Départ : Saas-Fee (Mittel Allalin) (3457 m)
Topo associé : Strahlhorn, voie normale depuis Brittania Hütte
Sommet associé : Strahlhorn (4190 m)
Orientation : NE
Dénivelé : 2710 m.
Ski : 2.2
Sortie du jeudi 16 avril 2015
Conditions nivologiques, accès & météo
Ciel d'azur et températures agréables le mercredi. Le ciel a commencé à se mâchurer dans le milieu de la matinée, un peu de neige et perte de visibilité au voisinage du sommet, mais situation à nouveau quelque peu dégagée à partir du voisinage de l'Adler Pass. Premières gouttes de pluie au pk.Etat de la route : RAS
Altitude du parking : 1810m. Il faut descendre à pied pendant une 10aine de mn jusqu'au départ de la benne de Plattjen où l'on chausse pour commencer à monter par la piste 4b
Altitude de chaussage (montée) : 1800m
Altitude de déchaussage (descente) : 1800m
Activité avalancheuse observée : une grosse coulée de fonte entre 12h et 13h dans un ravin des contreforts du Dom
Sur le domaine skiable, neige excellente sauf le départ de l'Egginerjoch très dur.
De l'Egginerjoch à Britannia, piste de chenillette toujours entretenue.
De Britannia au Hohlaubgletscher, il faut descendre 80m en biais à l'aube sur de la neige avec traces de dérapage très dures.
Sur le glacier, malgré la grande fréquentation, bonne poudre tassée, un peu revenue dans le bas l'après-midi et avec quelques vagues sur la croupe sommitale.
Skiabilité : 🙂 Bonne
Compte rendu
Avec Alex, Claire, Elise, Gabriel, Marei, Suzanne
Saas Fee - Egginerjoch - Cabane Britannia - Hohlaubgletscher - Strahlhorn A/R
Cette fois-ci, adieu Chartreuse, Belledonne, il est grand temps d'aller voir un seigneur valaisan avant qu'il ne reste plus rien de lui. Rendez-vous à Chippis : pas trop incohérent....
On reprend quelques-unes de l'équipe d'Hospental, dans notre grande bonté, on admet quelques ''petits nouveaux'' et c'est parti.
Mais au fait, on part par où pour aller à Britannia ? (hé le rédacteur du topo, faut corriger tes fautes !!). Par Saas Almagell, le côté le plus sauvage, l'itinéraire n'est pas encore sûr. Monter par les remontées mécaniques, c'est être petit joueur et les 36FS, autant les mettre dans un bon vin valaisan. Et puis, on a besoin de s'acclimater pardi (la majorité vient sans transition du niveau de la mer), pas d'être propulsés à 3000m en 2 temps 3 mouvements. Reste la solution de remonter le vaste domaine skiable : en cette saison, plus de pylones que de skieurs. Ok.
Dès le départ, avec leurs calvaires traditionnels, les suisses nous font discrètement comprendre que ce sera un chemin de croix. On avait compris ! Ce qu'ils ne feraient pas pour décourager le piéton et remplir le tiroir-caisse ! Mais finalement, à part quelques champs de bosses béton à traverser, c'est plutôt plaisant. Au-dessus de nous, à main D, un surfeur remonte plusieurs fois un impressionnant sérac et nous distrait de sauts de ouf. Pendant la pause repas, c'est la nature qui assure le spectacle : une grosse avalanche de fonte sous le Dom. Quand on arrive à l'Egginerjoch que surplombent les superbes parois rocheuses de l'Egginer, le panorama devient grandiose mais l'espace reste aménagé : une piste à chenillette dessert la Cabane et permet un accès aisé en toute circonstance. Donc nous voilà rapidement devant une bière et la vision de ce qui nous attend dans un futur proche : le Strahlhorn nous aguiche de loin, de très loin, et cette distance, on va la vivre autrement que contemplativement.
Au refuge, tout confort, je surprend des regards intrigués : comment ces 2 français, aussi beaux garçons soient-ils, ont-ils faits pour avoir 5 femmes avec eux alors que toutes les tablées de 8-12 arrivent chichement à en avoir 1, 2 au grand max et le plus souvent aucune ? Le mystère a dû les occuper une partie de la (courte) nuit.
Au petit matin, on ne put que piller Homère :
''Lorsque parut la fille du matin, l'aube aux doigts roses
le prince Gabriel* s'élança hors de son lit ;
quand il fut habillé, il mit ses skis sur l'épaule,
glissa ses pieds brillants dans de belles Dynafit
et sortit de son dortoir, on aurait dit un Immortel''
* avec ''Alex'' çà va aussi.
C'est splendide, mais pas de bon augure. Faudra pas traîner.
Après l'instant poétique devant le ciel embrasé, c'est la minute serrage de fesses pour descendre jusqu'à l'aire de chaussage sans se casser la margoulette.
Et c'est parti pour une promenade de facteur vers l'Adlerpass, un col qui a la curieuse particularité de reculer au fur et à mesure qu'on avance. Reste plus qu'à entrer en méditation avec de temps en temps un coup d'oeil à D au prestigieux Rimpfischhorn, à G au Fluchthorn (qui peut constituer une jolie course d'acclimatation ou de repli), devant soi à l'Adlerpass qui mène à Zermatt, au-dessus de soi au ciel qui se mâchure et enfin, à G du col, le sommet qui rayonne encore.
On trace à la base du col, on passe devant une superbe crevasse et on enfile une courte pente redressée (couteaux utiles) et y a ''plus qu'à'' suivre la longue croupe sommitale.
On a juste le temps d'apercevoir Cervin, Dent Blanche, etc, et tout se bouche, il neigeote même. Le ciel du matin a tenu ses promesses.
Vite un petit coucou à la croix et c'est parti pour une descente de 2400m entrecoupée par la remontée à l'Egginerjoch via la Cabane avec un soleil timidement retrouvé.
C'est la fin de l'après-midi, les pistes sont à nous tous seuls. Grisant.
Quand les premières gouttes de pluie tombent au parking, je pille cette fois L. Cohen et fredonne :
''Oh you are really such a pretty one
I see you've gone and changed your name again
And just when I climbed the whole mountainside
To wash my eyelids in the rain
so long M....''
Merci à Claire et Elise pour l'idée et l'organisation, à Aline et Irma pour leur accueil à Chippis, à Marei d'être venue de si loin, et à Alex et Gabriel d'avoir supporté une situation minoritaire sûrement traumatisante. Dommage Suzanne que tu n'ai pas pu être des nôtres jusque tout là-haut.
NB : la photo 1 devrait se situer après la 10, la 2 après la 19