Départ : Villar d'Arêne (Pont d'Arsine) (1667 m)
Topo associé : Montagne des Agneaux (Calotte), Couloir Piaget
Sommet associé : Montagne des Agneaux (Calotte) (3634 m)
Orientation : NW
Dénivelé : 1980 m.
Ski : 5.2
Sortie du mardi 21 février 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand ciel iel bleu tout au long de la journée, un bon vent dès la sortie du couloirEtat de la route : Dégagé
Altitude du parking : 1672
Altitude de chaussage (montée) : 1672
Altitude de déchaussage (descente) : 1672
Activité avalancheuse observée : Du sluff dans le couloir, un peu plus épais sur les zones où le soleil a réchauffé, mais rien de bien méchant.
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
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Parking jusqu'au couloir | 1672- 2600 | N | Gelée | Approche de fond de vallée | ||
Couloir | 2600- 3300 | NW | Poudre | Bien conservée mais pas si profonde (20-30 cm) | ||
Arrête | 3300- 3532 | NE | Irrégulière | Poudreuse par accumu ou dure dans la face sous l'arrête |
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Robin
« Bon Lucas, je t’emmene dans les Ecrins pour te montrer que c’est plus beau que n’importe quel coin de Savoie ! »
Le Grenoblois Robin pose d’emblée le décor, et après une recherche laborieuse sur les réseaux de randonneurs, le choix se porte sur la Montagne des Agneaux par le couloir Piaget. Encore un nom débile pour un sommet qui ressemble à tout sauf un pâturage. Lundi après midi donc, départ sur les coups de 14h30 pour Villar D’Arêne : en vrac dans la voiture, le slip de rechange dépasse encore de la poche latérale du sac. Arrêt à Vizille pour recharger en paracétamol, en soupe lyophilisée et en gras (le fromage n’a pas la même saveur quand on est en haut !).
Arrivés au parking, un homme hébété revient par la piste de ski de fond, veste débraillée avec la cagoule de travers, la démarche du type qui essaie de compter ses ampoules à chaque foulée. Un local nous explique que le « Belge » est de retour des Agneaux. Ça met l’ambiance pour le lendemain, parfait.
Montée sans encombre au refuge, le robin perd son baudrier mal attaché, quelques zipettes dans les lacets verglacés, et nous voilà à la cabane. Atmosphère garantie, la pièce entière éclairée avec une bougie, ça sent la chaussette comme jaja, 4 hommes à la langue inconnue (pays de l’est ?) nous dévisagent derrière la lumière chancelante et nous indiquent avec un index patriarcal qu’on dormira à l’étage. Entre deux trois mètres cubes de neige fondue pour nos pauvres pâtes, un étudiant au Conservatoire de Lyon qui nous offre gentiment un bout de tomme, et nous gros radins on garde le nôtre pour le sommet (faut pas déconner quand même, un lyonnais quoi).
Lever 5h10, on va chercher l’eau dans une flaque pour un thé dégueulasse à vous filer une dysenterie rien qu’à l’odeur. Le petit filou de Robin me file la bouteille avec l’eau moisie, et j’accepte sans broncher vu qu’il va se taper la trace jusqu’en haut. Dure loi de la montagne. Départ une heure plus tard, le vallon se remonte avec lenteur et les premiers rayons chatouillent les crêtes avoisinantes. Les Agneaux se rapprochent doucement et Robin, bonne pâte, m’attend à chaque pause photo. Après un itinéraire un peu naze et 3h au lieu de 2 (merci Skitour), on arrive au pied du couloir. Le croissant de lune est toujours au dessus de nos têtes : « c’est vrai que c’est beau les écrins ».
La neige est bien tassée au départ, le doute s’installe : « on va se taper 1000m dans le raide pour descendre un truc pourri ». Puis après quelques nappes de transformée, une neige bien fraiche nous accompagne jusqu’au sommet, pour le plus grand plaisir du ratrak qui me fait un bel escalier de princesse. En même temps il doit bien les rentabiliser ses deux Quark, autant qu’il joue à Ueli Steck, tout le monde est content comme ça ! La neige n’est pas si profonde, et les rochers sont cachés pas loin. Une marche me met trop mal à l’aise et je préfère m’encorder, histoire de rassurer : « Ah le malin tu sais faire quand faut tartiner du boursin, mais dès que ça commence à grimper ya plus personne ! » . Le brave petit me hisse donc jusqu’au sommet, mais j’ai froid, j’ai faim et j’suis fatigué par le vent, je me dis que la montagne c’est bien chiant, des ingénieurs se cassent les dents depuis 50 ans à faire des télésièges débrayable, de l’autre côté mère nature a inventé les chamois, chacun son truc bordel !
L’arrête est dégueulasse, Robin bataille pour faire la trace à travers des trous de neiges entre les rochers, dernière ligne droite et on arrive à l’arrête sommitale. On décide d’en rester là, je suis au bout et je préfère garder des watts pour la descente. Le bout de fromage fait son effet, et on redescend après hésitation par là où on est monté. La gopro décide de se décharger à cet instant précis, je savais qu’on aurait dû partager le fromage avec le lyonnais, le karma vous rattrape toujours !
Le début est bien gelé, le gaz ne permet pas l’erreur, mais on s’enjaille dès le premier virage et ça descend tout seul. Le couloir est super bon, quelques requins, on se permet même de sauter les rochers, aucun soucis derrière c’est mou.
Grandes courbes à la sortie, ça au moins je sais faire , et que je te trimballe jusqu’au refuge où on vient récupérer duvets et vaisselle. Le retour est long, plat et pénible, le parking apparait doucement au bout de la piste de ski de fond.
Je regarde dans la vitre, crevé : Rideau. J’ai la même gueule que le Belge.