Départ : Zermatt (Klein Matterhorn) (3815 m)
Topo associé : Breithorn, Normale
Sommet associé : Breithorn (4164 m)
Orientation : S
Dénivelé : 400 m.
Ski : 2.2
Sortie du dimanche 4 mai 2014
Conditions nivologiques, accès & météo
1er jour : assez beau avec le ciel parsemé de cumulus, pas de vent au sommet, puis évoluant en franchement mauvais (blizzard)
2ème jour : grand beau mais grand ventEtat de la route : sèche
Altitude du parking : bas des pistes
la pente du Breithorn, bien qu'en poudre lourde était quand même bonne à skier, on brassait pas mal de volume de neige à la descente. Pour la montée, la trace était bien marquée, donc confortable, pas de brassage. Au sommet sans les skis, on s'enfonçait jusqu'à la taille.
Altitude de chaussage (montée) : sommet téléphérique
Altitude de déchaussage (descente) : bas des pistes
Activité avalancheuse observée : ras
Lieu | Alt. | Ori. | Heure | Qté. | Type | Com. |
---|---|---|---|---|---|---|
Breithornplateau | 3800 | Soufflée | ||||
pente sommitale | S | 12h | 1 m | Transfo lourde | 1m car le batôn s'enfonçait jusqu'à la garde |
Skiabilité : 😐 Correcte
Compte rendu (par hobbes)
Avec Alain, Robocop
Breuil Cervinia - téléphérique jusqu'en haut (bouh !) - sommet
... bin pas cette fois !
Comme dit précédemment, on avait un petit problème à résoudre pour cette 3ème étape : on surveille la météo toute la semaine précédente sur Zinal, puisqu'on devait faire le Bishorn. Celle-ci annonçait semaine pas top, mais amélioration samedi et beau dimanche. Ok, tout bon. On va faire notre 2ème étape l'esprit tranquille, et quand on revient, après coup de fil au refuge, on nous dit "vous êtes sûr que vous maintenez, tout le monde a annulé, prévisions pourries, gros cumuls de neige, etc.", jusqu'à 2m nous dit-on à Monterosahütte, après avoir mené l'enquête. En bref, semaine pourrie sur le versant suisse, grosses chutes de neige, pas bon.
Bon, branle-bas de combat, sortez les cartes, trouvez-moi un 4000 vite fait (on est vendredi, la 3ème étape est prévue samedi-dimanche). Robocop nous parle de Castor et Pollux, on pense aussi au Mont-Blanc du Tacul.
On regarde le Castor en détail et on se dit que si on monte par le téléphérique jusqu'en haut (bouuuh !), on peut faire le crochet par le Breithorn (petit 4000 optionnel de secours pour l'objectif), avant de filer sur le refuge Guide Val d'Ayas, et Castor le lendemain avec le Pollux optionnel après, soit 3 4000 pour le prix d'un ! Bon plan, go.
1er jour, la météo annonçait pas génial puis s'améliorant au fil de la journée pour avoir beau dimanche. Et bien ce fut le contraire : beau, puis se dégradant au fil de la journée. Le Breithorn s'est bien passé, montée tranquille avec peu de dénivelé, pas de vent au sommet, une vue d'enfer. On voit que les sommets accrochent de plus en plus les nuages, alors il est temps de rejoindre le refuge d'Ayas, y a quand même une trotte pour l'atteindre. On entame la traversée, le temps est de plus en plus instable : un coup on est dans le brouillard, un coup dans une éclaircie, le refuge en ligne de mire. On arrive sous le bivouac Rossi e volante au niveau du Schwarztor, mais là on est dans le blizzard le plus complet : neige, visibilité = 0, vent, le club med quoi.
Qu'est-ce qu'on fait ? il n'y a que 300 m de D- pour atteindre le refuge qui est juste en dessous de nous, mais il faut contourner des barres pour l'atteindre, aucun de nous ne connaît, la trace jusque là visible a disparu. On tente le bivouac ? Vu comme il perché (!), ça ne motive pas les troupes. Y a plus qu'à faire demi-tour alors... sauf que la trace a disparu de ce côté-là aussi. Heureusement, il suffit de rester à niveau pour rejoindre le Breithornplateau. Pffff... y a de la borne en perspective ! Faut quand même pas traîner, on passe sous des pentes SW, il commence à être tard, il neige à bloc, Robocop est en train de nous lâcher physiquement. On n'y voit franchement que dalle, mais on avance inlassablement. De temps en temps, un repère (falaise) perce le brouillard, on finit par apercevoir au loin 2 silhouettes qui semblent errer sur le plateau. Après une traversée interminable, on prend pied sur le plateau sur lequel je m'attendais à y voir un peu mieux : loupé, c'est encore pire, je ne vois pas le bout de mes skis. On prend la boussole, heureusement ce n'est pas compliqué, c'est plein W pour atteindre le refuge Guide du Cervin. On finit par rejoindre les 2 silhouettes presque au niveau des pistes (Klein Matterhorn), qui nous ayant vus, nous attendaient (merci si vous nous lisez, ça fait du bien au moral quand même). Ils nous diront qu'ils avaient appelé les secours pour les prévenir qu'ils étaient égarés avant d'avoir retrouvé leur position, qu'il y avait 4 personnes en difficulté (nous), et qu'ils les rappelleraient plus tard.
Je crois qu'on n'a jamais été si content de retrouver des piquets de piste de ski. On n'a plus qu'à se laisser glisser jusqu'au refuge, dans lequel on n'avait pas encore annulé notre réservation initiale. Chouette, des lits bien douillets nous attendent. Ah bah non, le gardien ne nous voyant pas venir, n'a pas conservé nos places, et c'est complet. Après moult palabres, on a réussi a négocier les bancs de la salle à manger, il voulait nous renvoyer à un autre refuge plus bas (on est arrivé à 19h30). En voyant que tout le monde a été servi d'un bon plat de pâtes sauf nous, on a fini par aller lui demander s'il était envisageable de se restaurer. Ce qu'il a accepté.
On n'a qu'une envie, c'est de se coucher (même sur les bancs). D'habitude dans un refuge, tout le monde va au lit à 20h. D'habitude. Pas là. Bon, vous allez aller au pieu, oui ? On veut nos bancs !!
Après une nuit pourrie, on se réveille avec un grand beau dehors comme annoncé, mais gros gros vent.
Evidemment, nos plans initiaux sont aux oubliettes, alors qu'est-ce qu'on fait ? Après un bon ptit dèj' (qu'on n'a pas eu besoin de réclamer, l'attitude du gardien s'étant considérablement améliorée), on décide de monter à la Gobbe di Rollin, histoire de, et de redescendre à la voiture. Du haut de cette bosse, on voit tous les sommets alentour fumer comme des pompiers, des vaguelettes sur notre Castor vierge, donc pas de regrets de côté-là, on ne l'aurait pas sorti de toute façon.
Heureusement que le Breithorn passait dans le coin, il nous a permis de cocher notre 3ème étape (oui, parce-qu'à l'unanimité dans le groupe, on l'a validé pour l'objectif !), sinon c'était le but.
On va s'en souvenir de celle-là.
Reste le dernier gros morceau...
points de détail :
- on a mis 3h pour revenir au refuge depuis le Schwarztor, je n'ai pas eu besoin des peaux pour retracer.
- on a hésité avec le bivouac, on aurait peut-être dû, mais il nous a paru vraiment difficile à atteindre, bien que nous étions 50m plus bas. Il est perché (très) au bord d'une falaise d'une 40aine de m, et il aurait fallu brasser à mort pour l'atteindre.
- on avait 1/2h de retard sur la météo. 1/2h plus tôt sur l'horaire et on dormait tranquillement au refuge d'Ayas.
- on a commencé cette longue traversée alors que le temps devenait de plus en plus incertain, et que l'un de nous commençait à fatiguer, sans qu'il n'ait pu nous le dire. Il aurait été bien qu'il soit encordé pour le tirer-motiver, bien que Calvin était juste derrière lui à l'encourager. Je n'y ai pas pensé, j'étais concentré à la trace un peu plus loin devant.
- heureusement, c'était facile de faire demi-tour : à niveau, à flanc de pente, pas besoin de louvoyer pour trouver son chemin, pas besoin de remonter ou de descendre; quand on arrive sur le plateau, un seul cap à suivre pour atteindre le refuge.