Départ : Le Baure (saint pancrasse) (1100 m)
Topo associé : Bec Charvet, Manivalerie (Écharpe SW) en boucle
Sommet associé : Bec Charvet (1738 m)
Orientation : SW
Dénivelé : 800 m.
Ski : 5.1
Sortie du mercredi 9 mars 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Grisailles se dissipant puis beau, froid sauf en plein soleil à 10H.État de la route : dégagée
Altitude du parking : 1100m
Manivalerie (Écharpe SW) (7H30): sur la partie haute, poudre très légère sur fond plus ou moins dense et souple, excellente. Se méfier des sluffs à chaque virage. Sous les contreforts sommitaux, des purges récentes de poudre fraîche excellente également. Dans la branche secondaire, on retrouve de vieilles boules dures sous-jacentes, bien recouverte de neige meuble. Un peu de relief donc mais on ne sent pas la sous-couche. Très bon à skier. En rive droite du torrent finale, neige froide et dense, excellente à skier. Cela rattrape la forêt très peu skiante car trop dense. *****
Lacets du Col du Baure SW: idéal pour une remonter sans brasser. Poudre froide sur fond dur et trafollé dans les couloirs d'avalanches. Passe bien en peaux mais enneigement faible pour la descente.
Col du Baure Est (10H): poudre frisette qui commence à chauffer. *****
Altitude de chaussage (montée) : 1100m
Altitude de déchaussage (descente) : 1100m
Activité avalancheuse observée : purges de poudre dans les contreforts S du Bec Charvet. Quelques sluffs dans la poudre profonde.
Skiabilité : 😄 Excellente
Compte rendu
Le Manival, vous connaissez? C'est un vallon inclassable situé à deux pas de l'agglomération Grenobloise. Il est dominé par la face Sud du Bec Charvet, l'une des plus austères et des plus pourries de Chartreuse... La vision quotidienne de cet ogre de pierre croulante haut de près de 900m me fait toujours frémir. Dès qu'il s'emplâtre de neige, j'imagine alors par quel cheminement le parcourir. Cela semble une pure folie que de le gravir en technique hivernale ou de le descendre à ski, sans parler du nombre ridiculement faible de jours dans l'année où il est en conditions.
Les récentes chutes de neige relativement basses ont bien matraquées la Chartreuse ces derniers jours. Pas plus tard qu'hier, des giboulées s'abattent sur le Bec et le couvrent de bonne poudre, dont certains pourraient en témoigner. J'ai fait un petit repérage du remplissage et du cheminement possible. Les conditions semblent optimales, le haut de la face n'étant que très peu enneigé. Eh oui! L'itinéraire convoité ne part évidemment pas du sommet, mais de son antécime Est bien marquée. Le cheminement en écharpe passe donc au pied des contreforts sommitaux. Il faudra par conséquent attaquer tôt mais aussi guetter d'éventuelles purges de poudre!
Lever à 5H, il fait froid, c'est parti pour le Baure. Départ vers 6H, -5°C, les grisailles nocturnes s'estompent tandis que je trace tranquillement jusqu'au Col homonyme. De toute manière, je ne saurais aller plus vite. Une boule au ventre, la même que celle qu'on a avant de passer un examen, témoigne de mon état de stress, ou d'excitation? Une première à vue, ça fait toujours quelque chose...
Après la promenade en forêt jusqu'à l'antécime marquant le départ, ça y est, je découvre la pente visiblement en excellentes conditions. Plus bas? On ne sait pas, il faut plonger! Quelques virages pour se chauffer et ça file tout seul dans cette poudre. La pente n'est pas extrême mais il faut soigneusement choisir son itinéraire, les risques objectifs sont nombreux et l'exposition sur certains passages bien présente. Les contreforts sommitaux sont écrasants, on se sent minuscule... Le passage de la branche principale à la branche secondaire par l'éperon les séparant est délicat, la neige reposant sur une espèce de terreau...
La partie raide est terminée, place à la partie sanglier. Le plus simple sera de longer le canal d'écoulement jalonné de barrages de rétention par sa rive droite tout en zigzagant au mieux dans la forêt dense. C'est trash mais heureusement enneigé jusqu'à la cabane forestière à 870m. C'était sport mais tout est passé à ski! Mission accomplie. La pression retombe, remplacée par un sentiment de plénitude... Plus qu'à boucler la boucle par les jolis lacets du Col du Baure, puis une petite descente en poudre frisette jusqu'au hameau avec la Dent de Crolles encore vierge en toile de fond, magnifique... Une superbe matinée! :)