Départ : Chartreuse de Curière (853 m)
Topo associé : La Petite Vache, boucle et traversée
Sommet associé : La Petite Vache (1735 m)
Orientation : T
Dénivelé : 1450 m.
Ski : 3.2
Sortie du jeudi 19 janvier 2017
Conditions nivologiques, accès & météo
idéale, froid supportable, sans vent, même agréable au sommetEtat de la route : bien dégagée jusqu'au parking, qq plaques de glace quand même, normal, quoi pour l'hiver
Altitude du parking : 853m
Altitude de chaussage (montée) : 853m
Altitude de déchaussage (descente) : 853m
Activité avalancheuse observée : néant - les éboulis du Cul de la Lampe sont à peine recouverts, les pentes ouest sous le col de la Petite Vache sont un peu cartonnées, la prairie sommitale orientée E a maintenant déjà reçu du soleil, quelques rochers et souches encore traîtres à l'entrée de la forêt (pas de sous-couche) ; sinon 5*
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Avec Yves dit Rakham le Rouge
identique au topo + remontée à la Crête de la Charmille à partir de la"salle à manger"
On aurait aussi pu dire une chorégraphie pour pas glissés et pas sautés en 2 actes appelés sobrement « montée » et « descente » ; entracte au balcon, également sobre (hélas).
La troupe : un cerf ayant pris son courage à deux sabots pour franchir la frontière de Chappareillan, pourtant non contrôlée, mais bien érigée dans une tête savoyarde (hé, çà fait un moment maintenant que vous êtes rattachés à la France !), un 2e cerf masochiste ayant franchi le col des 1000 Martyrs tout en sachant qu'il serait sous peu le 1001e et une biche locale dont il y aurait beaucoup à dire mais encore plus à taire.
Le décor : signé par un inconnu que tout le monde voudrait connaître mais dont personne n'est pressé de faire la connaissance. Un décor de routes improbables, de couvents bien sûr, de forêts profondes mais suffisamment clairsemées pour une danse d'hiver où les éclairagistes ont introduit quelques rais de lumière enlaçant tendrement les êtres et les hêtres. Mais pas de souci, une biche locale saura distinguer aussi bien un hêtre d'un charme que le charme d'un être. Et surtout, dans toutes les scènes, une neige, comment dire ? : Noli me tangere ce qui (pour ceux qui n'ont jamais visité l'église de St Hugues) signifie « N'ayez pas peur ». Mais la neige chartrousine est comme une coquette : elle semblait avoir ajouté « pas encore ! ». Une seule remarque désobligeante aux décorateurs : la croix du Belvédère de None n'est plus une croix, juste un poteau. Navrant.
Les costumes : un peu engoncés au début du ballet (faut bien s'échauffer), un cerf au couvre chef anti-brouillard tout à fait incongru par un jour pareil, l'autre avec son habituel costume de Rakham le Rouge, la biche en tutu à col roulé.
La musique : silence, silence monacal
Chorégraphie
Acte 1 : le ballet commence par de gauches gesticulations de corps encore froids et ensommeillés devant le Monastère du Buisson Ardent. La biche relève que l'ardeur du dit buisson n'a pas encore fait fondre la neige, loin s'en faut. C'est déjà un gage de réussite de la représentation.
Petit incident d'avant la représentation : 2 autres artistes, absolument inconnus, ou alors bien grimés, prêts à se réserver le devant de la scène, font une remarque en forme de demi-question du style « Vous êtes sûrement abonnés à ST » ? La biche se retient de citer John Cage : « C'est une très bonne question que je ne voudrais pas gâcher par une réponse » et ne dit rien. Des copieurs nous ? Allons bon !
Jusqu'au belvédère de None, les danseurs s'échauffent par pas glissants. Oui, encore un belvédère, la Chartreuse en est truffée et ce sont toujours des lieux bienvenus pour reprendre un souffle oppressé par la hêtraie, ce qui peut arriver lorsqu'un être est par trop protecteur. A partir de là, la danse devient serpentin : il ne s'agit plus de marcher de front mais de se relayer à la trace jusqu'au Cul de la Lampe. Appellation triviale, mais en apparence seulement. Non, le cul de la lampe, c'est une clé de voûte dans un monastère. Vous êtes déçus ?
Les cerfs et la biche sortent alors du bois comme illuminés par une lumière venant de l'au-delà. Le ballet post moderne se caractérise par une certaine confusion dans les gestes dans laquelle nos 3 danseurs resteront pour sortir du Cul de la Lampe, un accouchement laborieux, puis au grand soleil de la clairière, puis encore au col de la Petite Vache, toujours aussi étroit. Le final du 1er acte sera grandiose : dernières conversions (5e position) et une ultime pirouette (pas de porté!) pour se retrouver au sommet de la Petite Vache. Applaudissements nourris.
Entracte : au balcon, mise en abyme, une représentation dans la représentation : en face d'autres danseurs dans d'autres ballets, aux Lances de Malissard entre autres : d'illustres artistes, ce fut confirmé.
Acte 2 : les danseurs ajustent leurs chaussons, les relacent soigneusement. Bons princes, les cerfs laissent à la biche locale l'honneur des premières et des plus techniques arabesques. D'un roulement d'yeux non pas langoureux mais significatif, elle leur indique la direction à prendre. Car descendre d'une vache (même petite) pour trouver le pas d'une biche inconnue cachée dans le taillis, n'est pas forcément à la portée du premier cerf venu. Quelques évitements d'obstacles minéraux ou boisés plus tard, les danseurs se concentrent sur une étroiture rocheuse, jolie pour le décor et propice à des tests de virtuosité permettant (peut-être) un jour d'atteindre le grade de skieur étoile. Nous laisserons à la charmille le soin d'évaluer les marges de progrès. Il ne vous est pas interdit de penser que certaines pirouettes n'étaient pas prévues dans la chorégraphie. Mais, jusqu'à la « salle à manger », chacun put prendre son plaisir en patience.
Dans l'euphorie de l'apothéose, seule la biche entendit les ovations de la foule des épicéas réclamant un bis. De toutes façons, les cerfs avaient encore d'autres biches à fouetter. Elle s'en alla donc seule, vers la Crête de la Charmille dans une belle lumière d'après-midi d'hiver.
Ne restait alors plus qu'à ne pas rater la sortie, les coulisses n'étant pas vraiment à la hauteur de la splendeur du théâtre. Certes, au plafond, un lustre en cristal digne de Versailles et quelques appliques de la même veine, mais le reste est glauque et casse noisette à souhait surtout si les piles de la frontale sont mortes.
Note nettement plus triste : mortes sont aussi des personnes dans leur tombe de neige en Italie, impossible de ne pas penser à elles