Départ : Prabert (1220 m)
Topo associé : Pointe du Sciallet, Couloir Nord
Sommet associé : Pointe du Sciallet (2312 m)
Orientation : N
Dénivelé : 1300 m.
Ski : 4.2
Sortie du dimanche 21 février 2016
Conditions nivologiques, accès & météo
Grand beau et doux.État de la route : dégagée jusqu'à 1300m à l'exception d'un tas de neige devant la barrière 1088m (ouverte).
Altitude du parking : 1300m
Couloir NNW du Scia-Moi: quelques cm de neige légèrement humidifiée sur une couche tassée assez souple d'épaisseur 20cm, elle-même reposant sur un fond dur. Bonne portance à la montée. Remplissage minimal dans les sections rocheuses. Pas de travail du vent, la corniche sommitale est peu formée. Pas de purges de surfaces. Bonne cohésion entre les couches malgré de nombreux sluffs à la descente. Risque nivologique estimé entre 1 et 2. ****
Pente de gauche: idem couloir sauf quelques purges de surface non gênantes à la descente. ****
Combe Nord et pentes d'accès: fine pellicule croûtée en cours d'humidification recouvrant une neige type sucre glace. Bon remplissage et belle qualité dans les vernes et en forêt. Retour sur le sentier classique bien damé, en neige encore dure et grippante. ***
Altitude de chaussage (montée) : 1300m
Altitude de déchaussage (descente) : 1300m
Activité avalancheuse observée : RAS
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Scia-Moi en A/R >> Pente de gauche en A/R
Après une rude semaine de labeur (pendant que certains se gavent de peuf, c'est la vie...), la question fondamentale se pose samedi soir: mais où aller traîner les spatules? Les envies de Chartreuse sont vite avortées, en cause un enneigement largement déficitaire. Pas motivé pour faire des bornes en voiture, Belledonne s'impose donc par la force des choses. En même temps, y'a pire comme massif! Avec le risque marqué en altitude, cela complique l'équation... Pas trop d'idées sachant que de nombreuses pentes ont déjà été consommées durant la semaine. Alors où c'est où qu'on va dans ces cas là? Ben voyons, à Prabert, évidemment!
Sans convictions mais motivé pour partir avant la foule des grands jours, j'arrive au niveau de la barrière vers 7H. Déjà une poignée de voitures (150 recensées au retour), mais la barrière est ouverte! Oui, mais il y a un tas de neige juste devant... Pas question de se taper la marche d'approche sur goudron, le tas de neige est petit, avec un peu d'élan et un brin de détermination ça passe (en raclant un peu quand même...)! Un premier soulagement de se garer à 1300m et d'attaquer ski au pied.
Le plus dur semble avoir été fait. Il suffit maintenant de flairer la bonne piste, des fois qu'il reste de la poudre... La meilleure décision aura été de prendre à droite en direction de la combe Nord de la Scia. Et pourtant, en découvrant une trace d'approche bien profonde et d'innombrables plantés de bâtons témoignant d'une fréquentation certaine, je ne crois plus au hold up. Faudra t'il se contenter des restes de trafolle? Suspens. Et finalement....... Que nenni! Ils sont tous allés buter sous le premier ressaut dans le Couloir Nord du Col de la Scia! Le brouillard ou jour blanc de la veille a dû calmer les ardeurs, je compatis. Mais en même temps, quel bonheur de découvrir que le Scia-Moi est vierge de trace!
"Sci-à-Moi, et rien qu'à moi!!!" OK, je sors...
À partir de là, tout est tranquille. La montée se fait paisible, en toute softitude dans cette neige soyeuse au tassement idéal. La météo est des plus calmes, pas un pet de zef, température idéale, ni trop chaud, ni trop froid. Ambiance cotonneuse dans le couloir, j'y suis tellement confort que je m'endors presque (la nuit fût courte...)... Mais au fait, une pensée me hante subitement l'esprit tel un véritable cauchemar! Et si des skieurs débarquaient du sommet pour me casser mon couloir alors que je suis encore en pleine ascension??? Ah la la, la paranoïa... Je me fais discret du crampon pour ne pas me faire repérer, au risque d'éveiller quelques convoitises de poudre vierge... Décidément, je ne le veux que pour moi, ce bousin, sachant malgré tout que la montagne appartient à tous. Suis-je condamnable pour autant? Syndrome du skieur gâté? Cela se soigne t'il? Avez vous un remède??? :)
Au sommet, je ne me précipite pas mais ne traîne pas non plus. L'appel de la pente se fait irrésistiblement ressentir... En ce qui concerne la qualité de descente, elle sera au-delà de mes attentes. Sans être gavé de poudre froide à s'en mettre plein les naseaux, le couloir est rempli d'une neige stable et sécurisante, et c'est bien ça qu'on recherche en pente raide! Seule difficulté, la gestion des sluffs qui obligent à se décaler régulièrement tout en enchaînant les virages. 5 minutes plus tard, "mince alors", déjà en bas de la couenne... La neige est bonne alors pourquoi ne pas enchaîner avec la belle pente vierge de gauche qui vient buter sous les barres rocheuses?
Quelques conversions plus tard et après un final à pied, j'arrive au terminus de la pente. Jolie vue sur la combe Nord depuis la niche taillée sur mesure, c'est toujours aussi calme et désert dans le secteur. Mais où sont passées les hordes de skieurs? À la Jasse? Peut-être bien... En quelques grandes courbes la pente est avalée, mais la sensation de glisse persiste encore quelque part dans mon esprit et me donne ainsi envie de réitérer à l'infini... C'est ça qui est bon avec la montagne, que ce soit plaisir ou souffrance lors de nos escapades, bien souvent on reste marqué à vie!!!