Départ : Bonnenuit (1670 m)
Topo associé : Aiguille d'Argentière, Couloir NE en boucle par le col des Trois Pointes
Sommet associé : Aiguille d'Argentière (3237 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 2150 m.
Ski : 5.1
Sortie du samedi 26 mars 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand bleu, iso 0°c 1700m annoncé en hausse à 2500m, très peu de vent heureusement frais.
La rive gauche du couloir NE prend le soleil. Etat de la route : sec jusqu'aux Hières, fermée ensuite
Altitude du parking : 1680m
Montée à l'Aiguille d'Argentières. Bon regel. A partir de 2500m environ, Fond dur + 5cm de fraîche, parfois plaquée, qui zippe sous l'appui >> couteaux.
Couloir NE 4* mais neige un peu trop changeante. Poudre en partie haute. Puis alternance poudre tassée et neige cartonnée.
Vallon des aiguilles alternance idem, mais humidifiée.
Montée col des Trois-PointesAlternance de poudre tassée, de cartonnée (5cm fuyant sous l'appui), de regelée, quelques passages trafolés, poudre inconsistante dans les 80 derniers mètres (piolet très recommandable).
descente du col jusqu'au refuge Globalement regelée (ou pas dégelée?) ou cartonnée.
Grepon > Valfroide Transfo poils long tirant sur la soupasse mais très bien à skier.
Traces de visu : Ccol de la Charra (W) apparemment poudre ; face S du sommet W d'Argentière: apparemment transfo moquette; Goléon : apparemment carton ; sous le col de Petit-Jean (mais les traces, qu'on devine avec les skieurs sur une des photos, semblaient venir de la Tête de Chat) : moquette
Altitude de chaussage (montée) :2000m (j'ai préféré porté un peu car la neige portait bien et faut s'économiser))
Altitude de déchaussage (descente) : 1800m environ
Activité avalancheuse observée : quelques coulées versant Sud Aig Argentières dans la journée ; monstre coulée de fond vers 17h dans le Greppon (versant SE, vers 2300m: noter que la trace de montée/descente au refuge traverse toute cette zone…).
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Les Hières > col du Goléon > sommet > couloir NE > vallon des Aiguilles > col des Trois Pointes > Les Hières
La magie des tours. Partir pour mieux revenir où l’on a commencé. Bouger sans avoir avancé. Voir Vesoul et Vierzon, les Hautes-Alpes et la Savoie, aller à l’Aiguille d’Argentière pour faire croire que l’on fréquente Chamonix, aller aux Hières pour faire croire qu’on bronze à Hyères… Le Goléon, c’est à la fois un bout du monde et un centre du monde.
Le tour me joue des tours. J’arrive donc aux Hières tout pimpant, remonté comme un coucou, je traverse le village et … couic… Ils ont rien déneigé ? Après le coup du tunnel effondré, on peut pas dire qu’ils racollent le touriste dans ce pays ;-). Mais, bon, c’est pas 100m de déniv en plus qui vont m’arrêter, on n’est pas à Prabert, ici. Y a la Meije qui regarde, le Râteau qui contrôle, faut se respecter ! Mais quand cela veut pas, cela veut pas : qu’il est loooong ce vallong ; et la loooongue traversée pour gagner le col du Goléon. Bref, presque 1500m au-dessus j’arrive asphyxié au sommet, et la face sud qui mijote se fait bien tentante.
Et toujours des détours. Oui, mais voilà, de l’autre côté y a le couloir NE qui fait sa réclame : « poudre 1er choix, état neuf, et dans le sens de la descente ! ». Le petit démon rouge SDX me susurre à l’oreille « allez, tu vas pas gâcher une occasion pareille ! » mais Raffarin résiste (oxymore ?) « le couloir est blanc mais la pente est rude. Tu as un plan-épargne pour la remontée ? ». Je m’allonge sur le canapé et croque du chocolat. D’où sort la vérité : au diable les varices ! Et je plonge dans la pente… en oubliant de claquer la talonnière (sans conséquence, heureusement).
Tour de magie ou tour de ma vie ?. Objectivement, descendre dans un vallon où, si tu restes en bas, c’est au moins 200km de stop, cela motive pour remonter. Parce que ce fut la mission, pour tracer dans cette neige très peu coopérative, qui cassait dès que je trouvais mon rythme, qui durcissait quand il eut fallu qu’elle mollît, qui pulvérula quand il eut fallu qu’elle porta, et tout cela s’est terminé en combat de rue crampons aux pieds. Finalement, tant qu'on n'a pas fait D+2000m, on ne sait pas qu'on peut le faire. Et quelle béatitude en sortant de l’ombre, petit col accueillant, sans vent, terrasse et chaises longues, le sentiment d’avoir bouclé la boucle en revoyant le Goléon.
Seule ombre au tableau : j’avais visé ce coin pour venir soutenir le pays de La Grave (en clair, festoyer au Bistrot de la Ferme au Lautaret). Mais pour cela il aurait fallu que j’arrive à l’heure ?. Et au pays de la Meije, midi c’est midi !