pluie | |
Col du grand fond | 3150-3300 | W | 10h00 | 2 cm Hors taxe | Poudre | Le petit plaisir qui nous perdra |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu
Avec Dzeus, Le Bombé et El Rico
La Mottuaz 2200 m - Tête Ronde - Lac du Grand Fond - Glacier du Grand Fond - Col du Grand Fond - Terminus 3350
Par respect pour toi, lecteur fidèle aux neurones actifs, j’avais essayé de rédiger assez rapidement les CR retraçant les pires épaissis du team des « Branquignoles des hauts pâturages ». Mais là rien, un vide aussi sidéral que sidérant est venu perturbé ma soirée d’après course.
Une grosse panne neurologique est venue sérieusement gâter le tempo prostitutionnel de notre dernière virée… oups… et oui Etienne c’est un encore lapsus… et pour d’autres, non, je ne suis pas qu’une putaclic… Sous mon épaisse et rude carapace libin… euh, non ce n’est pas ça… Je reprends, blablabla… sous cette carapace lipideuse se cache un être sans cible mais toujours prêt à tirer sur tout ce qui bouge… alors gare.
Pour revenir à ce qui nous intéresse et bien qu’il m’isole, mon cas n’avait rien de grave ni d’alarmant. Je me suis juste pris un de retour de flammes de haut vol. Après m’être rendu compte que j’avais totalement foiré la vidéo de descente et à peine le diner fini, un vague sentiment de mollitude n’envahi le cortex et spleen plam !!! Je me suis endormi telle une mère d’Escherichia coli… La tête au milieu de l’assiette et des couverts, le front délicatement posé sur un tendre et odorant morceau de Munster. Ma compagne qui for me n’est pas prêteuse, a eu beau tenté de me faire sortir des bras de Morphée, à grand coups de verres et à grands cris d’orfraie, rien ni fit… Dans la sieste à potage j’avais bien sombré.
Le black-out, le voile noir, la nuit, le brouillard… je ne me souviens de rien ou de pas grand-chose. Seul un fumet étrange, une odeur tenace me guida des limbes vers la lumière… Et là une grosse question m’habite… oui je vous l’avoue, j’aime parler à cette partie de mon corps… Pourquoi cette odeur ? Tout est pourtant propre sur la table, les assiettes, les couverts tout a été récuré et j’avais même lavé mon cuillère… ce qui est déjà beaucoup pour un gars comme moi… Un rapide passage devant la glace de la salle de bains me fait comprendre les limites de l’efficacité cutanée d’une application fromagère… sauf à paraitre encore plus fou et lointain aux yeux de mes proches.
Ce coup de mou a sapé en 8 secondes, je vous l’avoue mâles teen, la dynamique de l’effort qui avait guidé notre fine équipe depuis la veille. Tout avait été mis en place pour accueillir entre notre sein et surtout au milieu des miens, un nouvieux brisquard : El Rico. Mon compagnon de toujours et d’ailleurs, mon confident quand les miennes se déchaussent, mon ami jovial qui toujours a ri de mes tiques… mon pote en somme et en multiples actions.
Après plusieurs saisons d’abstinence randonnationnielle skiistique il est enfin de retour. Il va enfin pouvoir assouvir sa passion à être dans le dur et toujours avec le sourire… Non ce n’est pas de moi dont on parle là… moi je suis mou !
Pour l’accueillir dignement, on avait organisé les choses en grand. Tout le monde a amené sa pierre à l’édifice. Tous… sauf un bien sûr ! Ce jus d’abricot a préféré sa famille à ces potes… Y’a des pays où l’on tue pour moins que cela… Ce que tu as fait est un New Dehli, et tout Bombay que tu es, tu risques bien mon cochon de récupérer deux ou trois marrons… d’inde aussi ! On réglera tous cela la saison prochaine… Passons.
El Rico est commercial, nul n’est parfait. C’est hélas, une profession qui a pour moi autant d’estime qu’un garagiste. Mais rigueur, droiture, service et alcool ont forgé la marque de fabrique d’El Rico. Et par-dessus tout, lui au moins, il s’est toujours interdit de vendre la moindre automobile. Notre programme d’accueil devait donc être comme lui, sans concession… Je vais vous expliquer tout cela,
Alors regarde, regarde un peu,
Je vais pas me taire parce que t’aimes pas mes jeux
Alors regarde, regarde un peu,
Tu verras tout c’qu’on peut faire quand on est vieux…
Yes, j’ai réussi à coller du Bruel dans un CR… Je suis malade, terriblement malade…
Ah oui le programme. Un petit chalet perdu dans au-dessus d’une belle vallée mauriennaise, un voisin imposant, un cadre à tomber d’un mur, des bières d’El Rico, du pif de Dzeus, des gadgets, de la cochonnaille du Bref, un risotto maison, des diots du fournisseur officiel de chez VINCENT… (c’est quoi, c’est où, allez un indice en un mot comme en sang : allez, les gars tous à Voglans)… On a passé une sacrée bonne soirée avec Dzeus, Le Bref, El Rico et votre scribouilleur de cru. La finesse, la poésie, la philosophie frappaient à notre porte, mais on ne les a pas laissé entrer. Et non, y’avait pas assez à boire… Les anecdotes croustillantes, les bons mots, les vannes senties, les météorismes muris crépitaient tout autant que l’emporte le vent et que le poêle aboie.
La nuit fût bienvenue et étonnamment calme. Les habituels producteurs de copeaux nocturnes avaient laissés les tronçonneuses dans la vallée. Tout allait à merveille, notre Beaune étoile veillait sur nous pour que le départ du lendemain se déroule sous les meilleurs hospices... Mais comme chaque engrenage à son grain de sable, notre mécanique de haute pré-saison se grippa… De l’eau, de l’eau vient nous gâcher la joie, sans doute jalouse de ne pas avoir été conviée à notre table, elle décide de venir nous briser les grenobloises dès 5h du matin… Une seule solution, l’attente… Mais non, pas comme dans un remake version gang band de Brokeback Mountain… on a juste repris du café et un peu de brioche… c’est d’ailleurs un peu le problème quand tu vieillis…
Le rideau de pluie étant passé, la troupe s’élança sans joie vers le noble objectif du jour, l’Albaron. La végétation est verdoyante, le ciel chargé, la neige est encore loin et le moral dans tout ça ? Imhotep, il est encore au-dessus des chaussettes, on y croit. 2550 m la neige est là on peut chausser. Mais un nouveau voile vient nous rafraichir les idées. El Rico nous lance un dicton peu cher qu’il a appris dans le sud « La motivation, c’est comme le Pastis, quand y’a trop d’eau, t’as plus le gout ». Ça bovine, ça bruine, ça pleut, en clair ça fait chier. Mais un gros coup de vent vient balayer tout ce bazar et pour celui-là, j’y suis pour rien…
Pour notre plus grande joie, l’humidité fait place à la fraicheur, et la blancheur terrasse la grisaille… mais ça pue le jour blanc cette histoire. Arrivée au lac du Grand Fond, une figure Offspring-guest nous invite à enter dans ce monde hors du printemps. Au pied du glacier, on se fait une nouvelle fois rattraper par la patrouille qui nous précipite de gentils et granuleux flocons… c’est gentil, mais on n'y voit pas plus loin que dans un trou de marmotte… le terrier, pas le … vous êtes lourd là... On attend, on se fait un concile à bulles, histoire de détendre nos dogmes et d’attendre une levée du voile. On arrive tant bien que 4 males au col du Grand Fond et ce sera le point final de notre périple. El Rico ayant pris l’option éclairage dans ces pompes il s’est choppé une paire d’ampoules bien laides. Quant à moi je me traine une raideur dans la cuisse gauche qui commence à me ronger sévèrement la jovialité.
Dzeus et Le Bref ne se sont pas rendu compte que notre motivation était telle Jeanne d’Arc, morte à 9h et éteinte une heure plus tard. Ils nous jettent des regards noirs et une série de remarques bien appuyées. « Allez bande de demi-cowboys, le sommet est à peine à 300 m… C’est presque tout plat… En une heure c’est torché… Allez faites un effort… Vous êtes vraiment des merdes… Peste rouge, Bolcheviks… ». J’essaie de les calmer, et j’utilise mes talents cachés de diplomate nord-coréen. Je leurs rappelle clairement que c’est moi qui ai les clés de la baraute et qu’à pieds d’ici à Chambéry y’en a pour un moment…
La sagesse ayant envahi leurs esprits, chassant leurs relents vengeurs, nous entamons sereins la descente tels de geais passe rots, le corps vidé. Pressé de descendre pour finir les bières que l’on avait épargnées, j’oublie de mettre en route la caméra… Un être sensé ça reste un gros on… Oh la boulette, je vais me faire pourrir pendant un moment…
La descente alternera entre plaisir poudreux certes limité à 2 ou 3 cm mais poudreux quand même, joie de la tôle ondulée version XXL, décaillé de qualité low cost, mollasse de canapé, requins sournois, éponge blanchâtre gorgée d’eau et gentiane printanière. Bref pas si pire.
Un bon apéro face au Charbonnel viendra parachever notre ultime périple. Cela clôt donc une saison qui comme moi aurait pu être bien meilleure, mais qui a eu, au moins, le mérite d’exister.
Allez, on ne va pas se quitter sans une petite chanson, tradition oblige, libérez vos âmes d'enfants et chantez tous en cœur :
Ainsi fond le grand fond
Les petits maris honnêtes
Ainsi sous le Grand Fond
Trois p’tits fours et un litron
Ils avaient rien caché,
Maris honnêtes, mangez, buvez
Ils avaient rien oubliés
Maris honnêtes allez-vous coucher
Ainsi fond le grand fond
Les petits maris honnêtes
Ainsi sur le Grand Fond
Trois virages et puis s’en vont
Et ils re-skieront
Les petits maris honnêtes
Et ils picoleront
Quand ils trouveront l'occasion
Arvi pa, a l'an qué vin les monchus !!
Et surtout un grand, un très grand merci aux copains bessanais.