Obscurci par les nuages (Grand Galbert)

Bien décidés à aller au seul endroit où Météo-France annonce grand beau, nous arrivons à Oulles dans un brouillard à couper au couteau. C'est bien la peine d'avoir pris mille et un risques sur cette route vertigineuse taillée à flanc de montagne pour se retrouver ainsi dans l'humide et glaciale purée de pois. Maintenant qu'on est là, il va bien falloir monter au Grand Galbert même si ses pentes exposées au soleil levant ne risquent pas de dégeler à l'ombre des nuages. 

 Nous filons vers le petit col confidentiel dont le versant nord est toujours poudreux. Effectivement une neige légère et pulvérulente est encore au rendez-vous. Nous montons par le petit sentier qui serpente dans la magnifique forêt de bouleaux bien espacés, idéale pour une descente de style canadien, on en prend bonne note pour tout à l'heure. Nous continuons la progression quand soudain et sans transition apparaît un soleil éclatant au milieu d'un ciel bleu à l'infini. À partir de là, plus jamais nous n'avons été gênés par la mer de nuages qui est restée tapie dans la vallée, pendant que là-haut le soleil accomplissait son travail de réchauffement des couches superficielles de neige complètement glacées ce matin. 

Mon cousin est en pleine forme et refuse même la friandise réparatrice que je lui propose en cours de route. Beaucoup plus haut et à un jet de pierre du sommet, il se ravise et consomme le Choco Crush qui lui permettra d'atteindre les 2561 m du sommet du Grand Galbert. La corniche là-haut est immense et inspire la plus grande prudence, c'est qu'elle surplombe la Romanche qui coule 2000 mètres plus bas. 

La descente sera promptement envoyée jusqu'au refuge communal où nous pique-niquerons. Après une large crête en neige cartonnée dure et lisse, c'est une neige légèrement transformée qui nous attend jusqu'au gite. La suite après le pique-nique est un peu plus compliquée avec des traces de randonneurs dans tous les sens. Il s'agit de ne pas y laisser un genou, et surtout pas celui d'Hélène qui est tout neuf et en rodage. 

La meilleure partie sera effectivement la belle forêt de bouleaux, les courbes y seront voluptueuses comme une mélodie lancinante de Pink Floyd avant de retrouver le brouillard juste en arrivant à la voiture Obscured by Clouds