Départ : Le Chalmieu (1580 m)
Topo associé : Gros Crey, Depuis Le Chalmieu
Sommet associé : Gros Crey (2575 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 1030 m.
Ski : 2.2
Sortie du vendredi 2 décembre 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau - légère bise de NE Etat de la route : après Chalmieu, quelques courts passages en glace vive
Altitude du parking : 1800m
Altitude de chaussage (montée) : 1800m
Altitude de déchaussage (descente) :1800m
mais un déchaussage nécessaire à la montée comme à la descente sur env. 200m de piste au-dessus de Coulouvreuse
Activité avalancheuse observée : néant - bcp de traces dans Montplat
A part le déficit d'enneigement du bas, et plusieurs torrents bien gelés à franchir, excellentes conditions en toute exposition : poudre légère dans les creux et petite couche de poudre sur fond dur dans l'excellente descente NNE
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu (par taramont)
Avec Hervé
+ ou - identique au topo à la montée - descente W jusqu'à 2350m env - remontée au sommet - descente NNE
Je chausse, non pas mes skis (pas encore) mais mes lunettes caméléon, celles qui me donnent un air sévère (si besoin est) et le bâton à la main, non pas le bâton de ski (pas encore) mais le bâton de l'examinatrice sans concessions et je vous demande : "Connaissez-vous le Gros Crey" ? Un ange passe.
Vous au dernier rang, le randonneur de station (çà existe paraît-il), n'essayez pas de me rouler en consultant Wikipedia sous la goretex : vous risquez de faire la même faute que moi quand j'ai préparé cette leçon et de me répondre : "C'est un sommet du Jura, Taramont, faut un peu sortir de Chartreuse, voyons !" Zero pointé.
Et vous, au premier rang, les locaux que je repère avec leur bon foin d'alpage sortant de leurs Scarpas ou encore les experts à qui une course du 20/11 d'un nommé Julien Pralong (un original sans doute, mais homme de goût) n'a pas échappé, n'essayez pas de faire les malins : quand je dis "connaissez-vous le Gros Crey ?" c'est quasiment au sens biblique qu'il faut prendre ma question ! Ce n'est ni une connaissance par un simple coup d'oeil par la fenêtre que le hasard a placé juste devant lui, ni même la récitation par coeur de toutes les sorties de ST que je demande. Non, connaître c'est honorer, non pas de la tête aux pieds (çà c'est pour les randonneurs de station) mais des pieds à la tête, c'est avoir inscrit l'unique objet de votre désir et de votre plaisir d'un jour dans votre chair, dans vos pieds émus d'être tant serrés par une énergie matinale mal gérée, dans vos doigts étonnés de cette onglée aussi éphémère qu'incongrue à l'heure du réchauffement climatique et dans vos yeux bouffis par une nuit trop courte alors qu'on s'approche des plus longues.
Mais soyons honnête pour une fois : quand Marc, l'homme en qui fleurissent plus d'idées qu'il ne me reste de jours pour les exécuter, donc quand Marc m'a proposé le Gros Crey, j'ai dit oui bien que je n'eusse aucune représentation de la chose ou justement à cause de cela.
Nous (Marc, Hervé et moi) voilà donc partis comme d'hab, les uns en courant, l'autre en musardant. Et musarder dans un décor pareil, sans âme qui vive, grisée par la haute altitude atteinte sans acclimatation, m'a évidemment inspiré ma prose de midinette habituelle que je vous inflige sans pitié, style :
Neiges d'automne, au charme des êtres imprévisibles et fantasques,
Neiges d'automne qui détonnent sous le ciel bleu pétant et les sorbiers sanglants,
Neiges d'automne qui étonnent nos coeurs ardents et nos pieds impatients, etc, etc..
On peut continuer longtemps comme çà, comme il faut continuer à marcher dans la glacière sans bière avant que ne sonnent Vêpres au clocher du Chalmieu.
Les noirs schistes tranchent sur la neige scintillante, yin et yang au pied des princesses d'Arves en talons aiguilles. Plus bas, une yin quelque peu essoufflée essaie de suivre les deux yangs gaillards. Mais il n'y a que 800m, çà peut le faire, et un petit bonus en face W est même le bienvenu. Comme seront bienvenues et l'idée géniale de Marc de descendre en NNE et le geste galant d'Hervé m'aidant à traverser le Ruisseau de la Mulatière aussi gelé qu'un fleuve zanskari. Là, sous l'oeil indulgent des princesses d'Arves nous avons esquissé un élégant pas de deux pour clôturer le bal du jour.